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Après avoir consacré tant de colloques à toutes les formes de «la vie de château», les Rencontres d'Archéologie et d'histoire en Périgord ne pouvaient faire l'économie de «la mort au château». Lieu de pouvoir, celui-ci obéit à un processus de ségrégation spatiale, sociale, symbolique, qui en fait le théâtre d'une dramaturgie aux multiples facettes, dont quelques-unes seront ici ressuscitées. Mourir au château, c'est d'abord, entre repentances et pénitences, se présenter nu devant Dieu. Et c'est ensuite abandonner sa dépouille aux vivants et laisser à leur discrétion funérailles, hommages et autres solennités. Rituels dont le déploiement affirme, du plus modeste repaire noble au palais du monarque, l'inscription d'une lignée dans un territoire, la force des liens entre seigneurs, vassaux et tenanciers, et l'affirmation, jusqu'à nos jours, d'une sociabilité aristocratique de la différence jusque dans la mort. Mourir en grand roi, tel Louis XIV à Versailles, ou bien en souverain d'une minuscule principauté, tel Charles III de Monaco, n'est qu'affaire de hiérarchie. Mais mourir en reine ? Peu d'entre elles, telles la princesse Fatima bint al-Ahmar à Grenade au xiie siècle ou Anne de Bretagne, deux fois reine de France, ont été honorées à l'aune de leur naissance et de leur puissance. La mort fulgurante de Marie-Thérèse d'Autriche, épouse de Louis XIV, ne lui laissa pas le temps de dicter ses dernières volontés - en avait-elle d'ailleurs d'autres que de sauver son âme ? Mourir au château n'est pas toujours mourir philosophiquement dans son lit, tel Montaigne ! La violence est à l'origine même de l'univers castral : guerres féodales des chansons de geste, vengeances familiales, emprisonnements, mouroirs sous lambris pour tant de soldats de la Grande Guerre... Que d'âmes errantes et de spectres qui nourrissent les légendes familiales et reviennent avec entêtement sur les lieux de leurs crime ou de leur martyre ! Une visite au château de Montréal à Issac résume admirablement pour les lignées qui s'y sont succédé depuis le xiie siècle, les Saint-Astier, Peyronencq, Pontbriand, du Chesne et Faubournet de Montferrand, la victoire de la chapelle sur le donjon, exaltée par la présence d'une épine de la Sainte Couronne, pieusement conservée depuis la fin de la guerre de Cent ans.
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