Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
« Déjà, je me suis mis au monde tout seul. Ils étaient trois ou quatre à assister à l'événement, et ils m'ont toujours accordé une chose : c'est moi qui ai dû me taper le plus dur, vu que ma mère était, disons, hors du coup. »Né à même le sol d'un mobil-home au fin fond des Appalaches d'une jeune toxicomane et d'un père trop tôt disparu, Demon Copperhead est le digne héritier d'un célèbre personnage de Charles Dickens. De services sociaux défaillants en familles d'accueil véreuses, de tribunaux pour mineurs au cercle infernal de l'addiction, le garçon va être confronté aux pires épreuves et au mépris de la société à l'égard des plus démunis. Pourtant, à chacune des étapes de sa tragique épopée, c'est son instinct de survie qui triomphe. Demon saura-t-il devenir le héros de sa propre existence ? Comment ne pas être attendri, secoué, bouleversé par la gouaille, lucide et désespérée, de ce David Copperfield des temps modernes ? S'il raconte sans fard une Amérique ravagée par les inégalités, l'ignorance, et les opioïdes - dont les premières victimes sont les enfants -, le roman de Barbara Kingsolver lui redonne toute son humanité. L'auteur de L'Arbre aux haricots et des Yeux dans les arbres signe là un de ses romans les plus forts, couronné par le prestigieux prix Pulitzer et le Women's prize for fiction.« C'est là une magnifique démonstration de l'art de la narration. La voix de Demon sonne juste et ses péripéties aussi. » Stephen King« Un David Copperfield des Appalaches ... Demon Copperhead réimagine le roman de Dickens dans une Amérique rurale moderne confrontée à la pauvreté et à la crise des opioïdes ... Le roman de Kingsolver vous emporte avec autant de force que l'original. » The New York Times
« On m’appelle Demon Copperhead » de Barbara Kingsolver est l’histoire d’un jeune garçon qui grandit sans père puis rapidement sans mère dans une société américaine qui n’épargne pas ses enfants, avec ses services sociaux défaillants, ses fortes inégalités et l’accès facile aux opioïdes.
Ce roman est bouleversant, dérangeant, un peu long et parfois attendrissant.
Après une lecture d'une telle densité, c'est un peu un ami que je laisse en chemin. J'ai passé une semaine avec Demon et il y a bien longtemps que cela ne m'était pas arrivé.
Couronné du prix Pulitzer, ce roman est typiquement ce que l'on peut qualifier de « grand roman américain ». Un roman social qui emprunte à Dickens le thème de l'enfance malheureuse dans un Amérique gangrenée par la crise des opioïdes.
Le récit de la vie de Demon, racontée à la première personne avec la fraîcheur de l'enfance pour les premiers chapitres, happe tout de suite le lecteur. le style fleuri et non dénué d'humour de cet orphelin donne un ton foisonnant de vie malgré la noirceur de son parcours. Demon est un « cassos des mobiles homes », un pèquenaud parmi tant d'autres rednecks des Appalaches, terre oubliée aux habitants humiliés. Rien ne lui sera épargné malgré son incroyable capacité de résilience. On s'indigne, on s'exalte, on est ému.
Un roman ambitieux et remarquable qui couronne une autrice dont le talent ne faisait déjà aucun doute.
Demon « Copperhead » (Damon en réalité) est né dans les Appalaches, d’une (très) jeune mère toxicomane et d’un père prématurément disparu, qu’il n’a jamais connu. Il sont logés dans un modeste mobil-home. Leurs voisins (les Peggot) veillent très régulièrement sur le jeune garçon (jusqu’à l’emmener en vacances …) Leur petit-fils, qui vit chez eux (sa mère est en prison) surnommé « Maggot » (Matt Peggot) est son « meilleur » (et unique …) ami.
