"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
C'est sans entrain que Suzanne, avec mari et enfants, pose ses valises pour quelques semaines de vacances dans la maison de sa belle-famille, en Sardaigne. En tombant amoureuse de l'héritier Signorelli, Suzanne a voulu laisser derrière elle une enfance ordinaire passée dans le sud de la France. Mais la plage privatisée de la côte sarde ne lui fait désormais guère plus envie que celle de Palavas-les-Flots où elle s'est tant ennuyée. Et le vague sentiment de dégoût que lui inspirent ces derniers temps les Signorelli prend une ampleur nouvelle quand, d'un secret à l'autre révélé, elle mesure combien ils contribuent à faire tourner ce monde à l'envers - tout en dépliant joyeusement leur serviette sur cette plage plus inégalitaire que jamais et menacée par la catastrophe écologique. Ne serait-ce pas eux, plutôt que les dizaines de vendeurs ambulants, les véritables marchands de cette plage ? En mettant en scène une famille d'industriels italiens dont l'histoire embrasse si bien le XX? siècle qu'elle finit par se confondre avec celle du capitalisme, Agnès Mathieu-Daudé livre un roman aussi précis que féroce sur la façon dont les intérêts personnels non seulement ne participent plus à l'intérêt général, mais finissent par se retourner contre ceux-là mêmes qui croient les suivre...
La Sardaigne, ses plages et sa mer aux eaux transparentes, sa ville de Cagliari et sa ville, moins connu, de Carbonia, sa base de lancement de missiles.
J’ai aimé que l’autrice me plonge dans une vieille famille d’industriels italiens pas aussi riches et connus que la famille possédant Fiat, mais pas loin. L’empire s’est construit sur les roulements à billes.
J’ai eu de la peine pour Suzanne, la femme française de l’héritier Paolo. Issue d’une famille modeste du Gard, elle veut tout faire bien avec ses trois enfants ainsi qu’avec sa belle-mère.
J’ai aimé détester la belle-mère Marta : son snobisme, ses petites agaceries.
Le beau-père est absent du roman, et pourtant c’est lui qui teint la place central.
J’ai aimé que dès le début de l’histoire qui se déroule pendant les vacances d’été, il y ai un mot prononcé par inadvertance et qui éveille les soupçons de Suzanne : de quel enlèvement est-il question ?
Mais j’ai été un peu déçue par la fin qui expose les affaires politiques italiennes des années 70 en citant des noms (la loge P2, Mattei, Pasolini…) un peu comme un fourre-tout.
J’ai aimé les leitmotivs : Paolo dans le hamac comme quand il était enfant, les enfants qui doivent se brosser les dents sinon les fourmis viendront manger le sucre dans leur bouche, Marta et sa phobie des fourmis.
J’ai aimé que Suzanne prenne le temps de discuter avec les vendeurs de plage, de connaitre leur nom, qu’elle les laisse se reposer sur un transat.
J’ai aimé que certains titres de chapitres soient des titres de chansons ou de films.
Une lecture qui m’a emmené sur une plage de supers riches de Sardaigne qui cache un bien sombre passé.
L’image que je retiendrai :
Celle du tableau de Carbonia que le beau-père Ercole affiche dans son bureau, lui qui avait tenté de bâtir Petrolia.
https://alexmotamots.fr/marchands-de-sable-agnes-mathieu-daude/
La quarantaine, Suzanne, débarque sans entrain avec mari et fils en Sardaigne pour quelques semaines de vacances chez ses beaux-parents, une famille d'industriels italiens à la Agnelli au train de vie faste et luxueux, elle qui vient d'un milieu très modeste. La graine du doute est semé par un conducteur de taxi qui évoque un enfant enlevé dans les années de plomb. Puis suite à une conjonction de petits riens, l'effet papillon s'emballe et engendre le début d'une prise de conscience.
« Suzanne a tout d'un deus ex machina mais reste à savoir si elle est vraiment là pour un happy end » nous prévient un prologue, un brin ironique. L'histoire de Suzanne, c'est celle d'une femme dont les yeux se décillent, une femme qui se réveille et se pose enfin les questions tous azimuts qu'elle a occultées toute sa vie et qui remontent à la surface, quitte à faire tout imploser : comment sa belle-famille est-elle devenue riche ? serait-elle tombée amoureuse de son mari sans sa fortune ? Que veut-elle transmettre à ses trois fils qui deviennent d'indécents enfants gâtés ?
Marchands de sable n'est pas un roman qui joue sur l'émotion ou cherche à provoquer une empathie. La plupart des personnages sont unidimensionnellement détestables, aucun n'est attachant, pas même Suzanne, trop longtemps aveuglée par les ors de son train de vie pour être totalement sympathique, trop empêtrée dans ses ambivalences pour ne pas agacer ... mais on est avec elle dans sa quête, et on veut qu'elle attaque, qu'elle morde.
Et c'est un petit jeu de massacre fort réjouissant. le narrateur ultra omniscient orchestre les règlements de compte et semble se marrer à l'avance lorsqu'il décrit avec férocité le petit microcosme sarde et ses rapports de classe à toutes les échelles : entre Suzanne et sa belle-famille qui la méprise, entre employeurs et domestiques, entre domestiques locaux et « importés » ( voire migrants clandestins bossant sur la plage ), entre riches eux-mêmes. Les phrases ciselées au vitriol d'Agnès Mathieu-Daudé font mouche quasi à chaque fois, que ce soit dans les descriptions ou les dialogues.
Si la première partie d'exposition se traine tout de même en longueur, dans le dernier tiers, l'autrice accélère la douloureuse prise de conscience de Suzanne en développant les enjeux extra-familiaux ( mais qui ont des conséquences sur l'individu ou sa cellule familiale ) à forte connotation politique avec en ligne de mire la Sardaigne des années 1970 et leur héritage dans la société actuelle, remontant même aux collusions entre les grandes fortunes italiennes et le fascisme mussolinien.
Toutes les observations sont justes mais cela fait beaucoup de thématiques ( prédation capitalistique, course aux ressources fossiles, immigration clandestine, ravages écologiques, industrie militaire etc ) à organiser et accorder. Sans doute trop. J'ai trouvé le récit plus convaincant, plus à l'aise lorsqu'il se resserre sur la « lutte des classes » et le personnage de Suzanne, plus confus lorsqu'il s'agit de dénoncer la cupidité et la prédation capitalistiques ainsi que leurs dessous dégueulasses.
C’est la première fois que je lis un roman de cette auteure et j’ai été agréablement surprise. Comment je fais pour choisir un roman dont je ne connais rien ? comme beaucoup d’entre vous, avant de lire la quatrième de couverture, je suis attirée par la couverture et le titre.
Ce roman est très complexe à résumer. Derrière une histoire qui parait légère et distrayante, se cache un secret de famille qui donnera une profondeur différente au roman.
La majorité de l’histoire se passe en Sardaigne, sur la plage, dans la maison de vacances d’une riche famille industrielle italienne.
J’ai été séduite par l’intrigue de ce roman, par sa montée en puissance, par les personnages très bien décrits qui nous font pénétrer dans un univers qui est bien loin du mien.
Une lecture qui de comédie de Vaudeville va basculer dans le polar politico-financier. Un roman surprenant plein de surprises et de rebondissements.
Une lecture dont on n’a pas beaucoup entendu parler et que je vous conseille vivement.
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