"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Que se passe-t-il sur une scène d'attentat ? Peu de gens le comprennent, peu le savent, beaucoup imaginent. D'autres fantasment... Et certains rapportent de fausses informations. Ce que j'ai vécu, en tant que médecin-chef du RAID est mon quotidien. Nous sommes formés pour Servir sans faillir . Alors pourquoi m'exprimer ? Je le fais surtout pour les blessés dont la plupart ne savent pas comment ils s'en sont sortis.
Face à la menace, qu'elle provienne d'armes de guerre ou d'explosifs, tout secours improvisé est d'autant plus inefficace qu'il peut entraîner la mort du secouriste. C'est la règle du métier : on ne peut soigner un blessé alors qu'un tireur est susceptible de nous prendre pour cible. J'ai considéré qu'il fallait avoir le courage de dire la vérité et d'expliquer ce que nous vivons. »
Je viens de refermer définitivement « Médecin du RAID : Vivre en état d'urgence » écrit par Matthieu Langlois et Frédéric Ploquin. Je dois dire que j'ai beaucoup aimé et j'en ressors conquise.
J'ai entamé ce livre pour deux raisons : parce qu'un proche me l'a fortement conseillé et, après avoir lu « le souffleur : dans l'ombre des négociateurs du RAID » de Christophe Baroche, je souhaitais, cette fois-ci, en apprendre davantage sur le travail accompli par les docteurs de cette unité d'élite.
Avec l'aide du journaliste d'investigation, Matthieu Langlois, médecin-chef de cette force d'intervention de la Police nationale depuis 2007, décrit très précisément son intervention au Bataclan la nuit du 13 novembre 2015 mais aussi son rôle en général et la manière dont cela s'organise.
Cet anesthésiste-réanimateur dans le civil, a été un des premiers urgentistes, si ce n'est le premier, à entrer dans la salle de spectacle, suite à l'attentat meurtrier qui venait de la toucher.
Il relate quasiment heure par heure ce qu'il s'est réellement passé en cette nuit tragique.
Il détaille presque chirurgicalement ce qu'il a vu, entendu, entrepris, réussi, manqué, partagé, vécu et subi.
Avec simplicité et une grande clarté, il nous explique comment ses confrères et lui-même exercent la médecine en situation de crise et de danger extrême telles que le sont les scènes de prise d'otages ou d'attentats surtout si elles ne sont pas figées.
Au-delà de l'assistance médicale, il nous éclaire sur la partie psychologique de son métier.
On comprend parfaitement pourquoi sa mission est aussi d'assurer le soutien opérationnel au profit des équipes qui l'entourent. de leur garantir sa présence en cas de blessures éventuelles.
C'est un témoignage fort, dur et très réaliste sans voyeurisme.
L'écriture est intense, plaisante et se lit facilement.
Ce récit est l'oeuvre d'un homme pudique, digne qui s'exprime en songeant toujours aux victimes et à leurs familles.
Il l'a publié également pour répondre aux polémiques nées quelques temps après, pour que toutes les leçons en soient tirées.
Je pense, en outre, que le fait de coucher sur papier cette horrible expérience, lui a permis de développer sa capacité de résilience.
A la lecture de certains passages, en essayant de m'imaginer l'instant, j'admets avoir eu la « chair de poule » et je me demande encore comment les protagonistes, victimes ou aidants, ont pu encaisser de telles atrocités.
L'instinct de survie est, à mon sens, résumé à travers ces quelques mots, phrases ou pages.
J'ai apprécié le fait que l'auteur revienne, par intermittence, sur d'autres interventions auxquelles il a participé (Mohammed Merah à Toulouse, couple de policiers tué à son domicile dans les Yvelines) ou encore qu'il raconte des anecdotes personnelles. Cette lecture en a était que plus passionnante.
Bouquin extrêmement instructif sur la façon dont le « médical » fonctionne dans ce corps « Recherche Assistance Intervention Dissuasion ».
On saisit avec justesse les rapports et l'amitié qui unissent ces hommes, qu'ils soient « docs », opérateurs, négociateurs, tireurs d'élite. Leur besoin de servir avant tout est impressionnant.
A lire inévitablement !
Après avoir tourné ces 200 pages avec avidité, j'affirme que les reproches qui leur ont été faits, après ce drame, sont abjects et me révulsent.
A l'attention de ceux qui les ont critiqués : Allez-y à leur place !
Deux seuls mots me viennent à l'esprit pour dépeindre ces hommes courageux que je respecte profondément : Bravo et Merci !
Une fois n’est pas coutume, je chronique un livre qui n’est pas un polar. Hasard du calendrier, ma lecture de Médecin du Raid : Vivre en état d'urgence de Frédéric Ploquin et Matthieu Langlois s’est faite la veille de la commémoration de cet outrageant attentant du 13 Novembre.
Que dire ? Parler des frissons qui m’ont parcouru ? Non. Surfer sur le sensationnalisme en aucun cas, d’autres l’ont déjà fait et ce n’est pas le genre de la maison. Vous donner envie de lire le témoignage digne et franc d'un homme pudique qui rend compte du courage des hommes du RAID, de leur sang-froid et de leur professionnalisme ? Oui sans hésiter.
Les quelques heures d’horreur de l’intervention au Bataclan sont le fil rouge de ce livre qui alterne avec les réflexions de l'auteur sur des faits passés, toujours violents, où le sang-froid et l’organisation requièrent des qualités humaines hors normes. Ce témoignage est poignant. Celui d’un homme en noir, qui s’appuie sur une équipe à la solidarité hors-norme. Au-delà de l’homme, ce qui ressort de ce livre est la fraternité d’une famille qui est en première ligne lors de chaque intervention et l’abnégation dont elle fait preuve.
C’est bourré d’humilité, direct. L’écriture est fluide, minutée. Langlois rend compte de ce qu’il a vécu durant ces moments extra-ordinaires (au sens premier du terme). Les décisions prises et le poids de leurs conséquences. Matthieu Langlois retrace également l’histoire de l’intégration des médecins dans ces équipes d’intervention, les prérequis à la sélection, la solidarité qui s’en suit. C’est sans aucune concession qu’il pose son regard sur les actes qu’il a entrepris, réussis ou manqués avec un unique objectif sauver des vies, celles des victimes mais aussi des opérateurs du RAID. En situation de crise, il faut savoir s’adapter et avoir une confiance sans faille dans le professionnalisme de l’autre. Le danger requiert préparation et adaptation. L’humilité coule des pages, tous les acteurs, de la chaine de commandement aux opérateurs, savent que rien n’est gravé dans le marbre, qu’outre une préparation physique hors norme, un sang-froid de tous les instants est nécessaire. Son job, réfléchir au dispositif médical à mettre en place, procéder à l’évacuation des blessés et à postériori, savoir s'améliorer après en analysant l'intervention.
Exit la légèreté, ce témoignage est vibrant et je ne peux qu’avoir en fermant ce livre qu’une pensée pour les victimes et qu’un hommage appuyé à ces hommes de l’ombre.
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