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Mélodie en sous-bois et dans les limbes.
Etait-ce Marina Uzun ou plutôt Tarina la narratrice, qui m’a entrainé avec elle dans cette danse avec les arbres, la nature et son amour coruscant ? Jamais je ne le saurai vraiment, et en fait je n’ai pas besoin d’une certitude puisque j’ai passé un temps long à rêver, à m’éblouir à ses côtés.
Plus facile à lire que les poèmes, plus onirique que les romans, ce livre m’a touché par sa mélodie. Oui, j’ai eu cette impression de danser aux côtés du beau, du doux.
Malgré le fait que les sujets abordés par l’autrice n’aient rien de limpide, de défini, elle prend son lecteur par le bras, le fait se promener dans la nature, dans la vie terrienne, tout en dansant. La musique de fond devient vite une évidence car elle est omniprésente. Elle mène le jeu. Une mélodie traverse le livre de part en part. Que ce soit les strophes empruntes d’un réalisme adouci ou les refrains répandant la beauté de la nature et du sentiment amoureux, tout est musique. Et cette musique donne au livre un rythme adapté au sentiment même de l’amour et de la passion. Passion pour un homme comme pour un arbre.
Les regards de la narratrice sont tantôt tournés vers une scène de vie ordinaire, tantôt vers une projection éveillée, réveillée par le finesse de ses sens. Son amour pour les arbres autant que pour celui d’un homme émanant d’une Ville-Monde, sont envoutants. Parfois le réalisme la frôle et elle palpe toute la fragilité de son amoureux, de son amour. Parfois elle tatillonne dans la pénombre et le doute. Puis tout scintille à nouveau dans le regard de celui qui aperçoit cette lumière.
Les illustrations d’art moderne ainsi que les photos d’une nature inhabituelle, sied à cette langueur, à cet imaginaire qui s’installent à chaque fois que l’on reprend le livre en main. Les photos d’arbres sont tout particulièrement sérénisantes, belles à regarder.
Pour le reste ce livre ne se raconte pas, il se découvre, il entre en vous et y laisse un sentiment de rêve éveillé. La nature qu’il présente est plus éblouissante que tout ce que le plus fanatique des écologistes pourrait dépeindre. Et, cerise sur le gâteau, l’autrice ne déprime pas face à une projection de catastrophisme ; elle regarde la nature et en goûte l’instant présent. Pour l’amour également, elle use du meilleur angle pour en parler de façon à nous faire rêver avec elle.
Citations :
« Près du kiosque à bouquins, le tapis vert est vaste, il y a de la place encore. À vos plumes, auteurs ! Au cahier inachevé ! Au grimoire en mouvement ! »
« Combien de bouquets illisibles que le soleil a oubliés, com-bien d’écrits incompréhensibles que le temps n’a pas épargnés ! Et combien de lunes invisibles que le monde ignore à jamais, combien d’heures de séparation que le cantique aura vaincues ! Ô métrique aimée de la poussière, de la pollution atmosphé-rique ! »
« La vérité est toujours liquide qu’elle soit dans le vin ou dans les larmes, dans le sperme ou dans les règles.
Dans mon coeur ne s’enflamme plus le prunellier des forces nouvelles. Mon amour duquel je ne peux plus rien dire, est aussi fatigué que mon âme, que mon sommier, que mes rêves.
Moi, la pétulante, la pommette, maintenant je suis simple une femme empochée. »
« Tu causes avec un fin ruisseau aux reflets vermeils, frangé de galets, à la japonaise. Tu me réapprends la beauté de ces choses minuscules que j’ai désapprise au nom du bon ton, des « dépêche-toi ! » …Vive ta lenteur talentueuse qui me ressus-cite ! »
« Toi, mon amour promis, je veux que dans ton âme, il fasse un soleil clément, qu’à l’ombre d’un dattier tu sois désaltéré, que sur ses ramées hautes tu montes pour me voir, comme d’un belvédère, ta reine apprivoisée. Je danse avec ma plume, avec mon coeur battant, pour mon serin rêvé, pour mon amour, j’os-cille, confinée au château, dans mon jardin taillé, dans ma cour intérieure, au bord de mon étang… »
« Mon mari nounours né pour les mamours ! Me trouver un amant, ce n’est pas mon genre. Je l’aurais déjà expérimenté ! Je crains de décrépir cependant je n’ai pas peur de mourir idiote ! »
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