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Par l'entremise de micro-scènes, Passer l'été nous précipite au coeur d'un été caniculaire, alors que la sécheresse et les feux de forêts font rage. Au-delà du cadre qu'offre le jardin d'une maison familiale où l'on subit, dans l'impuissance et le repli, la brûlure de cette chaleur écrasante, c'est à un mouvement à l'oeuvre beaucoup plus vaste que l'on assiste, page après page, avec les mutations profondes et inquiétantes de notre environnement.
Du personnel au social, de l'intime à l'universel, Passer l'été est un texte pressant, dans lequel il n'est question ni d'imaginaire, ni de lyrisme ou d'onirisme, mais plutôt de la force du réel meurtri, par le prisme d'une poésie du dicible, quasi documentaire, à la fois poignante et percutante, pour ce qu'elle laisse entrevoir comme avenir proche.
À l'écoute du vivant, Irène Gayraud emploie le pronom « on », à la fois personnel et impersonnel, individuel et collectif, comme dans un récit-choral qui engloberait chacun·e d'entre nous, mais également, et surtout, les mondes animal et végétal parmi lesquels nous nous trouvons.
Écopoétique, au ton direct, parfois empreint d'une forme d'ironie, il se dégage de Passer l'été, au-delà de la beauté des fins tragiques, un sens critique affûté doublé d'une douloureuse lucidité.
« Passer l’été », le solstice endormi, l’étreinte de l’été encore.
Litanie-feu, les brûlures dans l’heure pleine.
Le soleil n’a pas dit son dernier mot.
Le réchauffement climatique, miroir plombant le vivant.
Les couleurs truquées dans la nonchalance du jour.
Irène Gayraud accroche ses poèmes ardents et embrasés.
Soupirs et retenues, économiser les gestuelles.
La canicule, flux furieux et accablant.
« Voilà quatre-vingts jours que nous sommes sans pluie comme des nourrissons sans lait. »
« On nous dit qu’il faut économiser l’eau
récupérer chaque goutte.
Les gosses entendent tout ça
Ils écoutent les conversations
Ils nous voient avec les cuves
les bassines.
Par peur de la sécheresse
ils n’osent plus pleurer. »
Passer l’été, entre les mirages d’une pluie qui crée.
La mission impossible de bouger les aiguilles, pour tout changer.
Les sidérations de l’été qui dévorent les quiétudes.
Irène Gayraud est dans une posture de regards, l’indicible lucidité.
« Face à la terre mise à nu
ce qu’il ne reste plus : le temps. »
« Nous ne parlons plus du temps qu’il fait. »
Écoutez :
« Ce qu’Irène Gayraud a reussi avec cette introspection, si profonde, c’est incarner justement une voix dans laquelle nous pouvons nous fondre... »
Il est d’urgence aussi d’observer la couverture illustrée par Renaud Buénerd, un corps à corps avec ces poésies solaires, le cadran de notre monde.
Publié par les majeures Éditions La Contre Allée.
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