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Le voyage impaisible de Pauline, écrit par Maryna Uzun qui crée un néologisme original, a été publié en 2014. L’autrice étant d’origine ukrainienne, il est impossible de lire sans penser au drame que vivent les Ukrainiens, cette terrible guerre menée par la Russie de Poutine contre un pays n’aspirant qu’à vivre en paix.
Pauline, l’héroïne du roman, est née à Karkhov et a grandi dans la deuxième ville d’Ukraine située à 413 kilomètres de Kiev. L’agglomération compte plus d’un million d’habitants. Si les Français l’appelaient Charcovie au XIXe siècle, elle fut, un peu plus tard, de 1917 à 1934, capitale de la République socialiste soviétique d’Ukraine. Anna et Anatoli, les parents de Pauline parlent russe car dans cette grande ville martyrisée durant la seconde guerre mondiale, l’influence de la langue russe est importante. D’ailleurs, si le russe est utilisé dans la vie courante, l’ukrainien reste la langue officielle.
Hélas, à cause de cette guerre qui fait honte à la civilisation européenne d’aujourd’hui, Karkhov a été partiellement détruite par l’artillerie russe, cette année.
L’histoire mise en scène par Maryna Uzun se passe donc quelques années avant ce drame qui dure encore. Pauline rêve de devenir danseuse. Après quelques années de formation à la danse classique dans sa ville, elle veut partir pour Paris où elle va tenter un concours pour intégrer une école de danse.
Si elle sait que sa candidature est un échec, Pauline rêve de danse contemporaine. C’est alors que, square Lamartine, elle rencontre par hasard, Tom (Thomas) qui a dix ans de plus qu’elle, alors qu’elle n’a que vingt ans. Si je me doute de l’idylle qui s’amorce, l’inquiétude revient vite car le visa touristique de Pauline ne dure que trente jours. Elle doit retourner en Ukraine avec une seule idée : revenir à Paris et épouser Tom. Il faut dire qu’ils ont fait l’amour, Tom notant d’ailleurs que, pour lui, c’est la première fois qu’il a des relations sexuelles avec une vierge.
Pour pouvoir revenir dans les bras de Tom qui veut bien du mariage pour lui permettre un retour en France, il lui faut un visa. Après le certificat de célibat, elle doit faire le pied de grue à l’ambassade de France, à Kiev.
Démoralisée par les heures d’attente, elle est prête à renoncer quand un homme portant un badge s’approche et déclare : « L’administration, la bêtise au front du taureau ! ». Pauline réagit aussitôt et s’écrie : Baudelaire !
Cette culture littéraire de notre jeune ukrainienne est son meilleur passeport pour la France car l’employé du service culturel, Augustin Beaulieu, est efficace. Sans en dire plus, je peux seulement laisser sous-entendre que ce personnage reviendra un peu plus tard…
L’aventure parisienne de Pauline et Tom se poursuit dans le Cantal, à Yolet où Tom est embauché comme directeur artistique d’un projet culturel ambitieux. Pauline fait bien sûr partie de l’équipe car ses talents de danseuse séduisent le public. Dans la troupe, une certaine Pia a un rôle non négligeable.
Tiraillée entre son pays d’origine par l’intermédiaire d’une mère assez envahissante, et la France, Pauline tente de trouver son équilibre.
Maryna Uzun mène son roman de manière très classique avec une écriture qui ne m’emballe pas. Par contre, l’autrice me fait découvrir son pays d’origine par de petites notes très intéressantes.
Au fil des pages, j’espère un événement surprenant, un rebondissement inattendu, voire dramatique. Quand cela arrive enfin, le style de Maryna Uzun reste très classique.
L’amour est fort dans Le voyage impaisible de Pauline, plus fort que tout et c’est bien l’essentiel ! Je remercie Maryna Uzun qui m’a permis de découvrir un de ses romans faisant partie d’une production littéraire déjà conséquente.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Recalée au concours de danse du Conservatoire de Paris qui lui a fait entreprendre le coûteux voyage depuis sa ville de Kharkov, en Ukraine, la jeune Pauline concrétise pourtant un autre rêve, plus secret celui-là, lorsque le hasard la met sur le chemin de Tom, intermittent du spectacle, et que leur coup de foudre suivi d’un mariage express lui ouvre définitivement les portes de la France, ce pays qu’elle idéalise. Une vie de bohème heureuse commence pour le jeune couple, qui n’en a toutefois pas fini avec les coups du sort, cette fois implacablement dramatiques.
Sous ses dehors de romance légère qui narre les faits sans s’y appesantir, comme l’on regarderait à travers une vitre le défilement d’une vie, ce récit rédigé au passé, sur un ton globalement enjoué et comme détaché, prend une toute autre saveur quand une des épigraphes du livre, « Je n’ai pas fait un autoportrait, j’ai photographié mon ombre », et quelques proximités troublantes entre le parcours de Pauline et celui de l’auteur, viennent jeter un doute tenace dans l’esprit du lecteur : jusqu’à quel point l’ombre de Maryna, en couverture, se confond-elle avec celle de son personnage ?
Dès lors, les imperfections-mêmes du récit, il est vrai à première vue sans profondeur véritable, finissent par rendre plus touchante la narration sobrement contenue dans une sorte de prudente mise à distance. L’émotion est bien là, à se laisser deviner. Ou plutôt, elle ne transparaît que désormais tenue en laisse, dans un parcours marqué par la résilience, caractéristique de tant de ces vies slaves habituées à bannir l’auto-apitoiement dans les épreuves auxquelles elles ont à faire face depuis des générations.
C'est ainsi qu'en quelque sorte note de fond du roman, l’émotion se retrouve presque masquée par la note de tête légère et fraîche d’un récit plein de vivacité, piqué des mille observations d’une jeune femme qui découvre avec sensibilité les différences culturelles entre la France et l’Ukraine, confrontant ses rêves à la réalité, s’appliquant à l’apprentissage d’une langue dont elle connaît alors mieux les citations de grands écrivains que les expressions quotidiennes, le tout avec une spontanéité pleine de poésie et de bonne humeur qui font tout le charme d’une écriture parfois joliment décalée, émaillée de petites inexactitudes involontaires comme de trouvailles judicieusement imagées.
L’on referme alors ce livre sur une note de coeur, pris d’affection pour la sincérité simple et courageuse d’un récit que l’on aurait tort de réduire à une simple romance un peu superficielle.
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