« Rusty, sur ma mère, si tu le dis à qui que ce soit... »
Joey ne devrait pas être inquiet. Rusty Cooper sait qu'un ami ne trahit jamais un secret.
Et Joey Banks est le meilleur ami qu'il ait jamais eu. Toutes les bêtises qu'ils ont pu faire ensemble ! Et puis, si leurs parents n'en connaissaient ne serait-ce que la moitié, ça chaufferait pour leur matricule. Du coup Rusty est content d'avoir ces tonnes de secrets à partager avec son copain. C'est ça, l'amitié...
Non oe
Jusqu'au jour où un de ces secrets devient terrible à porter : les deux garçons tuent par accident la soeur de Joey. Terrifié d'avoir à affronter un père violent, ce dernier fait jurer à Rusty de ne rien dire. Mais très vite, ce secret les mange de l'intérieur : les garçons s'éloignent l'un de l'autre, incapables de supporter ce qui les lie ; Joey sombre de plus en plus dans la délinquance ; Rusty devient morose, incapable de faire face à la vie...
jusqu'à ce que Joey tente de se suicider. C'est alors que Rusty décide de rompre le pacte et de tout raconter... par amitié.
On l'aura compris, c'est un livre sur l'amitié. Mais pas de ces belles amitiés qui bouleversent le monde et font pleurer dans les chaumières. Une amitié dure , implacable, capable de détruire l'individu. Aussi terrible que cela paraisse, la mort d'Amanda Jane n'est qu'anecdotique. Elle n'intervient qu'aux deux tiers de l'ouvrage, comme la catalyse de ce qui couvait. Dès la première page, on sent que cette amitié est des plus troubles. Elle est belle, elle est sincère, mais la personnalité des deux garçons fait qu'elle est vouée au pire. Il y a Rusty, un garçon aimé par ses parents, aux problèmes « normaux » : crise d'adolescence, soeur aînée insupportable, élève quelque peu moyen... Et il y a Joey : père violent, mère lâche et sous l'emprise de son mari, soeur aînée elle aussi insupportable (et d'ailleurs la meilleure amie de l'autre !). Ils vivent dans une petite ville quelconque, qui ne leur offre rien pour s'en sortir. Bref, tous les ingrédients sont là pour faire déraper leur histoire. Petit à petit, de façon très méticuleuse, Wendelin Van Draanen construit brique par brique le drame, comme si l'accident était inéluctable. Comme si le destin des garçons
était scellé dès la première ligne. Et le lecteur est pris à la gorge, avec l'envie d'hurler à ces deux personnages d'arrêter leur fuite en avant. Et surtout de leur faire comprendre que leur conception de l'amitié est la pire qui soit...
Une écriture implacable, une histoire inoubliable : autant d'ingrédients qui font de ce texte un livre pour la collection Macadam.
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