Ils ont éclairé 12 mois de lecture passionnée...
Et voici Tomas, dit Tomi, gaucher contrariant, tête de mule, impertinent comme dix, débrouillard comme vingt, saisi en 1944 par la déportation dans l'insouciance débridée de son âge - 14 ans. Ce Tom Sawyer juif et hongrois se retrouve dans le trou noir concentrationnaire avec toute sa famille.
Affecté à l'atelier de réparation des uniformes rayés alors qu'il ne sait pas enfiler une aiguille, Tomas y découvre le pire de l'homme et son meilleur : les doigts habiles des tailleurs, leurs mains invaincues, refermant les plaies des tissus, résistant à l'anéantissement. À leurs côtés, l'adolescent apprendra le métier.
Des confins de l'Europe centrale au sommet de la mode française, de la baraque 5 aux défilés de haute couture, Où passe l'aiguille retrace le voyage de Tomi, sa vie miraculeuse, déviée par l'histoire, sauvée par la beauté, une existence exceptionnelle inspirée d'une histoire vraie.
Ils ont éclairé 12 mois de lecture passionnée...
"Un roman riche, foisonnant, un roman où passe la vie, en ombres et en lumières"
"Où passe l’aiguille" (Flammarion) Prix des lecteurs du salon du roman historique de Levallois
Découvrez la première sélection : 30 titres parmi les romans français de la rentrée littéraire de janvier
On a déjà beaucoup écrit sur les camps de concentration mais Véronique Mougin a l'audace de reprendre le sujet et nous en apprend encore.
Le narrateur est d'abord un jeune adolescent, juif et hongrois. Il veut être plombier pour ne pas reprendre le métier de son père, tailleur et subir sa pression. Petit à petit, leurs conditions de vie se dégradent et finalement, ils seront tous emmenés dans des camps de concentration. Avec son père, Tomy va devoir souvent ruser pour s'en sortir et même se mettre à coudre. C'est ce qui va lui permettre de survivre. Une fois la guerre terminée, c'est à Paris qu'il se retrouve pour entreprendre des études plus poussées dans le domaine de la haute-couture. Il raconte son métier, sa vie mais aussi ses cauchemars.
Véronique Mougin a pu recueillir les souvenirs enfouis de son cousin Tomy.
Beaucoup d'émotions en lisant son histoire.
L'auteur rend hommage à son cousin hongrois.
Ce n'est qu'à la fin de sa vie qu'il autorise la parution du déroulement de sa vie et de son destin après avoir traversé le plus grand malheur et barbarie qu'ai connu l'humanité au siècle dernier.
Un roman qui se lit d'une traîte.
Beaucoup d'émotions lors de la lecture de ce roman et l'histoire de Tomi est restée ancrée en moi. Un réel coup de cœur ! On découvre la jeunesse de Tomi, jeune garçon juif et hongrois à l'époque du nazisme, puis sa vie dans le monde d'après guerre. Le parcours d'un jeune garçon et de sa famille et une plongée dans une époque sombre, très bien menée par l'autrice.
Lorsqu’on apprend que ce roman historique prend sa source dans une histoire bien réelle, on ne peut être que bouleversé par le destin hors du commun de Tomi, ce jeune juif qui, à l’âge de 14 ans, échappe à la mort dans le camp de Dora-Mittelbau en trichant sur son âge.
Tomi est un rebelle qui, dans son village hongrois, refusait d’apprendre le métier de tailleur avec son père et cet esprit frondeur le sauvera de bien des situations. Plongé dans l’enfer du camp de concentration, il regrettera amèrement de ne pas savoir coudre lorsque son père quittera les travaux pénibles dans le froid pour rejoindre un commando de tailleurs. Finalement, en recourant à la ruse, il intègrera un atelier de couture et apprendra à se servir d’une machine à coudre.
Son père et lui seront les seuls survivants de la famille et, après avoir retrouvé leur village passé sous le régime russe où ils ne sont pas les bienvenus, ils passeront clandestinement en France et s’installeront à Paris.
C’est là que va se jouer le destin peu commun du jeune juif qui, refusant de suivre les pas de son père qui n’habille que les hommes, choisit la haute couture et les femmes. Son talent pressenti par son patron le propulsera dans une maison de haute couture.
