Je ne lis jamais ni bande dessinée, ni roman graphique car les dessins s'imposent trop à moi et empêchent, contrairement aux mots, mon imagination de vagabonder. Mais c'est un tort et "Ne m'oublie pas" m'a montré le contraire.
J'ai été attirée et déjà touchée par la couverture où cheveux blancs...
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Je ne lis jamais ni bande dessinée, ni roman graphique car les dessins s'imposent trop à moi et empêchent, contrairement aux mots, mon imagination de vagabonder. Mais c'est un tort et "Ne m'oublie pas" m'a montré le contraire.
J'ai été attirée et déjà touchée par la couverture où cheveux blancs et cheveux bruns s'enlacent sur fond de mer infinie. Une fois le roman ouvert, j'ai été happée par l'émotion; je l'ai lu d'une traite, dans un souffle comme suspendu.
Histoire d'un road-trip, le dernier, entre une grand-mère qui souffre d'Alzheimer et sa petite fille, Clémence, qui ne peut se résoudre à la laisser seule, abandonnée, désorientée dans son EHPAD dont elle tente de s'enfuir régulièrement. Clémence enlève sa grand-mère pour la ramener dans la maison où elle a toujours vécu.
Ce road-trip, c'est une façon un peu dingue pour Clémence d'offrir quelques instants de bonheur à sa grand-mère mais c'est aussi, pour elle, une façon de se réchauffer le coeur au contact de ses souvenirs d'enfance avec sa grand-mère, une façon intime de dire adieu, la conscience que "trop tard arrive plus vite qu'on le croit".
Le myosotis, dont le nom populaire est ne m'oublie pas, est l'ultime message, le dernier cri d'amour que sa grand-mère envoie à Clémence, en un message poétique et déchirant, qui noue le coeur.
A côté des thèmes de la vieillesse, de la maladie d'Alzheimer, des EHPAD, Alix Garin aborde d'autres sujets importants comme l'homosexualité féminine, la difficulté d'être mère célibataire, les rapports mère-fille. Ils sont tous traités sans pathos, avec délicatesse et pudeur.
"Ne m'oublie pas" m'a rappelé, par certains côtés, "Les magnolias" de Florent Oiseau avec le lien entre une grand-mère qui perd la mémoire et son petit-fils; ce dernier va tenter de lui donner des moments de bonheur en l'emmenant avec lui sur les routes.
Le graphisme de cet album participe à l'émotion; les tons sont doux comme ces moments précieux qui réunissent Clémence et sa grand-mère, ponctués de dessins sans texte comme ces silences pleins de tendresse qui s'installent entre les deux femmes, l'une qui quitte doucement sa vie, l'autre qui la commence. J'ai été particulièrement émue par ces dessins qui montrent la grand-mère, seule, toute petite sur sa chaise au milieu de rien.
Magnifique et poignant roman;
Merci Bernard Dominique pour votre billet plein d'émotion; l'auteure aborde un sujet très douloureux, qui comme vous l'écrivez, touche nombre d'entre nous, avec sincérité et pudeur, apportant ainsi un peu de douceur et une certaine poésie à un évènement dramatique, qui nous fait peur pour nos proches et nous-mêmes..