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Manuel de survie en terrain ennemi

Couverture du livre « Manuel de survie en terrain ennemi » de Pascarel Charles aux éditions Jacques Flament
Résumé:

Papa, je pensais souvent à lui. J'avais hâte qu'il revienne de la guerre. Je croyais qu'il interdirait à Maman de me plonger dans la lessiveuse et de me faire l'autre torture, quand je ratais mon devoir de grammaire. J'espérais qu'il ouvrirait la porte à ce moment-là et qu'il bondirait, comme... Voir plus

Papa, je pensais souvent à lui. J'avais hâte qu'il revienne de la guerre. Je croyais qu'il interdirait à Maman de me plonger dans la lessiveuse et de me faire l'autre torture, quand je ratais mon devoir de grammaire. J'espérais qu'il ouvrirait la porte à ce moment-là et qu'il bondirait, comme les frères de la femme de Barbe-Bleue, pour me délivrer. Il arracherait le sabre des mains de Maman, en criant : « Mais qu'est-ce que tu allais faire, Aimée ? Tu voulais trancher la tête de cet enfant ? - Non, non, pas du tout, balbutierait-elle. C'était pour la dictée. - La dictée ? On n'a pas besoin d'un sabre pour une dictée. - Mais si, André. Lui, il en a besoin. Sans ça, il n'arrête pas de faire des fautes. - Et c'est le sabre qui l'en empêche ? - Bien sûr. Il a tellement peur que je lui coupe la tête. Ça le motive, tu comprends. Sinon, il se laisse aller. C'est un paresseux. Je n'ai pas d'autre choix. Regarde le résultat. Pas une seule faute... - C'est bon, ronchonnerait Papa. Mais ce n'est pas une raison pour le menacer avec mon sabre sur le cou. Ce n'est pas du tout comme ça que j'entends enseigner la grammaire à mon fils. » Il caresserait la lame de son sabre pour en éprouver le fil et constaterait : « Pas très aiguisé. Il y a même des points de rouille. Tu te rends compte, Aimée, à défaut de lui décoller la tête, tu lui ferais attraper le tétanos. - Enfin André, soupirerait-elle en haussant les épaules, tu ne crois quand même pas que je lui pose sur le cou le côté qui coupe. » Et Papa, rassuré, viendrait embrasser Maman et nous nous mettrions tous les trois à table pour manger les crêpes délicieuses envoyées de Bretagne par Tante Thérèse.

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