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Bertrand Schefer, qui est aussi cinéaste, a longtemps travaillé sur le scénario d'un film dans lequel il voulait raconter l'histoire d'un cher ami d'enfance qui s'était peu à peu coupé du monde et vivait en marge de la société, errant sans domicile fixe et sans travail. Son destin hantait Bertrand Schefer et sa figure grandissait en lui avec les années, absorbant ses forces. Il vivait avec ce qui était devenu comme un double obscur, une part d'ombre qui le dévorait de remord et de culpabilité. Grâce au cinéma il espérait en finir avec ce fantôme et se libérer du passé.
Le film n'a pas pu se faire, mais de cet échec est sorti un texte, ce récit d'un homme hanté par un double dont la figure et les choix de vie radicaux ont fixé à jamais l'époque de la jeunesse. Entre le temps de l'éloignement et celui du retour, le narrateur retrace sous la forme d'un rapport factuel, comme pour donner de la réalité à sa mémoire trouée, l'histoire réelle et fantasmée d'une amitié fondatrice.
Martin est une petite pastille d'émotion mélancolique où le fantôme d'un vivant hante la vie du narrateur,.
Martin a accompagné l'enfance puis l'adolescence de, on peut le supposer, Bertrand Schefer. Voisins, amis, camarades de classe, ils ne se sont guère quitter durant une quinzaine d'années, partageant loisirs et découvertes. Cette amitié, aucunement sexuelle, s'est arrêtée avec l'âge adulte. Les routes ont divergé avec le passage aux études supérieures.
Martin va pourtant hanter la vie de Bertrand.
Martin a quelque chose d'Arthur Rimbaud mais sans sa production littéraire. Il semble zoner, poursuivant un idéal un peu anarcho révolutionnaire. Les deux hommes se croisent parfois au fil des années.
Martin survit, sdf illuminé, sombrant dans une solitude à rendre fou. Les lieux déserts mais aussi les asiles psychiatriques marquent autant l'homme que son physique. A chaque nouvelle rencontre, le délabrement s'accentue. Pour Bertrand, et quelques autres connaissances, l'impuissance à aider Martin commencent à les hanter, mélange de culpabilité et de pitié.
Martin devient donc au fil des années la figure fantomatique d'une chute inéluctable, l'innocence déchue d'un passé de plus en plus morcelé, le héros de productions cinématographiques où la sincérité n'a pourtant aucun effet pour apaiser le remord.
Martin devient de pages en pages le témoin d'un passé qui s'estompe.
Martin est un petit roman délicat et fragile qui séduit surtout par ce qu'il laisse deviner.
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