Ce roman qui nous fait traverser une période sombre de l’histoire à travers l’holocauste et la condition des juifs, ne tombe jamais dans le pitoyable. La raison, c’est cette force incroyable qui porte le héros, son obstination à vivre et à croire à sa bonne étoile. Sa gouaille et son culot, ses frasques et ses ruses, tout cela fait pétiller l’histoire, aussi tragique et terrible soit-elle. Cette ironie, teintée d’humour juif, permet de doser l’émotion. Mais, malgré la vie qui continue, comment se reconstruit-on après une telle tragédie ? Car, malgré sa réussite professionnelle et la fondation d’une famille, Tomi continuera à être hanté par ses fantômes et les horreurs du camp.
Des chapitres en italiques font intervenir des proches qui donnent leur point de vue sur la vie de Tomi et cette approche rythme le récit et lui donne une respiration.
Même si l’écriture se fait parfois légère pour raconter l’indicible, il y a véritablement une justesse de ton dans ce roman que j’ai lu d’une traite
Hongrie. 1944. le jeune Tomi est le fils aîné d'un maître tailleur renommé. Ce dernier essaye depuis des années d'apprendre au jeune adolescent de 14 ans la beauté de son métier.
Peine perdue, Tomi est réfractaire à tout ce qui touche à la couture.
Quand les Allemands envahissent la Hongrie, la famille est déportée. Tomi se retrouve avec son père, sa mère et son jeune frère ayant disparu dans la foule à la descente du train.
Il découvre alors l'atrocité de la vie dans le camp : « Bon ou mauvais, allié ou ennemi, bourreau, victime, homme, femme…Au camp, les catégories habituelles se dissolvent, certaines personnes débordent des cases et on peine à les classer, tant leur caractère forme un mélange opaque et sale, une boue qui t'engloutit. »
Tomi a toujours été un gamin plein de ressources. C'est sa débrouillardise qui va lui sauver la vie : il réussit à se faire affecter au raccommodage des uniformes rayés des déportés.
C'est dans cet atelier qu'il va finalement découvrir un intérêt à la couture, comprendre l'amour de son père pour le travail bien fait.
Revenu de déportation avec son père, il ne lâchera plus l'aiguille se plongeant dans le travail pour oublier pendant quelques heures l'indicible : » La vérité : quand je couds, je n'ai pas de visions. Je ne revois pas le camp, les punitions, l'appel ou pire. Je me concentre, l'aiguille passe et repasse, chaque geste mille fois répété et doucement je deviens le fil, je deviens l'aiguille, je suis le tissu piqué et l'air que je respire, le rythme de la machine et le bruit de l'atelier. »
Ayant émigré en France, toujours accompagné de son père, seul membre de sa famille désormais, Tomi va s'enflammer pour la Haute Couture et travaillera dans une grande maison : « La couture nous transforme en sculpteurs, en artistes, tu commences à le sentir maintenant, la sueur que tu lui donnes elle te la rend en joie, en reconnaissance, en argent, en fierté, elle est comme ça la couture : par nature elle grandit les petits qui la font, elle prend des métèques elle en fait des messieurs, il suffit d'y travailler dur. »
Le métier de son père, tant abhorré dans son enfance, deviendra pour Tomi un formidable outil de résilience lui permettant de se construire une nouvelle vie.
Ce formidable roman , rempli d'humanité avec tout ce qu'elle comporte à la fois de plus beau et de plus abject, m'a profondément touchée et souvent bouleversée . D'autant plus qu'il s'agit d'une histoire vraie.
Elle est très forte Véronique Mougin, très forte et très gonflée, car d’un sujet épineux, douloureux et, surtout, mille fois traité, elle ose faire un roman riche, foisonnant, un roman où passe la vie, en ombres et en lumières, et toutes les émotions chamarrées qui font la trame d’une existence.
Puisant dans la genèse de sa propre famille, elle fait résonner la voix du jeune Tomas Kiss, 15 ans, qui emprunte son ADN à l’un des cousins de l’auteure, jeune Juif Hongrois de Beregszasz où son père exerce avec talent, fierté et amour la noble profession de tailleur pour hommes.
Tomas a l’âge où l’on dit non, l’âge où l’on ne se reconnaît de rien, d’aucune autorité, ni école, ni religion et surtout pas de son père et de son fichu métier qu’il voudrait tant lui transmettre mais qui ne l’intéresse en aucun cas. Lui, son truc, c’est la plomberie, point barre. Mais, en ce printemps 1944, c’est l’Histoire elle-même qui va se charger sans ménagements de son apprentissage.
De la douleur, de la cruauté, de la faim, de la peur au quotidien, Véronique Mougin n’omet rien, mais la force, la très grande force de ce roman, celle qui fait que l’on vibre à chaque page d’une émotion sans cesse renouvelée c’est précisément la voix de Tomas, cette voix qui semble faire écho à celle d’Anne Frank en son temps, une voix où, par-delà les questions de vie et de mort, ne cessent d’ affleurer les préoccupations, les doutes, les élans d’un adolescent de 15 ans.