Tout irait (relativement) bien si sa mère n’avait pas eu l’idée tordue d’épouser un sale type, un dénommé Stoner, qui est venu s’installer chez eux avec son chien (Satan) pour le plus grand malheur de notre jeune héros âgé de dix ans passés … La précarité va donc faire place à une grande misère affective, physique et financière … Demon Copperhead sera confié à des familles d’accueil peu dignes de ce nom, jusqu’au drame qui va bouleverser à jamais son existence, le jour de ses onze ans …
Le titre, fait – volontairement – écho à celui du très populaire roman (du non moins célèbre écrivain Charles Dickens !) L’auteure a voulu ré-écrire – par pur défi – une nouvelle version de cette histoire « culte ». Ceci afin de mettre en exergue un des plus grands fléaux de notre époque : l’addiction à la drogue et à l’alcool – et sortir de l’oubli les victimes collatérales – généralement des enfants directement touchés ou devenus orphelins, de parents emportés par des overdoses ou des maladies fatales …
Ah ! Au fait : un « copperhead » est un serpent ! (Surnom du jeune garçon qui est rouquin …) Barbara Kingsolver a choisi de situer son intrigue dans les Appalaches, sa propre région d’origine. Un magnifique et passionnant récit, qui bouleversera le lecteur et mérite bien d’avoir été récompensé par le prix Pulitzer en 2023 ! Gros, gros coup de coeur !
En digne héritier de David Copperfield, mais avec les Appalaches en toile de fond.
Je dois concéder que j’ai eu du mal avec un certain nombre de Prix Pulitzer, mais là j’ai vite compris que celui-ci avait ce quelque chose qui fait qu’on admirera le livre autant que l’autrice. 2023 est un bon cru Pulitzer. Dans le fond ce pourrait être un conte, mais dans la forme c’est un excellent roman picaresque.
Le personnage principal est sculpté, presque affûté. Barbara Kingsolver l’a travaillé au corps et ceci dans tous les sens du terme. Demon Copperhead a une naissance aussi compliquée que celle de David Copperfield et il démarre son enfance dans un contexte parental tout aussi défavorable.
Dès sa venue sur terre, Demon doit se démerder et se frayer un chemin, sans aucune âme ni aucune main tendue pour le sortir de l’utérus de sa très jeune mère toxico ; « comme un petit boxeur tout bleu »... Le père n’en parlons même pas puisqu’il n’est déjà plus là. Pas grave il parlera pour trois, il s’emmêlera les pinceaux pour quatre, mais il agira pour dix.
L’amitié avec Matt Peggot, dit Maggot, - lui aussi fils d’une mère en taule et petit-fils de celle qui l’a sauvé à sa naissance - puis l’amour avec Dori, vont remplir sa vie, colmater les fissures de ses origines et lui permettre de vivre une vraie vie, une vie authentique, celle d’un enfant qui va se forger par lui-même.
L’écriture que l’autrice choisit est au plus près du cerveau de Demon. Les dialogues, comme les réflexions que se fait le narrateur, sont retranscrits avec ce « parlé » de la couche sociale qu’a connu Demon. Il parle comme il pense. Il pense comme son éducation le lui a permis. Parfois cela déroute mais on comprend vite que c’est volontaire afin que l’immersion soit totale.
Le lieu : les Copperheads, ce qui signifie « les vipères cuivrées ».
Le comté de Lee, dans les Appalaches, campe un magistral décor de fond que Barbara Kingsolver a su divinement exploiter. On dit parfois que le lieu et l’environnement peuvent être un personnage ; ici c’est le cas. On navigue entre « les montagnes avec leurs sommets explosés », « les rivières qui coulent noires », et bien d’autres descriptions du coin.
L’histoire : elle débute par la naissance de Demon dans un mobil-home et va très vite être suivie d’une petite enfance ballotée dans des familles d’accueil. Demon arrivera, tant bien que mal, jusqu’à cette adolescence qui le fera sortir de l’ombre.
« Otage gluant couleur de poisson, récoltant la poussière sur le carrelage en vinyle, à pousser et me tortiller comme un ver parce que je suis encore à l’intérieur de la poche où flottent les bébés: la vie avant la vraie vie. » « Tout le monde vous le dira, les enfants de ce monde sont marqués dès la sortie, tu gagnes ou tu perds. »
Oui, il est intelligent et il a des dons : le football et le dessin. Et d’ailleurs, les gens des collines aussi ont droit à leur chance. Ce n’est pas parce que la forêt, le charbon ou le tabac ne sont plus des entreprises fructueuses que ces « dégénérés de culs-terreux » doivent dépérir. Ok ! Ils ont des tares telles que l’alcool, la folie, les blessures de guerre, mais tout n’est pas si mauvais en eux que les américains des villes le prétendent.
On s’entraide entre voisins, on se serre les coudes pour traverser les drames et les périodes de disette. On est blanc et fier de l’être. Le voisinage est un personnage à part entière.
