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Sur le rivage de la péninsule du Kamtchatka, aux confins de la Russie, deux petites filles disparaissent. L'enlèvement bouleverse les habitants : le coupable serait-il un étranger de passage ? Pire, l'un d'entre eux ? Comme une onde de choc, le trouble se propage et vient ébranler la vie de dix femmes dans leur quotidien, leurs amours et leurs rêves secrets, tandis que le puzzle de la disparition se reconstitue peu à peu...
Dans un décor inoubliable, entre volcans, eaux sombres et faune hostile, Julia Phillips construit un huis clos magistral dans la lignée de Laura Kasischke et d'Alice Munro, où l'émotion se mêle au suspense.
Une floppée de personnages. Trop à mon goût ! On se perd dans ces personnages et les descriptions. Je n'ai pas adhéré mais suis allée au bout afin de comprendre le cheminement.
Grosse déception.
Bienvenue au Kamtchatka
Le livre débute au moins d'août alors que deux jeunes soeurs, âgées de 11 et 8 ans, prennent le soleil un dimanche après-midi au bord d'une baie de la péninsule volcanique du Kamtchatka, dans l'extrême-est de la Russie. À la fin du chapitre, là où se trouvaient les soeurs, il n'y a plus que l'absence. Elles ont disparu comme des fantômes, soufflées par le vent ou plutôt attirées dans la voiture noire et brillante d'un homme étrange.
À partir de là, Dégels s'éloigne radicalement et agréablement de ce que l'on pourrait attendre. Julia Phillips n'est pas pressée et elle ne choisi pas le plus court chemin. le roman se préoccupe moins de résoudre le mystère que de plonger le lecteur dans la vie intérieure d'une douzaine de femmes qui ont été directement ou indirectement, consciemment ou pas, touchées par la tragédie.
Chaque chapitre représente un mois, chaque chapitre est centré sur une femme et assez complet pour que l'on puisse oser parler de nouvelles. À travers ces différentes perspectives, on voit comment la disparition des fillettes affecte les habitants de ce territoire et comment cela évolue avec le temps. La panique initiale laisse place petit à petit à l'habitude puis au désintérêt.
L'autrice ne fait rien pour clarifier les liens entre ses femmes, pour expliquer comme les pièces s'emboîtent. C'est au lecteur de résoudre ce casse-tête.
L'histoire se propage de la capitale de la péninsule à son nord rural et on est transporté dans des endroits d'une beauté étonnante: forêts densément boisées, étendues de toundra, volcans, sources d'eau chaude, paysages enneigés.
Finaliste du National Book Award, la construction de « Dégels » rappelle le « Ici n'est plus ici » de Tommy Orange mais avec en plus une pointe de Laura Kasischke.
Ce huis-clos à l'échelle d'une péninsule est un premier roman très prometteur qui mérite grandement votre attention.
Traduit par Héloïse Esquié
Un thriller pas comme les autres ! Par son cadre, d’abord, le Kamtchatka, une péninsule devenue perméable à l’immigration des non russes. Julia Philips a pris les codes du genre et les a faits tous exploser. Le criminel ? On ne sait pas rien de lui. Il a le profil du marginal, mais l’auteure ne s’étend pas sur sa psyché, en cherchant à comprendre, par exemple, en quoi une enfance malheureuse aurait pu le mener au crime le plus odieux. Les enquêteurs ? Une bande d’incapables dont les hésitations coupables et les incompétences sont aussi révoltantes qu’incompréhensibles. Les victimes ? Là encore, on a peu d’informations. Le mobile ? Totalement inconnu ! Le dénouement et la scène finale ? D’une désarmante discrétion. Alors de quoi ça parle ? De la manière dont les cercles (1°famille, 2°proches, 3°habitants du coin) absorbent le choc de la disparition de deux fillettes. Chaque chapitre est un mois de l’année, dédié à l’un de ces cercles – ce qui en fait un roman choral. Plus le temps passe, et plus on découvre à quel point cette affaire non élucidée a perturbé le quotidien de chacun, à en devenir obsédante, pathologique. La plus grande qualité de ce roman est aussi son défaut : la multitude des personnages impliqués. Chaque chapitre est presqu’un nouveau livre, ce qui demande un gros effort de concentration. On s’y perd un peu et puis, à partir de la page 250, accélération, la trame, avec tous ses fils tendus, se resserre, jusqu’à l’apothéose finale qui m’a prise de cours. Malgré quelques longueurs, c’est un thriller inattendu que vous n’oublierez pas de sitôt !