C’est par cette voix, par ses inflexions, le témoignage, les sensations, les émotions qu’elle partage avec nous que l’on verra se dessiner, de manière très subtile, le cheminement de Tomas de la fin de l’enfance à la maturité. C’est par elle que l’on verra évoluer de lien de Tomas au monde, aux autres et, surtout, à son père ; c’est à elle que feront écho les pensées chuchotées çà et là des autres protagonistes de qui tissent cette toile sensible de l’histoire d’un homme.
Dans ce roman qui ose bousculer l’horreur ritualisée et évoquer un après possible, on passe ainsi avec Tomas, au fil des pages, de la toile rêche, inconfortable et mal taillée de l’adolescence au soyeux chatoyant et souple du shantung sur-mesure et de l’âge adulte. Véronique Mougin, y interroge, avec subtilité et une très grande sensibilité, la notion de filiation et de transmission. C’est sobre, sans fioritures ni lourdeurs, même si le tombé impeccable ne laisse jamais oublier le poids de la matière première. C’est sans doute ce que l’on appelle l’élégance.
Si j'ai lu les 2/3 de ce roman le coeur serré, je l'ai terminé avec le sentiment d'avoir lu un roman magnifique et nécessaire comme cela avait été le cas en 2013 avec Kinderzimmer de Valentine Goby.
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Véronique Mougin s'est inspirée de l'histoire de son cousin, juif hongrois, déporté à 14 ans sous le n°55789 au camp de Dora et devenu après la guerre, second d'une prestigieuse maison de couture parisienne.
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Tomi fils de tailleur, refuse en bloc la transmission paternelle et ne se rêve que plombier. Il est en colère ce jeune garçon, révolté. Mais aussi débrouillard, doté d'un aplomb incroyable, observateur et obstiné. Toutes qualités qui l'aideront à rester en vie lorsqu'il sera déporté avec son père, allant jusqu'à prétendre savoir coudre et apprenant sur le tas avec une faculté d'adaptation qui le sauvera. Au sortir des camps, il finira par aimer ce métier l'exerçant comme un art qui le sauvera par sa beauté des douleurs enfouies au plus profond de lui-même, des deuils impossibles à faire...
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Les pages sur la vie des déportés se lisent en apnée par moments tant la cruauté et la noirceur humaine se conjuguent pour donner naissance à une abjection et une monstruosité sans nom. Tomi s'efforce de survivre minute après minute, heure après heure...
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La dernière partie qui voit l'ascension de Tomi, sa volonté sans failles d'avancer, de re-construire est passionnante, la haute-couture magnifiquement mise en mots...
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L'écriture de l'auteure est fluide, superbe et le dernier chapitre bouleversant. Un témoignage plus que nécessaire en ces temps où l'antisémitisme refait surface. A lire, à faire lire aux jeunes pour que jamais ne se reproduise l'Histoire.
• " La vie est retorse,tortueuse inextricable, elle te rend fou de chagrin, elle te remplit de joie, en vérité, c'est du fil la vie...et on ne sait jamais, jamais entends-tu, où passera l'aiguille."
J’ai abordé le livre de Véronique Mougin avec des a priori, le monde de la couture, voire de la haute couture, voilà à mon humble avis rien de bien transcendant.
Le départ de l’action se situe en Hongrie, où Tomas – Tomi – jeune garçon turbulent, se refuse à exercer le métier de son père : tailleur, plutôt maître tailleur. Mais l’horreur de la guerre va rattraper cette famille, l’éclater dans le camp d’Auschwitz-Birkenau puis de Buchenwald, de Bergen-Belsen et enfin dans le camp de concentration / extermination de Dora-Mittelbau en Allemagne…
Une grande et importante partie du roman, va démontrer, expliquer, avec une grande pudeur sans pathos mais avec les récits, des multiples tracas, de la férocité, de la « bestialité » de ses tortionnaires, les irrémédiables traumas que gardera toute sa vie Tomi…Difficile de rester insensible devant tant d’inhumanité. Mais nous savons qu’en ce domaine, l’être humain n’a guère de frontière finie…
La seconde partie, nous relate ensuite son ascension dans le monde de la haute couture ( hé oui, il suivra sa destinée ), Il habille les femmes, il les aime et trouve ainsi le moyen d’exsuder ainsi ses cauchemars.
Ce roman, « où passe l’aiguille », en dehors d’un récit de l’innommable, nous donne une forte leçon de vie, un objectif d’espoir.
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