« Nous les gens de la campagne, on est nulle part. C'est un drôle d'état, être invisible. Tu peux en arriver au point où t'as besoin de faire le plus de bruit possible pour te sentir encore en vie. »
Il connaitra la drogue et tous les pièges que comportent les paradis artificiels. Les opioïdes vont régulièrement l’amener au bord du précipice. Il va passer son temps, ses années, à ne pas tomber, à se relever grâce à l’amitié dans un premier temps, puis l’amour. Oui, il y a droit lui aussi, et ce droit il se le prend ; le bonheur sera aussi pour lui.
600 pages qui emportent le lecteur. Jamais il ne se perd, toujours il fait corps avec le style et le dépaysement.
Citations :
« Le plus extraordinaire, c'est que tu peux commencer ta vie avec rien, la finir avec rien, et perdre tant de choses entre-temps. »
« On ne connaît jamais la taille de la blessure que les gens ont dans le coeur, ni ce à quoi ça peut les mener, quand l’occasion se présente. »
« Mais avec le temps, j’ai fini par n’avoir plus qu’une seule chose en tête, pour ce qui est de l’enfance. Dire à tous ceux qui ont la chance d’en avoir une : prends-la, cette merveilleuse enfance, et cours. Cache-toi. Aime-la de toutes tes forces. Parce qu’elle va te quitter pour plus jamais revenir. »
« Quand ton paternel prend la porte avant que tu fasses ton entrée, y a de fortes chances pour que tu passes une bien trop grande partie de ta vie à scruter ce grand trou noir. »
De David Copperfield à Demon Copperhead… C’est après avoir visité la maison de Charles Dickens que Barbara Kingsolver s’est décidée à écrire sur ce sujet qui la hante : la pauvreté endémique qui, combinée aux ravages des opioïdes, décime la population rurale de sa région des Appalaches, laissant sur le carreau, comme le garçon au coeur de ce roman, des ribambelles d’orphelins promis à l’enfer sur terre.
« Tout le monde vous le dira, les enfants de ce monde sont marqués dès la sortie, tu gagnes ou tu perds. » Pour Demon Copperhead, le jeune narrateur contraint « de se mettre au monde tout seul » par une mère junkie gisant inconsciente sur le sol de son mobil-home, la naissance devait en effet s’avérer la prémonition de toute une vie à se battre seul contre le sort d’un monde méprisé et incompris : celui des « rednecks » ou culs-terreux, ces Américains pauvres et blancs des zones rurales, en particulier du Sud et des Appalaches, caricaturés par l’Amérique des métropoles en dégénérés ignares, alcooliques et violemment intolérants, dans les faits abandonnés par les pouvoirs publics à l’existence invisible de laissés-pour-compte de l’Histoire.
« Tout ce qui pouvait être pris a disparu. Les montagnes avec leurs sommets explosés, les rivières qui coulent noires. » Depuis que l’exploitation forestière, la culture du tabac et l’industrie du charbon ont entamé leur déclin, laissant derrière elles chômage, absence de perspectives et pauvreté, la région des Appalaches est exsangue. « Il n’y a plus de sang à donner ici, juste des blessures de guerre. La folie. Un monde de douleur, qui attend qu’on l’achève. » Alors, au marasme socio-économique est venu s’ajouter une catastrophe sanitaire. Attirés comme des vautours par la vulnérabilité d’une population, marquée dans sa chair par des emplois souvent usants et accidentogènes, mais sans guère d’accès aux soins médicaux, les fabricants d’opioïdes ont inondé la région d’« inoffensifs » anti-douleur, usant, comme les procès récents ont commencé à le révéler, de tous les stratagèmes pour promouvoir des produits éminemment addictifs, portes d’entrée aux drogues dures. Aujourd’hui, la Virginie occidentale bat le record des morts par overdose aux Etats-Unis. Environ un enfant sur quatre doit y grandir sans ses parents détruits par les stupéfiants.
Ces gens qui sont ses voisins, Barbara Kingsolver nous fait pénétrer dans leur tête et dans leur peau. Crédible et réaliste jusque dans la langue gouailleuse oscillant entre la naïveté et la trop grande lucidité d’un jeune garçon privé d’enfance, la narration de son parcours par Demon Copperhead nous confronte de l’intérieur au rouleau compresseur de l’injustice, de la souffrance et du désespoir. Laissé orphelin par la violence et la drogue, il va devoir se battre pour tenter de se construire malgré les défaillances du système de placement familial et les pièges de l’addiction. Heureusement, entre ses mauvaises rencontres et fréquentations d’une part, ses propres béances intérieures d’autre part, il trouvera aussi sur son chemin suffisamment de personnages magnifiques de force et de générosité pour contrer les préjugés et changer le regard sur ceux que l’on présente habituellement en bloc comme un affreux ramassis d’indécrottables arriérés.
