Pour ne rien manquer de nos coups de cœur d'avril
La mostarghia. C'est ainsi que Maya Ombasic a baptisé le mal qui a tué son père. La mostarghia, c'est la nostalgie dévorante dont cet homme a souffert depuis qu'il a dû quitter sa ville, Mostar. À ce peintre écorché à l'âme slave qui ne s'est jamais remis d'être arraché à sa terre, sa fille Maya rend ici un hommage entre tragique et burlesque, à son image.Maya a douze ans quand la guerre éclate en Yougoslavie. Pour survivre, elle et sa famille doivent fuir. Ils s'embarquent alors dans un périple tumultueux qui les fera devenir aux yeux de tous des réfugiés. C'est dans l'exil que Maya grandit. Mais comment se construire loin de son pays ? Maya Ombasic remonte le temps et signe avec Mostarghia l'autobiographie d'une femme à l'incroyable force de vie qui n'a cessé de puiser dans la littérature pour se sauver.
Pour ne rien manquer de nos coups de cœur d'avril
La liste de lecture de la rédaction pour Thomas Pesquet....
Interview-chronique de Maya Ombasic, publiée chez Flammarion
L'aspect historique du récit est très riche et passionnant : il jette également une lueur inquiétante à l'actualité de l'ex-Yougoslavie. Quand cet endroit du monde est devenu pour nous une nouvelle destination touristique à la mode, on perçoit avec appréhension que les éléments déclencheurs de ce dramatique conflit sont toujours bien présents, et qu'il ne suffisait pas reconstruire un pont pour restaurer les lien entre les communautés.
Un récit dont le volet historique m'a passionnée, de même que le parcours de cette famille dans l'exil. J'aurais aimé que le père, et surtout sa maladie, soit moins présent. Un bel hommage d'une fille à son père.
Comme la vie est étrange parfois. Je démarre la lecture de ce récit –Mostarghia- que je n’ai pas tout à fait « choisi » puisqu’il s’agit une nouvelle fois d’un cadeau de Lecteurs.com. Je lis les premières lignes et déjà je me dis que j’aime l’idée de l’utilisation de la deuxième personne du singulier qui me renvoie immanquablement à ma révélation littéraire de cette année (et qui va le rester très longtemps je pense) : Lambeaux de Charles Juliet. Or, que lis-je à la page treize ?
« Sur ma table de nuit, j’ouvre au hasard le livre d’un de mes écrivains préférés, Charles Juliet : « Ecrire, c’est arracher la lumière aux ténèbres. » Mais l’écriture est toujours venue après coup pour moi, comme pour remâcher et mieux digérer l’événement. »
Il paraît qu’il n’y a pas de hasard mais simplement des rendez-vous.
…
Malheureusement, ce rendez-vous n’aura pas tout à fait eu lieu. Je referme ce livre et n’ai pas réussi à prendre totalement la mesure de cette histoire d’exil que je viens de traverser, histoire pourtant bouleversante de prime abord mais l’écriture de Maya Ombasic ne m’a pas pénétrée. Oui, c’est bien l’écriture qui m’a trop souvent gênée, ne pouvant rester insensible à ce destin familial aussi extraordinaire que tragique et à cette relation père-fille tellement particulière et fusionnelle.
Parce qu'il est beau cet hommage que l'auteure rend à son père mort de « mostarghia », sorte de mal du pays dévorant et qui ne guérit pas, mal de son pays, de sa ville Mostar, ville cosmopolite située en Bosnie-Herzégovine. Il est beau et sincère, sans concessions aussi, empli de compréhension et d'amertume.
Ce livre est aussi le récit d'un exil incessant, exil dû aux conflits dans les Balkans au tout début des années quatre-vingt-dix : La famille émigrera en Suisse d'abord, puis au Canada avec un passage par Cuba. Un exil qu'elle ne considère non pas comme une forme de liberté qui lui aurait permis à sa famille et à elle-même de s'ouvrir sur le monde mais plutôt comme un chemin fait de douleurs, d'incompréhensions, de nostalgie. C'est du moins ce que pense son père : « Mais tu ne veux rien entendre et, pour te justifier, tu trouves cette phrase devenue légendaire pour nous : ‘l'exil, la survie, la lutte, ça use, ça gaspille l'énergie vitale.’ » (p.74)
Point de vue très intéressant d'ailleurs, car le lecteur sent bien que c'est ce déracinement qui fait en même temps « la force et la faiblesse » de l'auteure, que l'on découvre grâce à ce récit : elle raconte l'histoire de son pays, l'histoire de son père, l'histoire de sa famille mais évidemment aussi, en filigrane, elle se raconte elle-même.
