Merci Lecteurs.com pour cette mémorable découverte livresque.
Qu'est-ce qu'une somme humaine ?
En additionnant vicissitudes, tragédie et poésie, on obtient une somme humaine.
À travers ce cahier grandiose, la narratrice dont on ne connaîtra jamais le nom, depuis l'au-delà, nous livre,...
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Merci Lecteurs.com pour cette mémorable découverte livresque.
Qu'est-ce qu'une somme humaine ?
En additionnant vicissitudes, tragédie et poésie, on obtient une somme humaine.
À travers ce cahier grandiose, la narratrice dont on ne connaîtra jamais le nom, depuis l'au-delà, nous livre, en somme, la tragédie que fût son existence sur cette Terre.
Cette si jeune existence à laquelle elle mit fin en se jetant sous la rame d'un métro, sous l'effet du désespoir dévorant et de la misère affective qui la mine intérieurement depuis toujours.
Cette voix nous raconte son enfance dans un village désuet, aux mœurs d'un temps révolu et perdu dans l'une de nos campagnes française, au sein d'une famille aisée mais toxique: père absent et effacé, mère égoïste et indifférente, oncle dominateur et prédateur sexuel. Sa grand-mère fait figure d'exception.
Cette toxicité se confirme davantage le jour où à peine adolescente, elle subit un viol perpétré par son oncle dans la mesure où elle se confiera à sa mère qui ne la croira jamais, préférant rester dans le déni et la rendant coupable de vouloir entacher leur réputation et de leur gâcher la vie.
À sa majorité, elle quitte enfin ce simulacre de vie familiale à la campagne pour étudier à Paris avec l'aspiration de se construire un présent acceptable et un avenir meilleur.
Paris, la Ville des Lumières, pour revivre, se projeter. Notre héroïne y trouvera l'amour pour ensuite le perdre et ainsi s'engouffrer dans une spirale infernale dont la mort lui paraîtra in fine comme l'ultime délivrance.
Pour ma part, c'est un destin cruel sous la forme d'une prose titanesque sans majuscule, exceptés les noms propres, ni point ni guillemets.
Le tour de force magistral se situe dans la fluidité du récit malgré cette volontaire contrainte de rédaction : le texte est expressif, rythmé par les chapitres et la poésie tandis que le registre employé est tantôt trivial, tantôt lyrique.
Malgré l'art et la manière, ce chef-d'oeuvre grandiose me laisse mi-figue mi-raisin.
Il est d'usage que les tragédies que l'on raconte servent de rêve ou de mise en garde. Fort heureusement, Une somme humaine n'échappe pas à ce lieu commun. À mon humble avis, c'est le seul "prix de consolation" de ce destin cruel conté par cette voix outre-tombe.
L'histoire est à mon goût, trop déchirante pour s'en enthousiasmer davantage: l'on en ressort avec des images spectrales d'angoisse, de désespoir, de solitude et de mélancolie.
À lire si vous aimez les longs récits racontés avec lyrisme et qu'entrevoir les vices de notre humanité ne vous effraie pas.
Si vous préférez le genre candide et les happy endings, passez votre chemin.