"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
On pourrait dire que Poto est né sous les tristes tropiques d'une dictature sanguinaire - terre d'apocalypse où la violence est partout - de père inconnu et de Marie Élitha Demosthène Laguerre, sa mère présumée qui erre chaque nuit dans les vapeurs de colle.
On pourrait dire aussi que Poto a un vrai don pour se percher au niveau des étoiles, rêver sa vie, lui qui joue aux petits soldats avec des cafards dans ce qui lui sert de chambre et se raconte le monde, et tous les mondes possibles, à coups de crayon.
Et puis Poto se met en chemin. Ses dessins dans un sac à dos, il mime le fou pour que la faune de la cité le laisse en paix, vivant de larcins et de jongleries, avec pour seule ambition de continuer à vivre et d'être un artiste...
Jusqu'au jour où il se place sous l'étrange protection d'un tueur à gages à la solde du président-à-vie, le boss de la cité, qui tire les ficelles dans ces bas-fonds où tout un peuple joue chaque jour sa survie.
Voici donc l'histoire d'un funambule, d'un arpenteur qui apprend tout de la vie en marchant, incarnation nouvelle de Maître-Minuit, géant haïtien légendaire, « un homme qui reste debout, avance toujours, quoi qu'il arrive ».
Poto, jeune haïtien, grandit dans un des pays les plus pauvres du monde, sous une des dictatures les plus cruelles et les plus sanguinaires qui puisse être. Poto grandit dans l'ombre de cette mère qui ne se résume qu'à un corps décharné, une ombre infernale, errante, passant ses journées à inhaler de la colle. Son père? Inconnu au bataillon.
A quoi peut se résumer la vie, les rêves, le quotidien, l'avenir de ce jeune garçon ? Un seul espoir : son don pour dessiner la vie, dessiner ce monde, son monde…
Le premier élément que l'on retiendra de son livre: son atmosphère. Une atmosphère pesante, âcre, morbide, sanglante, infernale. Aucun mot ne parvient véritablement à cerner le coeur de ce roman. La vie (s'il est possible d'employer ce mot), sur cette île dominée, écrasée par l'ombre du tyran et sanglant « Papa-à-vie » est irrespirable, suffocante, angoissante. Chaque regard de travers, chaque parole, chaque geste mal interprété peut vous coûter la vie.
Au milieu de tout cela, une fleur sauvage germe : Poto. le jeune narrateur survit, observe ce qui pour lui est normal et naturel, constate les dérives de ce monde qui l'entoure.
On se prend d'affection pour ce jeune garçon, aux allures de survivant dans un monde apocalyptique, qui meurt de faim, le pire de ses maux. de jeune garçon qui dessine, qui se prend à rêver, à espérer. de ce jeune garçon qui a peur, mais qui n'a personne pour l'aider. de ce jeune garçon livré à lui-même, dans les ruelles hostiles, sans ressources.
La plume se fait âcre, mordante, rugueuse afin de rester fidèle à ce qui est raconté. On saluera et on se délectera de cette plume qui sait se montrer poétique, une petite lucarne dans ce monde étouffant.
La lecture n'a pas été aisée, de part les sujets abordés, par cette atmosphère suffocante qui nous prend aux tripes. Mais j'ai adoré cette lecture, pour toutes ces raisons. Nous avons entre les mains un roman révoltant, qui joue avec nos nerfs et nous prend aux tripes. Il est certain qu'on ne ressort pas indemne de cette lecture …
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