Bilan :
Presqu'île de Kamchatka, aux confins de l'Extrême-Orient russe.
Le roman s'ouvre sur l'enlèvement de deux soeurs, onze et huit ans, un jour d'été, au bord d'une baie. Début classique pour un polar ou un thriller où le lecteur suivrait classiquement enquêteur, victime et criminel ... sauf que Julia Phillips est partie dans une toute autre direction. Ce n'est pas l'enquête ni sa résolution ( même s'il y en a une ) qui l'intéressent. Non, ce qui l'anime, c'est de parler des femmes du Kamchatka, de leur condition au sein d'une société en plein bouleversement : de l'isolement total durant la guerre froide, jusqu'à la lente ouverture actuelle qui enflamme et aggrave les tensions et les peurs endormies. L'auteure a vécu plus d'une année au Kamchatka, et on sent à travers ses mots la parfaite connaissance qu'elle en a .
La temporalité du roman court sur une année, chaque chapitre sur un mois, un mois pour mettre en scène un personnage féminin différent, touché directement ou très indirectement par la disparition des fillettes, comme un bruit de fond. Julia Phillips rend compte avec finesse et sensibilité du poids du patriarcat, du sexisme ordinaire, des relations familiales et amoureuses qui pèsent sur l'émancipation féminine, du racisme à l'égard des populations indigènes évènes ( peuple nomade de Sibérie vivant d'élevage des rennes et de chasse, la problématique est très proche du vécu douloureux des Amérindiens en Amérique du Nord ).
Chaque chapitre chante d'une voix claire et subtile les tragédies mineures ou majeures de la femme qui est en son coeur, comme un singulier huis clos au coeur du décor grandiose du Kamchatka. Celle qui m'a le plus touchée est Ksyusha, fille d'un éleveur évène, étudiante réservée et sérieuse, sous la coupe d'un petit ami blanc, elle se révèle à elle-même en tombant amoureuse d'un jeune autochtone comme elle, plus doux. Cette dizaine de portraits féminins - jeunes filles, mères, épouses, blanches, autochtones – finissent par résonner les uns avec les autres comme une ronde sororale , jusqu'à ne plus former qu'un seule femme, inscrite dans la société russe du Kamchatka. Au final la femme dans toute son universalité.
Et c'est là toute la prouesse narrative de Julia Phillips que de nous plonger dans les expériences émotionnelles de ces femmes entre douleurs et espoirs tout en faisant converger les indices parcimonieusement disséminés dans chaque chapitre jusqu'à une résolution. Lorsqu'elle arrive, franche et claire, dans les deux derniers chapitres, j'en ai été presque déconcertée tellement j'ai été hypnotisée par ces voix féminines.
Un premier roman puissant, sous tension douce, nimbé de mystères, peuplé de femmes inoubliables, déployé dans le décor inédit du Kamchatka. La comparaison avec Laura Kasischke ( une de mes auteures préférées ), proposée aux Etats-Unis, me semble totalement justifiée.
Au mois d'août, deux petites filles disparaissent au Kamtchatka, au fin fond de la Russie... Mois après mois, différents personnages se croisent, tous plus ou moins touchés ou liés à cette disparition. L'atmosphère du roman devient de plus en plus étouffante et peu à peu des pistes voient le jour.
J'ai vraiment aimé ce roman dont le cadre est très dépaysant, très original: le lointain Kamtchatka et sa grande ville, Petropavlosk, la toundra, les éleveurs de rennes, la solitude, les traditions Evene...
De plus, les personnages sont tous assez émouvants et bien campés et c'est très intéressant de voir comment ils sont finalement tous un peu liés, jusqu'au dénouement très surprenant!
Je ne peux donc que conseiller la lecture de ce premier roman!
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