Découvrez les derniers trésors littéraires de l'année !
À presque trente ans, Sam et Elena mènent une existence aussi étriquée que l'île de l'État de Washington où elles ont toujours vécu. Elles se saignent aux quatre veines pour couvrir les frais médicaux de leur mère, gravement malade, se raccrochant à un rêve, une promesse qu'elles se sont faite : celle d'un jour quitter San Juan, ensemble, pour vivre enfin leur vie. Un matin, un ours apparaît près de leur maison et se met à rôder sur l'île. Sam, terrifiée, est convaincue qu'il est temps de partir ; Elena, au contraire, semble envoûtée par l'animal. La bête sauvage exacerbe leurs angoisses comme leurs espoirs, créant peu à peu une fracture irréparable entre les deux soeurs. Signé par l'une des autrices américaines les plus talentueuses de sa génération, L'ours ! L'ours ! est un roman aussi haletant que magnétique. En explorant ces liens qui nous animent parfois autant qu'ils nous entravent, il interroge notre soif de liberté et les rêves que nous façonnons pour nous évader.
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La nature est généreuse et belle sur l’île de San Juan, dans l’Etat de Washington. J’ai bien dit Etat, non pas la capitale fédérale du même nom. Tout à fait au nord-ouest des Etats-Unis, limitrophe de la frontière canadienne, au Sud de Vancouver. Cependant la vie n’est pas si facile pour tout le monde, dans ce cadre somptueux.
Faisons connaissance avec Elena et Sam, deux sœurs nées à un an d’intervalle. Elles vivent sous le même toit que leur maman dans une maison, sans grand charme, héritée de la grand-mère. Famille soudée, les deux filles très proches, elles se remémorent leurs jeux d’enfance dans ce merveilleux cadre de vie : « Quand elles étaient petites, toutes petites, les sœurs adoraient vivre sur San Juan, elles se rendaient à Lime Kilm et passaient des journées entières à guetter les baleines, postées sur les falaises. En apercevoir une, c’était comme voir une étoile filante. Il n’était surtout pas question de fixer un point précis – il fallait laisser flotter son regard. Elena était particulièrement douée pour ça. Elle donnait un petit coup de coude à Sam et chuchotait : « Baleine à bosse ». Les touristes, autour d’elles, équipés de jumelles, retenaient un petit cri et se penchaient vers Helena pour tenter d’entendre ses secrets. Elle montrait du doigt les bancs de cétacés. Baleines à bosse, baleines grises, baleine de Minke, marsouins qui ondulaient et bondissaient dans les vagues. Orques majestueuses, avec leurs ailerons aiguisés comme des lames. Les filles se promenaient sur les falaises et regardaient les otaries se laisser dériver en contrebas. Elles se dirigeaient vers le nord, vers English camp, où s’élevait autrefois une maison communale salish, et s’inventaient des rôles en marchant dans l’épaisseur des fougères humides. »
Les jeunes femmes ont, désormais, presque trente ans. Depuis cette douce petite enfance où elles se sont fait la promesse de rester toute leur vie l’une près de l’autre, elles ont traversé des périodes délicates. La venue d’un beau-père violent, expérience douloureuse heureusement aujourd’hui révolue. A suivi, la pandémie de Covid19, où le travail s’est fait rare, et de ce fait aussi les rentrées d’argent. Et voilà que la maman, aujourd’hui, très gravement malade à force d’inhaler des produits toxiques dans le salon de beauté où elle travaillait, a fini de ruiner les économies et les dettes s’accumulent.
Elena, l’ainée, gère la situation délicate du mieux qu’elle peut et s’use en petits soins auprès de sa maman.
Sam est plus rêveuse, elle souhaite quitter San Juan et ses tracas pour une vie citadine auprès d’Elena. En attendant, elle s’occupe de la restauration des touristes sur un ferry qui sillonnent les îles. Elle s’émerveille un jour, quand non loin du bateau elle voit une masse brune en train de nager, un ours. Fait rarissime qu’il quitte le continent pour se réfugier sur une île ! Mais, peu de temps après, quand Elena lui révèle qu’elle a aperçu la bête dans le jardin de la maison, son admiration se transforme en peur. D’autant plus, qu’Elena se prend d’amitié pour l’animal et fait tout pour l’attirer. Sam voit l’ours comme un intrus qui la supplante dans le cœur d’Elena. Effectivement les rapports sont plus tendus entre les deux sœurs et des non-dits, tout à coup, font surface. Sam arrivera-t-elle à trouver un moyen pour écarter l’inopportun et resserrer les liens avant que la structure familiale n’en souffre ?
Une histoire simple décrite d’une plume plaisante. Simple, mais qui aborde de nombreux thèmes, la place prédominante des liens familiaux, sororité, aide aux anciens, violence au sein du couple, mais avant tout décrit la difficulté de vivre dans l’Amérique d’aujourd’hui où la couverture sociale est quasi inexistante. Se pose, également, le problème de la cohabitation de l’humain avec les animaux et la manière de l’aborder, divisant en deux clans la population. Une lecture qui, finalement, fait réfléchir.
Sortie du livre chez vos libraires le 08 janvier 2025
Un grand merci à Autrement Littératures pour cette lecture anticipée.
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