"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lucas et son père passent une semaine de vacances isolées dans un chalet de montagne, à la demande de la mère de famille. Eux qui ne se parlent plus retrouvent au fil des jours une complicité. Un roman à deux voix, dans lequel Madeline Roth fait converser avec subtilité un adolescent et son père. Un livre de retrouvailles émouvant.
Encore un petit roman de Madeline Roth mais qui en peu de chapitres, évoque de nombreux sentiments humains.
Ici nous retrouvons Lucas qui va passer une semaine de vacances avec son père dans leur maison de montagne, la maison d'enfance paternel.
Coupé de tous les réseaux sociaux, Lucas ne sait pas comment il va survivre à cette semaine, surtout que les rapports avec son père sont froids depuis longtemps et qu'il n'y a aucun dialogue, ni de point commune entre eux.
Pourtant, chacun va apprivoiser l'autre à son rythme et c'est grandi que Lucas va sortir de cette semaine de vacances.
C'est un peu comme un rite d'initiation, le passage de l'enfant à l'homme, et on ne peut pas faire cette transition sans son père, c'est ce qui transpire de ce roman toujours aussi juste et fin, bien écrit. Décidément, je suis fan des livres de cette auteure.
De l’un à l’autre, à l’un vers l’autre.
Des chapitres courts qui courent comme s’ils se donnaient la main. C’est la première image qui se grave en moi en découvrant ce livre jeunesse.
Les ados grandissent toujours trop vite, et cet état hybride entre enfance et adulte, ne se fait pas aussi simplement que cela.
Entre David le père et Lucas l’ado, le silence a pris toute la place.
La maman est présente et complice avec son fils. Elle décide de forcer le dialogue entre les deux hommes de sa vie.
Une semaine en montagne dans le vieux chalet familial, sans eau ni électricité.
L’auteur ouvre sa narration sur une scène du quotidien qui m’a touchée et dit beaucoup.
« Je fais comme lui. Je veux dire, j’épluche les oranges comme lui. Mais ce soir, tandis qu’on est là, tous les deux, silencieux, je me demande s’il m’a appris ce geste, ou si je l’ai simplement compris en le regardant faire. »
Il y a une économie de mots entre les deux, le père est un taiseux, car l’adulte a souvent une besace à porter qui lui vient de son enfance, et la vie efface les rêves et l’adulte qui n’a plus de rêve a l’impression qu’il n’a rien à offrir aux autres. C’est un cercle vicieux.
C’est la simplicité du récit qui est bouleversant.
Lucas est sur la réserve, il pense mais ne la jamais formulé que son père « changerait d’enfant » s’il le pouvait.
Il a des idées bien arrêtées car pas encore émoussées par la vie.
« C’est pas du respect, de ne rien se dire. A force, je suis sûr que ça gangrène, tout ce qu’on ne dit pas. »
Ce court roman a une force envoûtante et terriblement humaine.
Une belle poésie se dégage de l’ensemble avec ses touches de lumière sur une mélancolie habitée finement.
C’est subtil et fort pour dire la transmission.
Pour communiquer il y a les mots mais pas seulement, chacun devrait apprendre à décoder la gestuelle car elle dit beaucoup à qui sait y être attentif.
Ce qui est intelligent de la part de Madeline Roth c’est de ne pas changer ses deux hommes, juste les faire se rencontrer.
On referme le livre l’eau au bord des yeux.
Pour ados mais aussi pour les adultes.
©Chantal Lafon
http://leslivresdejoelle.blogspot.com/2019/12/mon-pere-des-montagnes-de-madeline-roth.html
Lucas a seize ans. A la demande de sa mère, il passe une semaine de vacances avec son père, isolés dans le vieux chalet de famille à la montagne. Ils ne se parlent pratiquement plus depuis un certain temps sans pour autant être fâchés, ils se sont juste progressivement éloignés. Ils vont passer une semaine coupés du monde sans eau, sans électricité, sans réseau donc sans télé ni téléphone ni console de jeux. Lucas se demande s'il va réussir à tenir la semaine seul avec son père taiseux.
Un mur s'est insidieusement installé entre eux. Lucas a l'impression que son père ne s'intéresse pas à lui car il ne lui ressemble pas, car il n'aime pas les mêmes choses que lui. Tous deux ont des manières de vivre très différentes, le père aime le silence face à sa montagne, le fils passe des heures sur ses jeux vidéo. Lucas rêverait qu'ils retrouvent leur relation ancienne, que son père redevienne le père qu'il était pour lui lorsqu'il était petit, il aimerait tant que son père soit différent " Ça me rendait tellement en colère, je crois, que mon père ne soit pas un héros." Quant au père il voudrait dire tellement de choses à son fils mais il n'a pas les mots, dans la famille c'est sa femme qui sait trouver les mots. " Je suis sûr que ça gangrène, tout ce qu'on ne dit pas."
Un jour, pendant leur semaine de vacances, Lucas tombe par hasard sur une boîte renfermant des cartes postales d'Alaska envoyées par son père il y a vingt ans...
Dans de courts chapitres Madeline Roth donne la parole au fils et au père tour à tour. Peu à peu, Lucas et son père, isolés du monde, vont s'apprivoiser, Lucas va aller à la rencontre de son père, il va comprendre son histoire pour pouvoir écrire la sienne. Il va comprendre qu'on peut s'aimer sans forcément s'admirer, qu'on peut s'aimer sans vouloir absolument se ressembler. Ce roman jeunesse sur la relation père-fils adolescent, truffé de magnifiques phrases, est d'une beauté absolue. Un roman remarquable aussi bien pour son propos que pour sa forme.
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