"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Son père est une ombre solitaire.
Sa maison bruisse de silences et les murs de pierre suintent le mystère... La narratrice grandit dans une atmosphère lourde de non-dits. Pourquoi celui qu'elle appelle le Menuisier est-il si lointain ? Pourquoi sa famille semble-t-elle perpétuellement en deuil ? Elle aimerait poser des questions, mais on est taiseux dans le Finistère. Livrée à ses doutes et à ses intuitions, elle écoute les murmures, rassemble les bribes, tisse patiemment une histoire. Des années lui seront nécessaires pour percer le secret de son ascendance, mesurer l'invisible fardeau dont elle a hérité. D'une plume à la fois vibrante et pudique, Marie Le Gall décrypte l'échec d'une relation père-fille et touche au coeur.
Ce roman, le deuxième que je lis de l’auteur et qui est son premier ouvrage, commence avec la mort accidentelle d’un enfant de deux ans ; le ton est donné.
Les souvenirs de sa famille évoqués par Marie Le Gall portent l’empreinte omniprésente de la mort ; l’auteur elle-même est fascinée depuis toute petite par les portraits des morts qu’elle regarde jusqu’à les voir s’animer, par le cimetière, par les morts de la famille dont on ne parle pas.
Car nous sommes dans les années 50-60, au sein d’une famille de paysans taiseux dans la rudesse du Finistère rural. Marie-Yvonne, la narratrice naît alors que son père qu’elle n’appelle que «le menuisier » a 53 ans et sa mère Louise, 45. Sa sœur, Jeanne, a 19 ans de plus qu’elle et est atteinte de désordres mentaux ; c’est pourtant d’elle qu’elle se sent la plus proche jusqu’à ce qu’elle soit internée pour le restant de ses jours lorsque l’auteur avait 5 ans. Elle a d’ailleurs écrit un texte magnifique en 2017, « Mon étrange sœur », sur ce lien si fort et si particulier qui l’unit à sa sœur.
Le silence règne dans cette famille, les non-dits empoisonnent les relations et créent une chape de plomb qui écrase cette petite fille qui ne vit qu’avec des vieux. L’atmosphère est très pesante, quelquefois irrespirable jusqu’à la fin insupportable. Ce roman est toutefois bouleversant et douloureux.
Il est fondé sur des sensations, des ressentis, des réminiscences ; ce n’est pas un livre de souvenirs linéaires, donc les évènements relatés ne sont pas chronologiques ; c’est ce qui en rend la lecture difficile ; il faut accepter de se laisser happer par l’émotion sans essayer de tout comprendre ; j’ai eu un peu de mal à le faire.
Ce roman est magnifique par l’amour de la Bretagne et du Finistère en particulier et des Bretons qu’il véhicule ; je vis à une trentaine de kilomètres de Brest et j’ai retrouvé avec plaisir les paysages, les atmosphères, les particularismes, les traditions dont certaines ont perduré jusqu’à maintenant ; je ne regrette qu’une chose, et particulièrement pour les lecteurs non bretons, c’est que tous les noms régionaux utilisés dans le roman sont expliqués dans un glossaire à la fin ; c’est une technique que je n’aime pas car, soit on interrompt sa lecture pour aller chercher l’explication et le fil est rompu, soit on veut rester immergé dans l’atmosphère de ce qu’on lit, on renonce donc à quitter sa page et on perd en compréhension ; mieux vaut les notes en bas de page.
Un roman qui relate la relation de l'auteur avec son père : le menuisier qu'elle n'appelera jamais Papa
Un sujet bien difficile qui nous indique les relations prents/enfants dans la campagne bretonne, les choses cachées, les non-dits, les relations avec les hommes, la mort, sa soeur Jeanne
Un témoignage bouleversant, pudique, réel dans lequel on se retrouve, du moins dans lequel je me retrouve, mon enfance, mes grands parents, les choses non dites....
autobiographie d'une enfance bretonne taiseuse où les morts de la famille prennent toute la place
Quelle étrange relation entre ce père "Le Menuisier" et sa plus jeune fille. Est-ce l'écart d'âge (plus de 50 ans) ou les difficultés liées à cette fille aînée, Jeanne, prise de crises de folie? Y-a-til d'autres secrets de famille qui rendent le père si taciturne, si absent? Il n'arrive pas à communiquer avec sa fille. Elle en a peur et refuse les plus petites opportunités de l'entendre.
L'atmosphère de ce livre est lourde et sinistre. L'auteur est obnubilée par la mort, par "ces encadrés", ces portraits de membres de la famille décédés jeunes ou tragiquement. La proximité du cimetière et l'ambiance bretonne avec l'évocation des "amaons" (âmes des trépassés) ajoutent une dimension morbide au récit .
Par contre, j'ai apprécié la nostalgie de la vie dans les petits villages et des habitudes des années soixante (landi, chocorêve, messe de minuit, le formica...).
L'auteur sait conserver l'intérêt du lecteur car Marie continue à chercher ce qui rend sa famille si ténébreuse. Elle va déterrer tous les secrets de famille mais elle et sa famille ne seront en paix tant qu'elle n'aura pas libéré une âme qui les tourmente.
Le style est sobre et pudique, la progression du livre est lente mais l'intérêt du lecteur est maintenu jusqu'à l'évocation du terrible secret familial.
La narratrice replonge dans son enfance bretonne, auprès de sa sœur atteinte de folie, de sa mère, de sa grand-mère et de son père, dit le Menuisier. Une famille entourée de silences et de non-dits, qui semble perpétuellement en deuil. Marie, qui grandit au fil des pages, cherche à percer le mystère qui entoure la famille du Menuisier.
Je ne sais pas pourquoi ce livre s’affiche, dès la couverture, comme un roman. Ce n’en est pas un, puisque la narratrice s’appelle Marie Le Gall et qu’elle cite précisément les noms et les lieux de sa vie. Il s’agit d’une introspection. J’espère qu’elle aura été salvatrice pour son auteur, car pour le lecteur, c’est une souffrance. (Blague : c’est « La Peine du Lecteur », et non du Menuisier, que ce texte aurait du s’appeler. Oups, pardon).
Elevée dans le non-dit, la narratrice peine à exprimer autre chose. D’aucuns diraient pudeur, je choisis ennui. La quête est longue, plate, et presque vaine alors qu’on s’attendait, à force, à quelque chose de puissant. On imaginait même le pire, le plus glauque ou le plus atroce, pour justifier tant de retenue et de difficulté à accoucher du secret. Il n’en est rien.
Je suis restée déçue. Tout ça pour ça. C’est un premier roman, et on peut croire que Marie Le Gall aura des talents d’écrivain ensuite, maintenant qu’elle s’est affranchie de sa propre histoire, car la plume est bien là.
Enfin, le livre est parsemé de termes bretons ou brestois, regroupés et traduits dans le glossaire en fin d’ouvrage. Il nous faut donc sans cesse jongler entre plusieurs pages. Quand je vous disais « La Peine du Lecteur »…
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !