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Isabelle Monnin

Isabelle Monnin

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  • Parole de libraire s'arrête à Bordeaux

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  • Parole de libraire s'arrête à Bordeaux
    Parole de libraire s'arrête à Bordeaux

    Emilie est libraire à la librairie Mollat, véritable institution bordelaise. Elle nous fait part de ses trois coups de coeur : Les évaporés de Thomas B. Reverdy Daffodil Silver d'Isabelle Monnin Clichy de Vincent Jolit Trois romans de cette rentrée littéraire 2013 à ne pas manquer. [[video]]

Avis sur cet auteur (65)

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    Couverture du livre « Les gens dans l'enveloppe » de Isabelle Monnin et Alex Beaupain aux éditions Le Livre De Poche

    gabala sur Les gens dans l'enveloppe de Isabelle Monnin - Alex Beaupain

    Isabelle Monnin conjugue deux talents. Auteure, elle est aussi enquêtrice. Les deux se complètent par moments. A d’autres, ils s’ajoutent.

    Avec « les gens dans l’enveloppe », les deux faces sont distinguées en deux parties. La première repose sur l’imagination avec la création de...
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    Isabelle Monnin conjugue deux talents. Auteure, elle est aussi enquêtrice. Les deux se complètent par moments. A d’autres, ils s’ajoutent.

    Avec « les gens dans l’enveloppe », les deux faces sont distinguées en deux parties. La première repose sur l’imagination avec la création de personnages à partir de photos trouvées dans une enveloppe. La deuxième est une enquête à la recherche des vraies personnes identifiées à partir des photos. Les clochers y jouent un rôle important.

    Ces deux parties sont telles un miroir l’une de l’autre. Parfois l’impression tirée de la photo se juxtapose presque avec la réalité, parfois elle diffère du ressenti initial.

    Ce livre a deux mérites essentiels : d’une part, il recrée des liens perdus ou distendus entre membres d’une même famille et d’autre part il va instiller chez l’auteure l’idée d’enquêter sur sa propre grand-mère. Cette quête annonce en filigrane son dernier livre, l’excellent « Odette Froyard en trois façons ».

    Très original, ce livre hybride est porté par la plume d’Isabelle Monnin, toujours dans l’empathie et à l’écoute des émotions. Toujours à fleur de peau, la narratrice pénètre dans l’enveloppe des gens. Au travers de l’histoire de trois générations de femmes empoisonnées par les non-dits, elle arrive à donner un récit intime et doux.

    Beauté, délicatesse, finesse notamment participent à un arc en ciel de portraits émouvants ; Isabelle Monnin confirme qu’elle est une grande exploratrice de la connexion des êtres
    .
    Je recommande.

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    Couverture du livre « Odette Froyard en trois façons » de Isabelle Monnin aux éditions Gallimard

    MAPATOU sur Odette Froyard en trois façons de Isabelle Monnin

    Enfant, je n’ai eu de cesse d’interroger mes deux grand-mères sur leurs vies. J’étais très curieuse du temps d’avant.

    C’est ce qui m’a incitée à lire ce livre dans lequel Isabelle Monnin essaie de retracer la vie de sa grand-mère paternelle, Odette Froyard.

    Une destinée apparemment sans...
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    Enfant, je n’ai eu de cesse d’interroger mes deux grand-mères sur leurs vies. J’étais très curieuse du temps d’avant.

    C’est ce qui m’a incitée à lire ce livre dans lequel Isabelle Monnin essaie de retracer la vie de sa grand-mère paternelle, Odette Froyard.

    Une destinée apparemment sans histoire pour une femme effacée derrière son mari, une mère dévouée à ses enfants, une femme de devoir : » Elle était dans le labeur, toujours dans l’ombre de notre père. Préparer à manger, laver, repasser, faire le ménage, les courses, elle n’arrêtait pas. Elle était une sorte, euh, comment dire, oui c’est un peu raide, mais disons une sorte de domestique. C’est elle qui faisait tourner la maison, elle était à son service, très effacée, soumise et effacée. »

    Même avec ses petits-enfants, Odette ne partagera pas ses pensée ni ses sentiments. Ce que découvrira sa petite-fille Isabelle, c’est la profonde blessure d’amour qu’elle a gardé au fond de son coeur toute sa vie, se réfugiant dans sa vie intérieure.

    L’autrice dresse un tableau édifiant de sa famille, de l’époque ( à partir de 1914), de la condition féminine.

    Si j’en ai trouvé la lecture intéressante, je suis toutefois restée un peu en dehors de l’histoire.

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    Couverture du livre « Odette Froyard en trois façons » de Isabelle Monnin aux éditions Gallimard

    Spitfire89 sur Odette Froyard en trois façons de Isabelle Monnin

    Un roman biographique, Isabelle Monnin convoque le souvenir d’Odette Froyard, sa grand-mère, une femme ordinaire, effacée, chez laquelle on déjeunait en famille le dimanche. Une grand-mère décédé depuis 30 ans dont elle ne connait presque rien que l'autrice ressent la nécessité d'écrire pendant...
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    Un roman biographique, Isabelle Monnin convoque le souvenir d’Odette Froyard, sa grand-mère, une femme ordinaire, effacée, chez laquelle on déjeunait en famille le dimanche. Une grand-mère décédé depuis 30 ans dont elle ne connait presque rien que l'autrice ressent la nécessité d'écrire pendant le confinement. Un portrait émouvant, délicat, un personnage familier pour le lecteur, bonne fille, bonne épouse, bonne mère. Une plume côtoyant souvenirs, enquête, fiction, imagination, dans construction où personnages réel et fictif se complètent l'un l'autre.
    Attachant et poétique, ce livre est un hommage à une grand-mère adorée mais aussi une ode à toutes les femmes.

    "Chaque famille est un mensonge.
    Par pudeur lâcheté aveuglement, on cache les nœuds, on ne dit pas ce qui compte et on ne raconte que la surface des anecdotes, ad libitum pour couvrir les vacarmes enfouis. Chaque famille est un mensonge qui se transmet de vie en vie, de siècle en siècle. Mais dans les doubles fonds des anecdotes se glissent les non-dits."

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    Couverture du livre « Odette Froyard en trois façons » de Isabelle Monnin aux éditions Gallimard

    clesbibliofeel sur Odette Froyard en trois façons de Isabelle Monnin

    Que cache la vie minuscule d’Odette Froyard, entièrement rassemblée au départ dans les quelques souvenirs d’une femme sans histoire, invisible et rendue depuis bien longtemps au silence et à l’oubli ? Comment penser que sa petite fille, Isabelle Monnin peut partir d’un tel sujet et en faire un...
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    Que cache la vie minuscule d’Odette Froyard, entièrement rassemblée au départ dans les quelques souvenirs d’une femme sans histoire, invisible et rendue depuis bien longtemps au silence et à l’oubli ? Comment penser que sa petite fille, Isabelle Monnin peut partir d’un tel sujet et en faire un roman passionnant de près de 300 pages ? En plein confinement covid, une époque si étrange qu’accorder les agendas semblait compliqué alors qu’ils étaient « globalement vides », elle trouve une bonne raison de combattre sa dépression en réfléchissant à l’invisibilité de sa grand-mère. Femme de presque cinquante ans, les enfants sur le départ, une carrière bien entamée, elle a de plus en plus conscience que son propre effacement se rapproche...

    Le titre du roman annonce le plan, une construction particulièrement originale puisque cette femme va être mise en lumière dans trois parties de nature très différentes et pourtant complémentaires. Un triptyque abouti, servi par une écriture maîtrisée, limpide, se jouant de l’aridité des méandres familiaux. J’ai a-do-ré !!!

    Première partie au titre mystérieux « La phréatique des souvenirs ». On a une idée de la richesse de l’écriture avec cet emprunt à la géologie. La phréatique c'est le monde souterrain - au cours d'une éruption volcanique, est phréatique ce qui est causé par le réchauffement et l'expansion des eaux souterraines. Odette Froyard est morte depuis plus de trente ans quand Isabelle Monnin entreprend de visiter le monde souterrain des morts où a disparu sa grand-mère. Elle entend la symphonie des silences, fait parler une vieille photo indiquant une date, 1933, où Odette était la reine du jour, pimpante sur un char lors d’une fête de village. Cette longue partie quasi philosophique se termine « Au lac des Oubliés » qui s’est formé après un terrible orage. La narratrice, dans un songe, s’immerge dans ce lac peuplé de tous les morts des générations successives, croise sous la surface la foule des oubliés, va jusqu’au fond « tapissé d’objets ayant appartenu à l’humanité disparue ». Elle suit alors en songe sa grand-mère, mais celle-ci a la bouche cousue par un fil doré. Ce passage est tellement bien écrit qu’il en est envoûtant, sorte de voyage dans un monde apaisé réunissant les débris des oubliés, sans hiérarchie divine ni peuple maudit, où tout est conservé sauf la parole.

    Deuxième partie, « Le chantier de fouilles ». L’autrice se rappelle d’une grand-mère du verbe : préparer, servir, ranger… Surtout ne pas de faire remarquer. Elle disait souvent : « on n’en parle plus... » Pas d’adjectifs – jamais – ils auraient pu dévoiler les sentiments. Alors elle parcourt les sites généalogiques, visite les archives, enquête sur les frères et sœurs, interroge les enfants et petits-enfants, collectionnant les pièces du puzzle qui vont permettre de composer la fiction de la troisième partie. Quel brio : le style permet de suivre ces fouilles généalogiques comme s’il s’agissait d’une enquête policière.

    Troisième partie, « Le roman d’Odette ». Voici l’explosion du verbe, cette irruption de la fiction comme une synthèse entre le projet de mémoire et l’enquête, réunissant les indices récoltés patiemment. Superbe ! « La fiction n’est pas fausse, tous les romans savent cela. Elle ouvre un passage vers la réalité que le réel tente d’occulter. »

    Isabelle Monnin réussit à nous faire voyager dans la vie de sa grand-mère, distinguant les éléments connus et ce qu’elle imagine, terminant par une fiction de haute volée. On vit au rythme de la ville de Gray en Haute-Saône pendant la Première Guerre mondiale. On découvre Odette pensionnaire d’un mystérieux orphelinat franc-maçon dans les années 1930. On imagine ses amours contrariées pendant la guerre. Traversée du siècle passant par les camps de la mort à Auschwitz et explorant la part sensible, romanesque de toute existence.

    Son écriture est parfaite de clarté, d’images, de poésie. Elle se fait archéologue des petites gens : « Le premier lieu de fouilles était un site de généalogie. C’était une autre sorte de lac où la mémoire de toute une humanité était conservée. » Elle rend hommage à ceux qui conservent les traces du passé : « Thanatopracteurs des papiers, ils prennent soin de nos traces comme des embaumeurs. » Elle passe des heures « à bêcher des yeux les listes de noms ».

    Je comprends seulement maintenant ce qui m’a tellement attiré et fasciné dans cette lecture. J’ai moi- même une mystérieuse grand-mère paternelle recueillie par l’assistance publique et dont on ne savait rien, pas même sa date de naissance. Mes recherches généalogiques sont restées longtemps infructueuses jusqu’à retrouver par chance, via un notaire proche de la famille, le dossier complet de l’assistance publique, où tout avait été consigné. La généalogie permettant alors de reconstituer une grand partie de son histoire oubliée. Plaisir de plonger dans ce lac de mémoire, de redonner une existence à celle qui en avait eu une à la marge. A lire absolument !