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Morsure (une grève)

Couverture du livre « Morsure (une grève) » de Francois Bon aux éditions Publie.net
Résumé:

La ville en grève. Une cité et ses habitants, et le hasard qui fera qu'un ado empêchera le suicide d'une jeune femme.

Souvenir de cette énorme grève de chauffeurs routiers, bloquant les entrées des villes, puis bloquant les dépôts de carburant. Et, lentement, la ville s'arrêtait. On restait... Voir plus

La ville en grève. Une cité et ses habitants, et le hasard qui fera qu'un ado empêchera le suicide d'une jeune femme.

Souvenir de cette énorme grève de chauffeurs routiers, bloquant les entrées des villes, puis bloquant les dépôts de carburant. Et, lentement, la ville s'arrêtait. On restait dans ses quartiers. La tension augmentait. On apercevait des flammes. On était à l'écoute de la radio, plus rien n'était selon la vie ordinaire.

Qu'est-ce que cette tension, mais surtout la clôture, révèle de la ville ?

L'an 2000 approchait, on parlait du grand bug, on avait si longtemps vu cette date comme symbole d'un futur inaccessible. On serait 12 auteurs de 12 pays, chacun avec un texte décrivant sa ville, dans l'approche de ce tournant. Il a fallu réviser l'idée, mais on était quand même 11 auteurs, et le livre a été publié (et donc traduit) en Australie, Norvège, Espagne, Allemagne (le livre incluait cependant les récits de l'écrivain tchèque et du hollandais). En France, c'était à l'initiative des éditions du Seuil.

Après, restait à savoir quoi dire, et qui ait sens lu en Australie ou en Norvège.

On part souvent sur une très minuscule, mais précise intuition. Pour moi, c'était ces villes fantastiques aperçues en perspective sur les toiles du XIVème siècle italien, Mantegna en particulier : qu'avons-nous fait de notre rêve de la ville ?

Les années qui ont précédé l'an 2000, pour moi c'était l'exploration des ateliers d'écriture. Le Centre de jeunes détenus de Bordeaux, les sans-abri de Nancy, mais aussi les villes de Seine Saint-Denis, la résidence de 1986 au 14ème étage de Karl-Marx à Bobigny. Dans le texte, je reconnais des rémanences venues de Bagnolet, mais aussi de Sète, pour la confrontation des immeubles et de la mer. Une traversée à pied du Havre, il y a très longtemps. J'ai toujours été attentif aux faits divers, et, de 1998 à 2003, j'avais compilé sur l'ordinateur, jour après jour, une masse de récits de société (j'ai 5 fichiers word d'environ 2500 pages petits caractères, qui renvoient d'étonnants résultats aux recherches thématiques).

Il s'agit de figures, plutôt que de personnages. Le principe formel de monologues, une voix et comment on la place à la frontière du monologue intérieur. Souvent, pour les textes, j'ai une mémoire très précise de quand et où je les ai travaillés. Celui-ci construisait une sorte de ville de toutes les villes, alors le reste s'est envolé. Je sais dans quoi il s'enracine, le récit du suicide manqué, le sans-abri qui vit dans les parkings, et cette grève des camionneurs qui bouclaient les raffineries : la ville, qui chez nous est ouverte, revenue prise dans sa clôture.

Ces figures, prises à la peau de la ville, je ne suis pas sûr qu'elles aient si changé.

FB

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