"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après Un salaud au salon, où un crime était commis au Salon du livre oublié de Limoges, Pierre Frémont récidive avec un nouveau polar, rural, rustique, solide, aux racines enfoncées bien profond dans le sol limousin. Les personnages ne font pas dans la dentelle. Leur univers, c'est plutôt la tenue de rando, la cueillette des champignons et les casse-croûtes arrosés d'un "buzet sans chichi". Mais attention, l'oeil ouvert sur le monde et pas leur langue dans leur poche pour dénoncer les injustices ou évoquer tous les sujets qui fâchent.
La télévision, par exemple, avec ses "divertissements" exaspérants, un ronron permettant à la lucarne à gogos de distiller sa mithridatisation libérale avec au menu : étrangers, cheminots, fonctionnaires... Une tambouille politicarde, tartinée par les chiens de garde du pouvoir, permettant à ceux qui n'ont rien à becter d'avoir, faute de mieux, des recettes de cuisine ou quelques idées pour bien voter ! Ces reality-shows, qui ne dépassent pas le niveau des latrines, horripilent Aurélien alors il a recyclé sa télé en aquarium.
Ou l'agriculture : Ici on n'est pas dans l'industrie céréalière. Malgré les primes, la PAC mène la vie dure aux paysans. Ici on ignore les pontes de la FDSEA qui finissent invariablement ministre de droite. Ici on milite à la Conf', la confédération paysanne. François aime ce mot : paysan, même si certains lui accolent une connotation péjorative. Il lui rappelle ses racines, celles de ses ancêtres même s'il n'a pas repris le flambeau. Paysan nom de Dieu, pourquoi avoir honte !
Voilà, le ton est donné !
Le premier personnage qui entre en scène, c'est Josselin. Il a loué une maison dans un lieu-dit et il aspire à de grandes balades en forêt avec sa chienne et son appareil-photo mais il se rend vite compte que les promenades dans le coin s'avèrent moins tranquilles que prévu. Une entreprise s'est installée dans une clairière et s'efforce d'éloigner d'éventuels curieux par tous les moyens possibles : arbres abattus, fil de fer barbelé, parachutages de vipères en ULM... Des pratiques qui ne plaisent pas du tout à Josselin et ses amis : Léandre, un vieux de la vieille né ici ; Aurélien, le bricoleur, dont le tube Citroën va rendre encore bien des services ; Louis, un paysan du coin ; et François, le commissaire rencontré lors de la précédente enquête mais aujourd'hui à la retraite.
Tout ce petit monde n'a pas froid aux yeux et entend faire respecter la liberté de circulation dans "leur" campagne. De quoi s'occupe-t-elle cette mystérieuse entreprise ? Qu'a-t-elle donc à cacher ? Et ces étranges va-et-vient n'auraient-ils pas un rapport avec le décès du père de Francette dans un accident resté mal expliqué ou celui d'Antoine noyé dans un ruisseau ? Sans oublier la fin encore plus atroce d'Alphonse qui ne doit pas rester impunie !
Enquêtes, repérages, avec un matériel artisanal ou hautement technologique, tout va être mis en oeuvre pour savoir ce qui se trame dans ce nid de vipères au sens propre comme au sens figuré.
On suit avec plaisir les aventures des baroudeurs limousins, dans leurs périodes d'action, comme dans leurs soirées arrosées, leurs discussions animées, leurs fiestas parfois très chaudes et on retrouve avec plaisir, ici ou là, quelques accents du regretté René Fallet dans sa truculente veine beaujolais. Des braves garçons qui aiment rire, boire et faire la fête mais qui ne supportent pas qu'on vienne leur marcher sur les pieds ! Qu'on se le dise et gare aux malfaisants !
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