Finalement, cette lecture est un rendez-vous presque manqué pour moi, à cause de la forme plus que du fond ; une émotion sans doute trop contenue, des descriptions peut-être trop factuelles et une chronologie des faits trop linéaire mais je serais curieuse d'avoir les avis d'autres lecteurs... Car je me rends compte rétrospectivement que ce livre m'a apporté vraisemblablement davantage que ce que j'aurais pu imaginer.
(Chronique qui vient de mon blog:https: //unbouquindanslapocheblog.wordpress.com/2017/07/09/mostarghia-maya-ombasic/ )
tres belle ecriture, nous fait revivre la guerre des balkans au debut des annees 1990, par le regard d'une jeune fille qui s'adresse a son papa, disparu. Tres beau roman. A conseiller.
L’odeur des arbres sucrés irriguée par l’impétueuse rivière Neretva, l’echo des bavardages qui résonnent dans les ruelles moyenâgeuses, la ville de Mostar vit heureuse blottie dans ses collines.
"On n’oublie jamais sa lumière aveuglante qui trouble les âmes sensibles ".
Pourtant ce jour d’avril 1991, les cerises noires cueillies par une enfant espiègle auront le goût amer de la fin de l’enfance, de la joie et de l’insouciance et pour son père le début d’une lente agonie.
La violente guerre des Balkans a commencé.
Un douloureux exil pour Maya et sa famille.
Maya Ombasic rend hommage à son père défunt en lui écrivant une longue lettre, où transparaît la sérénité et la promesse d’un avenir meilleur.
Des mots comme des pierres pour construire un nouveau pont, relier les liens père-fille pour clamer avec force leur attachement viscéral à ce qui était pour eux leur berceau. Leur pays.
Son père était un bohème, un poète de la lumière et un peintre des couleurs, un homme extrêmement sensible à tout ce qui l’entourait.
Sa liberté était de ne pas se définir par rapport à une religion, une ethnie ou une langue. Il ressemblait à sa terre des origines, une terre multiple, tolérante et généreuse. Une ville bâtie et des jardins semés par des peuples venant d’horizons différents mais soudés par l’amour qu’ils portent à leur territoire, à leurs monuments, au goût de la fraternité et de l’entre aide, à l’invitation de toutes les portes ouvertes des maisons de Mostar avant la guerre.
Devenu apatride, privé de ses racines et loin des rives tourmentées de l’Adriatique, le père de la narratrice veille désormais sur un autre bleu.
J’ai été touchée par la sincérité et la profondeur des sentiments filiaux qui sont admirablement écrits par l’auteure. Son insoumission aussi à ce qui peut entraver sa liberté d’être, une femme qui revendique sa religion et ses idées, parce qu’elle les partage et non parce que c’est dans l’ordre des choses ou qu’on les lui impose. Tout n’est pas déterminé, la liberté est une parcelle à conquérir chaque jour et à conserver.
Ce texte est un très beau message d’amour à une figure paternelle disparue et à un pays perdu, l’un et l’autre indissociablement liés.
J’ai aimé particulièrement le passage où Maya Ombasic emprunte les mots d’Orhan Pamuk quand il se tient sur le pont du Bosphore : « Lorsque je suis monté sur ce pont et que j’ai regardé le paysage, j’ai compris que c’était encore mieux, encore plus beau de voir les deux rives en même temps. J’ai saisi que le mieux était d’être un pont entre deux rives. S’adresser aux deux rives sans appartenir totalement à l’une ni à l’autre dévoilait le plus beau des paysages ».
Je remercie Lecteurs.com et les éditions Flammarion pour ce très beau moment de lecture et de partage.
