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Le roman commence par une légende aux airs de fait divers. Un être, un berger régnerait en maître sur un troupeau et mènerait ces fidèles à coups de rituels. En très peu de pages, nous entrons dans une bulle, une secte. À quelle époque sommes-nous ? Aucune idée. Le trouble de l’espace et le temps est là et restera jusqu’au bout du livre. Nous entrons ensuite dans un autre endroit, un appartement, mais surtout dans le récit du narrateur. Celui-ci qui ne cessera de parler au lecteur, de raconter son parcours et sa vie, ne donnera jamais son nom et très peu d’indications. Il nous donne d’abord sa vérité sur la légende en prologue. Il nous dira les agissements de cet « Empereur » auprès duquel il a servi et a été meurtri. La violence psychologique, physique et verbale, se déploie et écrase cet homme. Il parvient à se libérer de cela, à reprendre contact avec la société grâce à un petit boulot. Nous découvrons un pays soumis à la corruption et là encore, la violence, la soumission. Le narrateur tente de respirer, de trouver un espace pour vivre. Une femme devient alors sa lumière dans la nuit. Elle est autant un espoir qu’une menace. Elle est signe de joie et de drame. À chaque page, on sent le drame, même la tragédie étreindre cet homme. Par les mots, il tente de reprendre la main sur sa vie. Le récit est une explication, permet de lui prouver sa cohérence. Mais le trouble perdure. On ne voit pas d’issue possible pour lui et cette intériorité, fragile et intense, pèse sur cet homme. En entretenant le flou autour de la situation de son roman, Makenzy Orcel compose un livre sur le rapport entre l’individu et l’oligarchie. Le pouvoir, sous sa plume, qu’il soit teinté de religion, de politique, de finances, écrase l’individu. L’être devient un corps, de la chair à souffrance. Les mots sont alors une bouée de sauvetage pour que cet homme puisse enfin sortir de lui-même. La manière si particulière de l’auteur de mettre le langage à l’épreuve capte les méandres des vies, rassemble les obsessions et la quête perpétuelle de survie. En puisant dans la légende, Makenzy Orcel décrit la persistance d’un système aveuglant et brutal qui, sous diverses formes et sans que le temps ait une emprise sur lui, a voulu s’imposer aux masses. Ce roman porte en lui un souffle de révolte et d’humanité.
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