"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Printemps 2020, le décor est planté. Sous un platane majestueux, des personnages de théâtre - indéfinis - se rencontrent, se cherchent, se trouvent, s'indignent, jurent et se chamaillent parfois ou se regardent comme dans un miroir. Quentin Després jongle avec les mots, la poésie, l'humour, l'absurde. Mais le miroir est déformant et la satire n'est jamais très loin.
« Il n’y a pas d’action innocente, et agir, c’est nuire ou détruire. Dès que j’ai commencé d’agir , je suis devenu malfaisant. » Anatole France.
Apprendre à toujours se méfier ! À l’instar de Prosper Mérimée.
Tel est l’adage de ce roman crissant comme de la glace. « Mort de Peine » est serré comme un café fort. Intuitif, de plusieurs degrés, nous sommes dans une histoire plausible, contemporaine, sombre et existentielle.
Rémi de Gaulle est avocat côté ville. Ce premier roman est une mise en abîme d’un monde où pourtant tout devrait être irréprochable. Quid de la justice. Le masque tombe. Le célèbre et renommé bâtonnier Florens vient de décéder. Le narrateur, le juge Carrouge était son confident. Ils passaient du temps ensemble entre aléas des jugements et complicité. Ils se rencontraient dans un rituel où le vieil avocat mine de rien cachait bien son jeu.
Dans une lettre posthume remise par sa nièce au juge Carrouge il doit faire l’éloge funèbre. Pour se faire, il doit dépasser le protocole et contrer sa hiérarchie. De fil en aiguille il apprend qu’il doit se rendre chez le notaire car ce dernier à trois enveloppes à lui remettre de la part de Florens. Pourquoi ? Que contiennent ces lettres ? Qui était le bâtonnier Florens ?
« Mort de Peine » est une plongée psychologique, irréversible. Ce récit pointe du doigt les faux-semblants, les double-personnalités. L’arbre que cache la forêt. Trois lettres dont je ne dirai rien, mais qui doivent être lues impérativement avant l’heure de l’éloge. Ici, c’est l’escalier en spirale. Les dés sont lancés et la vérité va éclater comme un ballon de baudruche.
Le bâtonnier Florens explique ses faits et gestes, trois lettres qui bousculent l’intégrité, l’équité, le sens même de la justice. Où se situe la raison ? Quel est le sens profond d’un règlement de compte ? Le juge Carrouge rassemble l’épars. Lis et relis les missives. Ce roman trouble est judicieux. Un coup de maillet sur nos consciences.
C’est un tour de force. Subtil, éclairant, il force notre regard. Il incite le lecteur à trouver ses propres vérités. Tout acte est-il bon ? Il somme l’auditoire à l’écoute de ses propres actions. Olympien, ce quasi thriller (et pour cause ) est une sacrée réussite. On ressent les questionnements existentiels, les procès d’intention, ce qu’il faut taire au monde et garder secret.
Où se situe la rectitude ? Ce roman est un kaléidoscope sur ce que l’on croit savoir et qui s’avère faussé. La traversée d’un miroir jusqu’au profond d’une justice. Mais laquelle ?
Sommes-nous ce que nous sommes ?
Ce récit est une salle de tribunal. Les pas perdus ignorent les quêtes intérieures. Qui était le célèbre bâtonnier Florens en fin de compte ?
Les relations humaines sont à l’instar d’un jeu de cartes. On ne sait jamais où se situe et l’as de cœur et l’as de pique. Trois lettres pour atteindre la rive de la rédemption.
Brillant. Un jugement humaniste. Publié par les majeures Éditions Le Poisson Volant.
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