"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Grande voyageuse, Satomi Ichikawa a pris l’habitude de situer ses histoires dans des pays lointains, en Afrique, en Amérique du Sud ou en Asie. Dans Ma chèvre Karam-Karam, c’est au Nigéria qu’elle promène son petit lecteur, en lui proposant une histoire aussi drôle qu’émouvante.
Konta est un petit garçon très généreux : puisqu’il doit se rendre au marché pour vendre ses poisons, c’est tout naturellement qu’il propose à son ami Samba - qui désire y vendre sa chèvre - de le véhiculer. Mais la chèvre n’est absolument pas d’accord avec cette expédition, et compte bien le faire savoir. Elle s’enfuit, obligeant Konta à la poursuivre. Et la petite chèvre, très maline, lui en fera voir de toutes les couleurs : pas question de se laisser rattraper ! Mais tandis que Konta abandonne, furieux et épuisé, voilà que l’animal s’approche avec une galette entre les dents : elle veut se faire pardonner et l’assurer de son amitié. Après cela, Konta laissera-t-il son ami la vendre au marché ?
La première facette de ce petit livre, c’est avant tout son côté comique : la course-poursuite entre la chèvre et Konta fera rire aux éclats tous les petits lecteurs. La petite chèvre est très maline, elle se cache au milieu d’un troupeau pour ne pas être reconnue, elle conduit le petit garçon droit dans un buisson d’épines pour le ralentir … et puis, elle amadoue les gens du village et leur offre son lait afin de pouvoir rapporter une galette à son petit poursuivant épuisé. Et c’est là que l’histoire bascule : de drôle, elle devient émouvante. Car c’est à ce moment-là qu’en dépit de sa colère - il a tout de même passé la journée à courir après cette chèvre ! - Konta commence à la considérer comme une amie. Et cette amitié est suffisamment forte pour qu’il reste ferme face à son ami humain : hors de question de le laisser vendre sa chèvre au marché, il préfère dépenser tous l’argent des poissons pour l’acheter !
Mais l’autre force de cet album, ce sont ses illustrations. J’aime beaucoup la douceur qui s’en dégage, mais aussi le réalisme des dessins. Les couleurs, à elles-seules, suffisent à suggérer la chaleur du désert, ainsi que sa beauté. Les paysages sont grandioses, les visages des personnages sont expressifs … et pourtant, les illustrations sont assez simples. Il n’y a que peu de détails, mais cela est amplement suffisant pour porter cette histoire. Histoire qui, elle aussi, est racontée très simplement : il s’agit d’un album qui se prête parfaitement à l’histoire du soir. Raconté à haute-voix, avec le ton et l’intonation qu’il faut, il fera la joie des enfants … et de leurs parents. D’autant plus que cette histoire peut amener à une petite discussion sur l’amitié, mais aussi le pardon … ainsi que le respect de l’animal, qui est ici présenté comme un personnage à part entière et qui fait preuve de gentillesse à l’égard de ce petit garçon fatigué.
Portée par des illustrations vibrantes de vitalité, cette très jolie histoire d’amitié entre un petit pêcheur et une chèvre récalcitrante fera le plaisir des enfants amoureux des animaux et curieux du monde dans lequel ils vivent.
Tout est merveilleux dans ce livre : le texte et les illustrations. Il a fait l' unanimité de mes lutins en garde !
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