Dans le sillage de : " Ne fais pas tant de bruit en sortant ", d'Alain Rouet
Derrière l'acier du casque du soldat peint par Gromaire, une voix parle, c'est celle d'un poilu puis celle des échoués des trottoirs et qui n'ont plus de nom, celle encore de la jeunesse exclue de la cité, une voix traversière qui d'une débâcle d'amour rejoint les violences et les misères de tous les temps du monde.
Les mots sont ceux de l'étincelle jaillie du court-circuit : la révolte explose, en épargne, entre les fils dénudés du câble. Des mots qui ont pris le courant, qui ont traversé le souffle des bombes, et qui ne s'accomodent pas...On dérange toujours, " quand on n'a pas sa place "...
De la guerre à la solitude, c'est le parcours d'une vie qui se dessine, celle de l'auteur, et la nôtre traversée par les chaos du monde d'aujourd'hui, le parcours actuel d'une vie, quand la vie tient à un fil :
" Le nuage aurait pu rester
Moi disparaître ".
La poésie a choisi la vie. Une poésie qui résiste et qui s'accroche :
" Hauts murs de pierre
De tes lézardes naissent les fleurs "
Une poésie qui fait vibrer la corde, d'une vibration singulière, grinçante et délicate, violente et tendre à la fois. Toute une gamme subtile d'émotions s'exprime ici, en un lyrisme discret, sans peser. Des poèmes denses, en coups de griffes, des traces et des silences : c'est une larme qui manquait à l'aquarelle, la douceur éphémère d'une caresse oubliée, sans nostalgie.
Ces poèmes sont à lire comme on goûte le miel, non pas dans le mielleux du pot qui
" ne chante plus avec les oiseaux du soir ", mais dans le bourdonnement des cadres, au seuil des piqûres des abeilles : le goût du miel " c'est dans l'instant qu'il dure "...Parole de sourcier...et de poète !
Françoise Naudin
Bibliographie : Alain Rouet a publié : Sèves (Editions Saint Germain des Prés, 1985); L'Ombre des Feuilles (Editions Saint Germain des Prés, 1986); Points du Jour (Editions Saint Germain des Prés, 1989); Symphonie Fantastique (Le Milieu du Jour, 1990); J'étais un Froid Château d'Auvergne (Encres Vives, 1993)
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