"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Tous ces films regardés, toutes ces photos, tous ces albums, tous ces livres, non pas pour aller à New York un jour, mais un peu bizarrement pour ne pas y aller, pour préserver le secret d'une ville essentielle qui ne supporterait pas d'être tant soit peu violée par la réalité ».
Inventer sa vie, la rendre plus authentique et plus forte que la réalité, c'est la proposition que nous fait Philippe Delerm. Trouver dans les cartons des brocantes, sur les murs d'une chambre, dans les recoins de sa mémoire tous les trésors qui font les vrais voyages. Les tenir bien au chaud dans la main, les admirer quand on le veut. Se réjouir de vivre si fort avec si peu de choses. Les textes courts de Philippe Delerm nous enchantent. Un grand auteur classique et familier qui nous connaît mieux que nous-mêmes.
Toujours adepte du format court, « l’instantané littéraire » Philippe Delerm nous entraîne cette fois dans un voyage immobile, celui qu’il ne fera jamais, un voyage fantasmé pour une ville mythique : New-York.
Pourquoi avoir choisi la « grosse pomme » comme thème ?
« New-York vivait tranquillement en moi depuis toujours, comme le rêve d’un roman parfait alors que je préfère les textes courts, ou comme l’idée d’un livre pour qui n’en écrira pas. »
Pourtant, cette ville rêvée mais jamais abordée, il nous la décrit avec minutie, à travers d’autres regards ou bien grâce à des photos, une pochette d’album ou bien ces cartes postales envoyées par les touristes.
C’est New-York revisité, un voyage à la fois littéraire, visuel, cinématographique, sportif auxquels se rajoutent ces petits riens comme ces adresses de restaurants où l’auteur ne dînera jamais.
On se perd un peu en suivant l’auteur dans ses divagations, c’est ce qui fait le charme de ce livre. Ainsi on y apprend que New-York est la première ville juive du monde.
La ville c’est aussi l’histoire de son marathon auquel Fred Lebow a donné sa pleine mesure en lui faisant traverser les cinq « boroughs » avant de terminer à Central Park.
Après avoir évoqué Withman, écrivain considéré comme le poète de New-York, Philippe Delerm passe à Woody Allen dont les premières phrases dans « Manhattan » sont :
« Il adorait New-York, il l’idolâtrait démesurément ». L’auteur, visiblement séduit par le cinéaste originaire de Brooklyn, lui consacre plusieurs pages
« Effervescent et palpitant. Les deux mots valent pour Allen comme pour New-York »
L’auteur prend un réel plaisir à évoquer les écrivains qui ont eu une histoire personnelle avec la ville comme Truman Capote, Kerouac ou Charles Dickens.
On ne peut parler de New-York sans évoquer certaines de ses photos qui ont fait le tour du monde, photos prises par Depardon ou Vivian Maier.
C’est un aspect de la ville très personnel que nous offre Philippe Delerm, on aime ou on s’ennuie. C’est l’avantage de ce petit opus où les chapitres sont très courts, on s’attarde ou on picore rapidement, et on fait de sa lecture quelque chose de plus personnel. J’ai trouvé que c’était parfois verbeux, qu’il y manque le grain de poésie de ses précédents recueils.
Philippe Delerm fait partie de ces écrivains que j'ai toujours grand plaisir à retrouver pour partager une pause et un temps d'apaisement. C'est ce que m'a offert encore une fois ce recueil de textes, pensées, anecdotes, souvenirs, réflexions paru au Seuil.
Depuis "La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules", Philippe Delerm excelle à évoquer ces petits instantanés de vie, ceux qu'on fait machinalement, par habitude, sans s'en rendre compte. Par la douceur, la tendresse et la poésie de sa plume, l'écrivain les valorise et nous invite à y prêter attention, à les apprécier également. A les savourer même comme autant de petits bonheurs quotidiens.
Dans ce nouveau recueil, il procède de manière identique. Sauf, qu'ici, il nous parle de voyages, et d'un voyage en particulier, qu'il n'a jamais fait.
Philippe Delerm n'est jamais allé à New York. L'occasion ne s'est pas présentée. A cause de sa crainte de prendre l'avion. Parce que lorsqu'il aurait pu s'y rendre son emploi du temps ne lui l'a pas permis. Pour mille raisons et aucune en fait.
Et pourtant New York, son immensité, ses gratte-ciels, son foisonnement, son agitation, sa singularité ont toujours été présents dans la vie de l'écrivain. De près ou d'un peu plus loin. A travers des tableaux, des photographies, des ouvrages, des reportages, des documents, des objets, New York fait partie de son existence.
Et c'est tout ça que Philippe Delerm nous invite à partager dans ce "New York sans New York". Cette distance et cette promiscuité. L'impact que New York, capitale et/ou état, a dans nos vies. Son omniprésence.
Et il le fait à sa façon unique, douce et tendre à la fois, authentique et sincère. Chaque texte, chaque évocation, chaque confidence en deviennent plus précieux et nous enchantent chaque fois davantage.
Un voyage sensible et délicat que chacun d'entre nous est à même d'effectuer, guidés par les mots de Philippe Delerm.
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