Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
« Nous nous sommes tout de suite reconnues, et il était écrit que j'allais obéir à tes ordres muets. » C'est l'histoire de deux soeurs que dix-neuf années séparent. La plus jeune bouleverse par sa naissance inattendue la vie de la grande, jeune fille extravagante et tourmentée, victime des bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Devenue adulte, la petite raconte la vie de son aînée, sa joie, ses jeux délirants, sa « folie » puis son errance, entre séjours à l'hôpital et brefs retours dans la maison familiale.
Qui est donc cette « étrange soeur » ? De quel mal souffre-t-elle vraiment ? Un doute habite depuis toujours la narratrice, et l'hypothèse formulée à la mort de son aînée sonne comme une révélation et une délivrance.
Quand la narratrice vient au monde, sa sœur a 19 ans.
Une sœur bien étrange, pas comme les autres, hors de la réalité. Dérangée ?Débile ?Folle ?
Toute sa vie, elle s'occupera de cette sœur qui sera placée dans différents établissements.
Pourquoi ? Dérange-t-elle ?
Quel livre sombre et désespérant !
Quelle idée d'écrire des choses aussi tristes, avec tellement peu d'espoir.
La seule explication serait que ce soit autobiographique, et là alors, c'est encore plus pathétique.
Après vérification, c'est le cas, et alors là, c'est vraiment bouleversant.
Tout ça m'a carrément fichu le bourdon.
Même si c'est très bien écrit, ce n'est pas vraiment ce que j'ai envie de lire en ce moment, mais en solidarité avec Marie Le Gall, je ne regrette pas de l'avoir fait..
Sujet délicat, délirant, déséquilibrant, délivré par l'auteur comme une catharsis.
Quand la différence d'un être fragilise le subtil équilibre d'une famille. Entre ses propres membres, mais aussi face au regard du reste du monde. Comme une tâche trop vive dans un tableau pastel.
C'est une très belle peinture de la relation entre plusieurs femmes : les soeurs, la mère, la grand-mère. Et surtout comment la plus jeune, l'auteure, parvient à grandir, à construire son identité entre le normal admis et le différent caché.
Une réflexion plus factuelle qu'amère, de la façon dont la différence est montrée du doigt, puis finalement cachée entre 4 murs qui sont plus une prison qu'un havre, étouffée par des traitements qui ne comprennent, ni n'apaisent. Qui rendent juste plus lisse. Parce qu'il ne faut pas choquer. Il faut juste rentrer dans la norme de cette campagne bretonne d'après guerre où la fantaisie bizarre n'a pas trop sa place.
Cela m'a rappelé la délicatesse d'écriture de Marie Sizun dans le très beau roman le Père de la petite.
Alors, faut-il le lire ? Oui. Parce que l'amour d'une soeur va au-delà des différences. Et pour la Bretagne, ses embruns et ses maisons rudes en granit
Que dire si ce n'est juste woaouh.
L'auteure, ou plutôt la narratrice, nous raconte sa relation avec La soeur, sa soeur.
Son hommage à cette soeur disparue est poignant, touchant, déchirant.
On s'y retrouve, on y retrouve nos parents, nos grands parents, élevés à la dure dans la campagne bretonne.
Cette histoire fait écho à des générations et des générations de bretons.
Très très belle découverte.
Un grand merci.
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2017/05/mon-etrange-soeur-de-marie-le-gall.html
"Nous nous sommes tout de suite reconnues, et il était écrit que j'allais obéir à tes ordres muets"
Bien qu'elle ne le dise pas expressément c'est l'histoire de sa propre famille que Marie Le Gall nous raconte ici.
Marie, la narratrice est née 19 ans après celle qu'elle ne nomme jamais autrement que la Sœur. Cette Sœur est atteinte d'une étrangeté qui la rend insaisissable, enfermée dans sa prison intime, c'est une femme simple d'esprit au comportement très souvent extravagant. Ses parents ont cherché coûte que coûte une explication à ce drame évoquant tour à tour une méningite ou une erreur médicale à l'accouchement...
Marie comprend vite qu'elle est née pour réparer quelque chose, pour faire tout ce que sa sœur n'a jamais pu faire. Des premières années de sa vie alors que la Sœur vit encore en famille, Marie se souvient d'avoir été un jouet vivant pour sa Sœur, elle se souvient de son innocente brutalité qui la marquera à jamais "J'ai grandi dans ses bras, dans ses mains, sur ses genoux ou son cœur, sous son regard noir et pénétrant qui lançait des éclairs au moindre contact avec mon visage. La Sœur avait une sœur, si petite qu'on crut bien souvent qu'il s'agissait de son enfant."
C'est une bien étrange enfance auprès d'un père taciturne et distant, d'une mère et d'une grand mère au chagrin silencieux, au milieu d'une famille qui vit dans la souffrance, le silence et la solitude, Marie n'obtient jamais de réponse à ses questions ou seulement des mensonges protecteurs mais "les enfants ne croient pas aux mensonges censés les protéger "
Marie a l'impression d'avoir été investie de la mission de protéger sa famille bancale et la vie de la Sœur, elle se perçoit comme consolatrice, née pour illuminer la vie de son ainée.