Mostaghia, dans le récit de Maya Ombasic, c’est la mal d’un pays perdu, c’est aussi la mort d’un père dans la douleur de l’exil.
Après les camps de concentration, les bombes, à Mostar en 1992 Maya et sa famille fuient vers la Suisse. Là, comme souvent avec les réfugiés, on les prend pour des êtres inférieurs qui ne connaissent pas la vraie civilisation. Et surtout, eux qui sont communistes et athées, on leur impose quasiment une religion qu’ils n’ont jamais pratiquée. Car dans l’ex-Yougoslavie, les gens sont désormais catalogués catholiques ou musulmans et plus Serbes, Croates ou Bosniaques. Puis la famille part au Canada. Là le père se meurt de cette nostalgie pour un pays abandonné, sombre dans une dépression qui le détruit à petit feu, jusqu’à la maladie qui l’emportera.
Le récit de Maya Ombasic est très émouvant, évoquant cette guerre qu’on a presque déjà oubliée mais qui pourrait resurgir à tout moment, tant l’équilibre dans cette partie de l’Europe semble précaire.
Mostarghia, c’est un hymne à ce père qui lui a tant appris, qui a souffert de l’exil, qui en meurt là-bas au Canada. Si l’auteur a souhaité écrire dans une langue qui n’est pas la sienne pour s’imposer une distance émotionnelle, on sent les sentiments, les interrogations sur l’avenir de ce pays, la douleur de la perte, la force de la famille. C’est un récit sincère qui se lit comme un roman, pose des questions et parle d’amour, celui d’un père, celui d’une fille, celui d’un pays. De tous temps, les réfugiés ont dû partir sur les routes, l’exil n’est jamais un choix évident.
"Mostarghia" ou la nostalgie de la ville de Mostar ... l'histoire d'un gros coup de cœur !!
Maya Ombasic et sa famille fuient la guerre Yougoslave de 1992, fuyant par la même occasion leur ville de Mostar qui tombe sous les bombes et à laquelle ils sont pourtant si attachés. À partir de ce moment là, s'ensuivent l'exil, la peur, les camps de concentration, le combat pour survivre et trouver sa "place". Entre différences ethniques, religieuses et méfiance, ils vont devoir s'adapter à leur milieu, apprendre la langue de leur terre d'accueil et faire face au ravage de la nostalgie.
L'auteure s'adresse à son père, qu'elle aime tant et qui est lui même profondément atteint de Mostarghia. On ressent avec subtilité l'âme et les racines philosophiques de l'auteure, qui rend un bel hommage à son père que nous découvrons être un communiste pour qui capitalisme et religion ne font pas bon ménage, un artiste, un homme fidel à ses racines et à ses convictions, un écorché vif.
L'auteur commence par nous décrire sa ville, son pays la Bosnie Herzegovine puis nous amène vers les combats entre serbes, croates et bosniaques, là où des rancoeurs historiques qui éclatent des années après. Viennent ensuite l'exil en suisse, le retour désillusionné à Mostar, la traverse de Paris, l'arrivée au Canada où tout va changer, et le passage à Cuba, pays communiste de Fidel, que son père voit comme un deuxième Mostar. Enfin, le changement de vie et la découverte du Mostar après-guerre ...
J'ai été très sensible à la plume de l'auteure. Les mots qu'elle emploie et sa façon de s'adresser à son père m'ont profondément touchée.
Les descriptions des différents lieux où elle a séjourné sont dépeints d'une telle façon que j'avais sincèrement l'impression d'avoir un tableau de maître sous mes yeux. Est-ce la passion de son père pour la peinture qui fait ressortir cela ? Probablement. Je n'ai jamais visité Cuba et pourtant toute son âme transparait dans la description qu'en fait Maya Ombasic. Je me suis sentie ailleurs, j'ai voyagé, j'ai croqué dans les fruits de la Vallée des arbres sucrés, partagé son incompréhension d'enfant et sa maturité d'adulte. J'ai découvert des auteurs slaves, un pays, une philosophie, bref j'ai découvert tout simplement une auteure talentueuse.
Quelle culture, quelle écriture, quel talent. Bravo et un grand merci à Lecteurs.com et aux éditions Flammarion !
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