"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« On lirait dans les êtres comme dans le flanc éraflé des montagnes, si on savait.»C'est une histoire intime, la jeunesse lumineuse de deux soeurs nées dans les années 1970 ; et puis la tragédie obscurcit tout.C'est une promenade sur les sentiers de la vie d'une femme, traversés par l'époque, les rêves et ces chagrins inconsolables qui nous font pourtant grandir.Récit à la beauté vibrante, Mistral perdu recueille les traces des événements personnels et collectifs qui nous percutent à jamais.Un texte d'une douceur déchirante et pourtant apaisante. Raphaëlle Leyris, Le Monde des livres.Un récit bouleversant, touché par des moments de grâce. Mohammed Aïssaoui, Le Figaro littéraire.
Je viens de terminer Mistral perdu en larmes. Un petit livre qui ne paie pas de mine, pas très épais, que j’ai acheté après avoir lu une critique de Ptitgateau que je remercie au passage mais une véritable claque littéraire. Une écriture forte et poétique, bouleversante aussi pour raconter deux sœurs fusionnelles qui ont tout partagé jusqu’à ce que la mort les sépare…
Je n’ai pas perdu ma sœur, je n’ai jamais eu de sœur d’ailleurs mais ce livre parle de moi quand même. J’ai vu défiler mon enfance dans un village de l’Est de la France, dans les années 70. Je me suis souvenue des départs en vacances vers la Costa Brava, dans la R5 familiale, ma mère au volant, moi sur la banquette arrière devenue lit improvisé. Pas de ceinture de sécurité et sous mes couvertures les bouteilles d’alcool et les cartouches de cigarettes achetées illégalement au Perthus. J’ai revu mes copains d’école, les cabanes dans les champs, les pattes d’eph, les boums, les 45 tours, l’insouciance de l’enfance. Comme dans le livre, je suis née dans une famille de gauche où l’on a fêté le 10 mai 81 comme si la victoire de François Mitterrand était la nôtre et comme les deux sœurs j’ai aimé passionnément le chanteur aux cheveux jaunes qui chantaient la banlieue en même temps que sa haine des bourgeois et de la société. Sur une page, quelques mots évoquent Slimane, le héros d’une de ses chansons. Encore une claque ! J’avais oublié Deuxième génération que je chantais à tue-tête adolescente ! Un petit tour sur Youtube et les paroles me sont revenues naturellement aux lèvres. Comment ai-je pu oublier mon hymne de l’époque ? C’est le temps qui passe et qui fait des trous dans notre mémoire. Et pourtant que d’évènements inoubliables je viens de revivre : les manifs contre la loi Devaquet, la mort de Malik Oussékine, la mode des jeans neige et des sweats chauve-souris, la main de Touche pas à mon pote, les baladeurs, etc.
Après nos grands-parents qui avaient combattu les Allemands, nos parents qui ont trouvé la plage sous les pavés, ma génération a été en mal de causes à défendre, on nous a appelés la bof génération. Et pourtant…Les années 80 n’étaient pas que les années fric, il y avait des convictions, des rêves, des espoirs.
Au rythme des élections, des victoires, de la cohabitation, de la dissolution, du terrible 21 avril, Isabelle Monnin m’a fait revivre ce temps où la politique me passionnait, où j’étais de gauche et j’aimais les hommes et les femmes de gauche. J’ai pris un vrai coup de jeune en lisant ces lignes. J’ai appelé Soraya, ma copine de toujours, la sœur que je n’ai pas eue. Celle qui a partagé mes rires, mes chagrins, les boums, les bals de village, les secrets, les délires, qui a chanté Renaud, Cabrel, Goldman avec moi.
J’ai grandi, j’ai eu des amours, une fille. Le monde a changé. Les politiques aussi. Sarkozy et son karcher, et sa victoire fêtée au Fouquet’s. L’espoir incarné par Hollande. La désillusion. Et en vrac, les attentats du 11 septembre, Charlie Hebdo, le Bataclan. La victoire du néo-monarque.
J’ai pris un coup de vieux aussi. Parce que j’ai plus de 50 piges, parce qu’être de gauche ça ne veut plus rien dire, que l’antiracisme de ma jeunesse est désormais qualifié d’angélisme, que les Le Pen se reproduisent comme du chiendent, que Renaud embrasse des flics et soutient Macron, que je ne me reconnais pas dans les combats d’aujourd’hui, que je ne sais pas quel bulletin mettre dans l’urne dans quelques semaines, parce que la nostalgie c’est pour les vieux cons et que je suis, de fait, une vieille conne, parce que tout fout le camp ma p’tite dame…
Alors j’ai pleuré sur les mistrals perdus, sur les évènements qui traversent ou bouleversent une vie, sur cette sœur disparue qui n’est pas la mienne mais qu’Isabelle Monnin a su me faire aimer.
Encore merci à Ptitgateau qui m’a fait connaître ce livre. Merci à Soraya d’avoir été là et d’être là encore, depuis les bancs de la maternelle. Merci à Isabelle Monnin d’être elles, elle et nous.
Bonjour , Isabelle Monnin nous raconte son enfance entourée des siens , une famille heureuse , une famille joyeuse ou sa soeur a une grande place dans le coeur d'Isabelle :"Nous sommes deux et ça nous suffit pour exister, notre deux est une île ou les autres n'entrent pas, ou l'on fait comme on veut . Notre deux est une maison ou elle m'attend toujours et je l'attends sans cesse". On aime la chaleur de ses mots si bien choisis . On aime les cris de joie quand tout va bien au sein de la famille . On aime la rébellion face à l'injustice du monde . On souffre avec elle et on compatit à la perte de l'être cher . Merci à Isabelle Monnin pour nous avoir fait partager l'amour de sa famille
[ ...et emporte avec lui les rires des enfants ]
Tous les fantômes de mon enfance et de mon adolescence réunis dans un seul livre. Tous mes renoncements, mes résignations et mes interrogations d’adulte aussi.
J’ai dégusté chaque page, lu à haute voix certains passages, recopié des paragraphes entiers.
Il y a l’enfance et l’adolescence:
Ça sent la campagne, les soirées télé « Champs Elysées », la Renault 5, les gauloises sans filtres, les samedis matin de collège. Le plaisir inégalé d’acheter un 33 tours, le bonheur d’enregistrer une cassette.
L’époque où l’on était hardos, new wave, ou punk. D’un côté santiags de l’autre Doc Martens.
Les accidents mortels en sortie de boîte de nuit, ceux où l’on a perdu des amis, ceux où l’on aurait pu mourir.
Les discussions politiques sans fin quand les choses étaient simples et claires, la gauche, la droite et les monstres. Les engagements, les combats contre le racisme, contre la faim dans le monde.
Bande son Thiefaine, Lavilliers, Reggiani, Ferrat, Noir Désir, Barbara, et Renaud.
Il y a 2 sœurs.
Puis vint la chute du mur, le sida, les compact discs, Internet, le premier boulot, le 21 avril, le massacre des Tutsis, le 11 septembre, les certitudes qui s’effondrent, Sarkozy, Zyed et Bouna, les bobos, l’argent qui corrompt tout, Charlie Hebdo, les enfants, Renaud désormais plus alcoolo que rebelle...
Mais il n’y a plus qu’une sœur.
En mêlant une histoire personnelle, celle de deux sœurs très proches, et le cours de notre histoire collective ces 30 dernières années, Isabelle Monnin m’a terrassé.
Ce livre est un bijou de mélancolie, de grâce et de sensibilité.
Doux et amer comme nos vies.
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