Complice et admirative de sa Sœur dans les premières années de sa vie, Marie est brusquement séparée d'elle lorsque, après une bêtise de trop, la Sœur est envoyée à l'hospice ."Ici s'arrêtent les jeux, s'achève notre vie." Ce départ est vécu comme une amputation par cette petite fille de 5 ans bercée de pieux mensonges à qui il est dit que son ainée part pour guérir dans un hôpital qui soigne ou que la Sainte Vierge va la guérir.
La Sœur va ensuite passer sa vie d'établissement en établissement, multipliant les séjours en maison de retraite entrecoupés de séjours en hôpital psychiatrique au gré de ses crises. Marie vivra alors les retours à la maison de la Sœur pour les vacances comme l'arrivée d'un ouragan face auquel elle restera prostrée.
Avec ce roman très intime Marie Le Gall nous fait côtoyer la folie, les lieux qui les accueillent "les murs qui se resserrent pour mieux étouffer les êtres qui s'acharnent contre eux quand ils n'en peuvent plus de circuler en eux-même. Ils sont capitonnés, ne blessent plus, mais continuent à opposer aux corps une terrible résistance.", les êtres blessés à vie "dans les cerveaux qui se lézardent, des brèches invisibles se creusent sans fin"
Dans ce récit sans aucun pathos Marie Le Gall ne juge jamais ses parents mais n'épargne pas les soignants à une époque, les année 1970, où l'antipsychiatrie régnait.
Marie Le Gall termine son récit par un magnifique épilogue qui résume tous les doutes qui l'habitent : " Mon cœur meurtri, ma honte et mon chagrin, ma prison, mon modèle, ma douce et triste amie... Qui étais-tu ma grande petite sœur? ma seconde maman... ma maman... ma blessure, ma jumelle... ma sœur, mon amour. Ma déraison"
Je me doutais en ouvrant ce livre que le sujet serait émouvant mais j'ai été bouleversée au-delà de ce que j'imaginais. Ce livre se lit le cœur serré tellement il fait toucher du doigt la souffrance, la solitude des familles qui ont à charge un enfant handicapé. C'est un témoignage universel sur le vécu des familles qui ont un enfant différent mais aussi sur ce qu'on peut supposer de la souffrance de l'être différent.
Ce récit est un cri de souffrance et d'amour, Marie Le Gall évoque toute la palette de sentiments qu'elle a éprouvés, pitié, honte, dégout, chagrin, amour fusionnel, désir fou d'avoir une sœur "comme les autres"... et qu'elle éprouve encore. Elle fait aussi le lien avec la femme qu'elle est devenue avec ses propres fêlures.
J'ai trouvé ce témoignage humain sensible, pudique et poignant. Je ne connaissais pas Marie Le Gall et je suis tombée sous le charme de son écriture toute en finesse.
Cerise sur le gâteau pour moi, Marie Le Gall émaille le début de son récit d'expressions bretonnes qui m'ont replongée dans mon enfance !
MON ETRANGE SŒUR DE L’AUTEUR MARIE LE GALL 214 PAGES EDITIONS GRASSET JANVIER 2017
UN LIVRE EXCELLENT
Résumé :
La narratrice évoque la vie d'un personnage qu'elle nomme "la soeur", à la fois proche et inaccessible car un destin tragique l'isole du monde des êtres dits "normaux". Dix-neuf années séparent ces deux soeurs. Après une naissance difficile en juin 1936, l'aînée restera fragile. Les bombardements de la ville de Brest en 1941 marqueront à jamais cette petite fille. Ses parents tenteront en vain de la "socialiser" et les médecins de la soigner. Seule la naissance de sa petite soeur parut donner un sens à sa vie. La narratrice raconte ce que fut cette vie, l'errance de "la soeur" dans les différents hôpitaux où elle vécut jusqu'à sa mort. Elle s'interroge sur ce destin douloureux mais parfois loufoque. Sa recherche aboutit à une hypothèse, un doute qui la hante depuis toujours et ne se confirma qu'à la mort de son aînée.
Mon avis :
Un récit qui déclenche beaucoup d’émotions.
Dans cette lecture, j’ai essayé de me mettre dans la peau de ces deux sœurs si différentes. La douleur, la détresse, l’amour qui se dégagent de ce livre…
Une mère qui a eu une enfant spéciale, une sœur qui va passer la majeure partie de sa vie en psychiatrie, hospice : des endroits qui donnent froid dans le dos. Cette famille va être broyée à cause de la maladie mentale de cette femme. Elle ne vivra jamais comme tout le monde et la maisonnée non plus !
La benjamine passera son existence à épauler sa maman, sa frangine et à se sacrifier… Le courage que la narratrice puise est incroyable. Cette histoire vécue donne à réfléchir sur les valeurs de la vie. Elle est très bien écrite et donne des pincements au cœur.
Un roman à ne pas laisser de côté, je le redis, il est vraiment émouvant.
Comment ne pas aimer ces trois femmes…
Go en librairie absolument !
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