« L'Algérie m'a permis d'apprendre, la France m'a appris à entreprendre » Arezki Idjerouidene naît en 1955 dans le village d'Aifane, en Grande Kabylie. Les sept premières années de sa vie se passeront donc durant la guerre d'indépendance de l'Algérie. Sa mère décède à sa naissance. Son père est ouvrier agricole dans une exploitation coloniale près d'Alger. Petite enfance très pauvre, donc. Le petit garçon part en quête d'un peu de nourriture qui pourrait calmer sa faim. Une chèvre l'accompagne, elle est sa seule amie, elle fut sa nourrice.
Déplacé et parqué dans un camp de regroupement par l'armée française, lequel de ses gardiens aurait pu deviner que cet enfant prisonnier deviendrait un jour le patron d'un des plus importants groupes de transport international ?
Peu après l'Indépendance, son père ouvre une boulangerie à Tizi-Ouzou Arezki ne reniera jamais son village natal, bien au contraire. On peut même affirmer que ses origines extrêmement modestes sont profondément liées à tout ce qu'il entreprendra par la suite...
École au village, lycée à Tizi-Ouzou et Faculté de Droit à Alger.
Éternel perturbateur, il milite pour sa langue et sa culture, sans craindre les nuits au poste et les passages à tabac. La répression devient de plus en plus dure. A 20 ans, il quitte l'Algérie pour la France, pour mieux les rapprocher quelques années plus tard... Il découvre alors le métier d'agent de voyages et met très rapidement en place un service fret, à côté du Marché d'Aligre puis à Montreuil où, en 1983, il créé GoFast Transport, grâce à l'aide de nombreux immigrés qui lui apportent les 10 000 Francs, qu'il n'a pas, nécessaires à la constitution de la société.
L'aventure entrepreneuriale commence alors. Faciliter le transport des biens et marchandises et rapprocher, notamment les familles d'Afrique de l'Ouest et du Maghreb.
Petit à petit, l'entreprise devient un groupe diversifié dans le transport qui rachètera, en 2001, Aigle Azur, la plus ancienne compagnie aérienne privée européenne, alors moribonde, pour en faire la seconde compagnie française.
Sans jamais rien changer, en conservant sa simplicité et son attachement à la terre et surtout à sa famille, à Bettina et ses 3 garçons. Sa personnalité et sa détermination ont marqué bon nombre de personnes croisées tout au long de sa vie.
Près de quarante après, son enthousiasme n'a pas faibli pour son métier de « transporteur ».
Mais, après tant d'années d'aussi intense activité, le corps lâche. Arezki se retire au Portugal y cultiver son jardin, avec l'ultime projet d'y élever des chèvres de sa Kabylie natale.
Il décèdera en 2016 à l'âge de soixante ans. Mais la maladie lui laissera le temps et l'énergie de rédiger, avec une élégante modestie, les souvenirs d'une vie hors du commun.
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