Un grand, riche et très long roman, couronné du prix Pulitzer, qui fait comprendre l’humiliation de cette Amérique-là, emmurée dans ses difficultés au point de voir en sa peau blanche le seul dernier vestige de sa fierté et, en un certain Trump, l’espoir d’être enfin compris.
Grosse claque encore une fois avec ce nouveau roman de Barbara Kingsolver, doté du prestigieux prix Pulitzer !
On est d’emblée happé par la logorrhée de ce gamin, qui n’est pas né sous une bonne étoile. Sa mère l’élève seule, comme elle peut, aidée par les généreux voisins qui lui prêtent un mobil home. Près de son ami Maggot, il grandit comme une herbe folle, connaissant les affres des familles d’accueil accompagné d’un petit nuage noir au dessus de la tête. Tout aurait pu s’arrêter au collège, s’il n’avait pas été repéré pour ses dispositions pour le foot …Mais là encore, la mauvaise fée veille et bouleverse les projets précaires que l’on avait élaboré pour lui.
L’amitié puis l’amour le guident sur ce parcours d’obstacles, qu’il franchit avec plus ou moins de bonheur. D’autant que rodent les démons des paradis artificiels, pourvoyeurs de revenus et d’extase, mais si dangereux…
C’est somptueux, par la forme et par le fonds. Les confidences incessantes de Demon nous accrochent à lui comme une bernique à un rocher. Par question de lâcher ce petit gars avant de connaître le dénouement. Et puis Barbara Kingsover dénonce les méfaits des prescriptions d’opioïdes de synthèse qui ont provoqués la mort de 300 000 personnes en vingt ans. Le discours écologique, récurrent dans’oeuvre de l’autrice, n’est pas absent de cet état des lieux.
Double moderne de David Copperfieds, que l’on aurait presque envie de relire, un héros que l’on ne peut oublier
Un grand cru de cette autrice que je vénère.
624 pages Albin Michel 31 janvier 2024
Traduction (Anglais) Martine Aubert
Barbara Kingsolver est décidément une conteuse hors pair. Elle le prouve une nouvelle fois avec « On m'appelle Demon Copperhead », Prix Pulitzer 2023, un roman qui vous happe pour ne plus vous lâcher malgré ses six cent vingt pages.
« Je me suis mis au monde tout seul » confie le narrateur né « d'une gamine de dix-huit ans […] vautrée dans sa pisse et ses cachetons ».
Le gosse grandit dans un mobil-home auprès de sa mère junkie et alcoolique qui meurt d'une overdose. De son père melungeon disparu il a hérité la peau mate, la tignasse rousse et les yeux verts.
Le comté de Lee, coin de Virginie situé dans les Appalaches, où se déroule l'histoire est un repaire de rednecks, des bouseux oubliés des gouvernements successifs.
En faisant le récit poignant d'un garçon de sa naissance à son entrée dans l'âge adulte, « On m'appelle Demon Copperhead » est un roman d'apprentissage qui, sans misérabilisme, avec une grande justesse de ton entre trivialité et poésie ainsi qu'un humour désabusé, souligne la force des déterminismes sociaux dans la construction d'une personnalité.
Mais malgré les maltraitances, les obstacles et les plongées dans la drogue, Demon, avec son intelligence, son talent pour le dessin, des rencontres providentielles et des rêves qu'il pense parfois trop grands pour lui, fera preuve de résilience pour s'extraire d'un destin tout tracé.
En transposant le « David Copperfield » de Charles Dickens à notre époque, Barbara Kingsolver fait le portrait d'une communauté de laissés-pour-compte du rêve américain qui trouve l'oubli dans les opioïdes distribués en toute légalité par le système de santé américain.
Cent mille personnes en meurent chaque année.
Glaçant !
EXTRAITS
Ce paradis pourri où tous les maux du monde avaient élu domicile.
Nous les gens des collines on était les souffre-douleurs de l'Amérique.
https://papivore.net/litterature-anglophone/critique-on-mappelle-demon-copperhead-barbara-kingsolver-albin-michel/
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