"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«Les nuits où je ne dormais pas, j'ouvrais le velux et je m'installais sur le toit, j'étais le seul dans la cité à jouir de ce privilège, passer la nuit à la belle étoile, dans le plus grand secret. Le ciel était-il le même ici qu'au Portugal, les constellations étaient-elles visibles depuis la lucarne de la prison de Peniche où mon père avait été enfermé ?»Au début des années 1970, Olivio et sa mère fuient la dictature de Salazar et entreprennent un long voyage, de Lisbonne jusqu'à Lyon. Il s'agit d'inventer une nouvelle vie, dans une nouvelle langue, sans renoncer à la mémoire restée au pays. Un difficile apprentissage qui conduira Olivio à rencontrer l'énigmatique Ahmed.Un roman sur l'adolescence, qui dit aussi l'amour d'une mère qui veut sauver son fils.
De la première à la dernière page, je me sens emportée par le récit de cet adolescent Olivio. Les mots sont simples et puissants. Chaque paragraphe porte une émotion. Il m’a fallu parfois ralentir pour contenir cette émotion. Vivre ce beau moment d’émotion touchée par le récit et les mots. Le sentiment d’être l’ami d’Olivio en partageant ses moments forts de sa vie. En tout cas, l’envie de l’être. Olivio décrit sa vie telle quelle avec ses étonnements, sa douceur, sa cruauté. Le départ du Portugal de Salazar avec sa mère, l’arrivée en France; la nouvelle vie. Mais que devient son père? Le chat Océano aide à dépasser les épreuves. L’ami Ahmed est celui qui le comprend le mieux.
On suit la vie des opposants portugais en France. Le souvenir de l’oppression reste dans la tête. » Il avait quitté le pays après avoir fait l objet d’une surveillance qui l’avait rendu fou. Il avait perdu le sommeil et imaginé que des hommes étaient postés près de son logement, près de son travail, dans les rues qu’il empruntait le matin et le soir, sur les toits et dans le tramway, il voyait des hommes de la Pide partout sur son passage »
Il y a l’apprentissage de la langue française. Vivre son temps présent en restant accroché à ce qu’on a laissé au pays natal. Cette déchirure qui donne une façon de voir les choses, d’appréhender
« J ai ouvert la porte du salon et j ai vu le canapé défait mais sans elle. Je n ai pas eu peur, j étais surpris qu’elle ait osé me laisser. Pendant quelques secondes, je me suis senti abandonné et puis c’est passé, j ai compris qu’elle était allée rejoindre Max et que sa vie recommençait, ailleurs et sans moi. »
Le croisement d’expériences entre ceux qui viennent du Portugal et ceux qui viennent d’Algérie. Oui mais de quelle côté de l’Algérie? Il y a l’Algérie de Max et l’Algérie d’Ahmed.
Et lorsque éclate la Révolution des Œillets, un chamboulement dans le cœur de ces portugais qui ont souffert de cette liberté oppressée. La tristesse de ne pas être dans le pays. Le sentiment de vivre un évènement historique. L’euphorie. Les citoyens orphelins de leur liberté voient leur rêve se réaliser: enfin la fin de la dictature. Le peuple redevient peuple. Il retrouve la souveraineté.
« Ma mère redevenait portugaise et n’avait plus comme objectif de s’intégrer, de se dissoudre dans a masse, elle revendiquait soudain ses origines et son passé. Je n’aurai pas imaginé que la révolution lui donnerait autant d’aplomb. »
Max tout comme Ahmed eux venant d’Algérie ne comprennent pas cette révolution pacifique « Max n’avait pas pu s’empêcher de faire remarquer qu’une révolution avec fleurs, il ne fallait pas rêver? Il ne supportait pas que le Portugal s’émancipe en douceur, alors que du sang avait été versé en Algérie »
Ce roman de Brigitte Giraud est très riche. Tellement de thèmes abordés avec intelligence et grande sensibilité. : le deuil, l’adolescence, la reconstruction, la dictature, la lutte pour les libertés, l’immigration, l’intégration.
lu par Th!erry
Grândola,Vila Morena
Nous sommes sous la dictature de Salazar et la police d’état, réprime toute opposition au régime. Olivio, quitte le pays avec sa mère, sans comprendre la situation et le rôle de son père qui rédige des tracts sur la table de la cuisine. Après un long périple, Luis et Lydia, réfugiés dans la banlieue lyonnaise les accueillent. Ils rencontrent Max, qui partagera leur vie mais manifestera peu d’affection à l’encontre d’Olivio.
Celui-ci trouve réconfort auprès de son chat Océano et d’Ahmed, immigré algérien de son âge.
Un roman très sensible sur l’exil, l’absence du père et les hésitations d’un adolescent.
Quel joli roman ! Mêlant habilement tendresse et nostalgie, l'auteur nous emmène dans l'enfance d'Olivio, exilé du Portugal après le décès de son père dans une prison, dans des circonstances éludées, non-dites (torture, crise d'asthme ?). Seul avec sa mère et ce petit chat apparu par hasard, il va affronter une nouvelle vie, déraciné et se lier avec Ahmed, seul à pouvoir partager son statut d'étranger, à comprendre ses difficultés. Le roman explore le thème de l'intégration mais aussi celui de l'absence du père, personnage idéalisé, moteur d'une nostalgie intense.
Un roman doux et fort à la fois, des mots justes, et une fin...que je vous laisse découvrir !
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