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Julia Phillips

Julia Phillips
Julia Phillips est née en 1989. Passionnée par la Russie, elle a reçu la prestigieuse bourse d'écriture Fullbright pour vivre un an dans le Kamtchatka. Dégels, son premier roman, traduit dans une dizaine de langues, a été acclamé par la critique.

Avis sur cet auteur (7)

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    Couverture du livre « L'ours ! L'ours ! » de Julia Phillips aux éditions Autrement

    Henri-Charles Dahlem sur L'ours ! L'ours ! de Julia Phillips

    Les deux sœurs qui ont vu l'ours


    Julia Phillips a trouvé une manière originale de parler de sororité. En racontant comment l'arrivée d'un ours devant leur maison, érigée sur l'île de San Juan, va bouleverser la relation qu'entretiennent Sam et Elena, elle passe du fait divers à la tragédie....
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    Les deux sœurs qui ont vu l'ours


    Julia Phillips a trouvé une manière originale de parler de sororité. En racontant comment l'arrivée d'un ours devant leur maison, érigée sur l'île de San Juan, va bouleverser la relation qu'entretiennent Sam et Elena, elle passe du fait divers à la tragédie. Bouleversant !


    Sam et Elena ne rêvent que d'une chose, pouvoir enfin quitter maison située sur une île de San Juan dans l'État de Washington. Héritage de leur grand-mère, elle se délabre au fil des jours mais servira le moment venu de capital de départ pour gagner le continent et s'offrir une vie moins précaire. Pour l'heure, Sam a un emploi de serveuse à 24 dollars de l'heure sur le ferry qui relie Friday Harbor au continent. Elle vend du café et des en-cas à des gens qui le traitent « comme une paysanne ». Sa sœur n’est guère mieux lotie, elle travaille au bar du club de golf.
Le moment venu, ce sera après le décès - désormais inéluctable - de leur mère. Atteinte de sarcoïdose, hypertension pulmonaire et pneumopathie interstitielle, elle garde la chambre et ne sort plus que pour ses rendez-vous médicaux. 
Un quotidien lourd qui va bientôt être perturbé par une visite inattendue. Un ours noir va passer devant la maison avant de s'éclipser sans faire de dégâts. Pour le shérif et le service des Eaux et Forêts, cette migration n'est pas aussi exceptionnelle que ça (l'arrivée du plantigrade est basée sur un vrai fait divers) et ne demande pas de mesures particulières, si ce n'est la prudence la plus élémentaire et la suppression de tout accès à la nourriture.
Le problème, c'est que l'ours semble se plaire dans le quartier. Elena va le croiser dans les environs, à quelques mètres avant qu'il ne revienne se frotter sur le porche de la maison, de laisser sa trace. 
Si Elena ne s'en formalise pas outre mesure, Sam a peur. Et ce ne sont pas les conseils de Danny, le voisin venu réparer les dégâts qui la rassureront. « Ta sœur, c'est la personne la plus raisonnable que j'aie jamais rencontrée. Écoute-la. Si Elena dit ça, c’est que c'est vrai. » 
Un conseil qu'elle va ignorer et une incompréhension qui va aller grandissant. Plus Elena va se rapprocher de l'ours et plus Sam va vouloir l'éloigner.
La belle relation entre les deux sœurs va subitement se transformer en un gouffre d'incompréhension et mener à la tragédie.
Avec subtilité, Julia Phillips montre combien leurs serments de jeunesse se sont dilués au fil des ans. Combien Elena avait trouvé là un moyen de cacher à sa sœur qu'elle était passée à autre chose, qu'elle ne croyait plus depuis longtemps à leurs rêves d'évasion. Cette remise en cause d'une sororité qui – notamment pour Sam – semblait innée, vient éclairer une relation plus rêvée que réelle. À l'image de cet ours qui reste un animal sauvage, c'est-à-dire imprévisible. À mille lieues du conte de Grimm cité en exergue. Un conte auquel les deux sœurs auraient pourtant aimé se raccrocher...
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici ! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre et en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
    https://urlr.me/fW3DXk

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    Couverture du livre « L'ours ! L'ours ! » de Julia Phillips aux éditions Autrement

    Jackylebook sur L'ours ! L'ours ! de Julia Phillips

    La nature est généreuse et belle sur l’île de San Juan, dans l’Etat de Washington. J’ai bien dit Etat, non pas la capitale fédérale du même nom. Tout à fait au nord-ouest des Etats-Unis, limitrophe de la frontière canadienne, au Sud de Vancouver. Cependant la vie n’est pas si facile pour tout le...
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    La nature est généreuse et belle sur l’île de San Juan, dans l’Etat de Washington. J’ai bien dit Etat, non pas la capitale fédérale du même nom. Tout à fait au nord-ouest des Etats-Unis, limitrophe de la frontière canadienne, au Sud de Vancouver. Cependant la vie n’est pas si facile pour tout le monde, dans ce cadre somptueux.

    Faisons connaissance avec Elena et Sam, deux sœurs nées à un an d’intervalle. Elles vivent sous le même toit que leur maman dans une maison, sans grand charme, héritée de la grand-mère. Famille soudée, les deux filles très proches, elles se remémorent leurs jeux d’enfance dans ce merveilleux cadre de vie : « Quand elles étaient petites, toutes petites, les sœurs adoraient vivre sur San Juan, elles se rendaient à Lime Kilm et passaient des journées entières à guetter les baleines, postées sur les falaises. En apercevoir une, c’était comme voir une étoile filante. Il n’était surtout pas question de fixer un point précis – il fallait laisser flotter son regard. Elena était particulièrement douée pour ça. Elle donnait un petit coup de coude à Sam et chuchotait : « Baleine à bosse ». Les touristes, autour d’elles, équipés de jumelles, retenaient un petit cri et se penchaient vers Helena pour tenter d’entendre ses secrets. Elle montrait du doigt les bancs de cétacés. Baleines à bosse, baleines grises, baleine de Minke, marsouins qui ondulaient et bondissaient dans les vagues. Orques majestueuses, avec leurs ailerons aiguisés comme des lames. Les filles se promenaient sur les falaises et regardaient les otaries se laisser dériver en contrebas. Elles se dirigeaient vers le nord, vers English camp, où s’élevait autrefois une maison communale salish, et s’inventaient des rôles en marchant dans l’épaisseur des fougères humides. »

    Les jeunes femmes ont, désormais, presque trente ans. Depuis cette douce petite enfance où elles se sont fait la promesse de rester toute leur vie l’une près de l’autre, elles ont traversé des périodes délicates. La venue d’un beau-père violent, expérience douloureuse heureusement aujourd’hui révolue. A suivi, la pandémie de Covid19, où le travail s’est fait rare, et de ce fait aussi les rentrées d’argent. Et voilà que la maman, aujourd’hui, très gravement malade à force d’inhaler des produits toxiques dans le salon de beauté où elle travaillait, a fini de ruiner les économies et les dettes s’accumulent.

    Elena, l’ainée, gère la situation délicate du mieux qu’elle peut et s’use en petits soins auprès de sa maman.
    Sam est plus rêveuse, elle souhaite quitter San Juan et ses tracas pour une vie citadine auprès d’Elena. En attendant, elle s’occupe de la restauration des touristes sur un ferry qui sillonnent les îles. Elle s’émerveille un jour, quand non loin du bateau elle voit une masse brune en train de nager, un ours. Fait rarissime qu’il quitte le continent pour se réfugier sur une île ! Mais, peu de temps après, quand Elena lui révèle qu’elle a aperçu la bête dans le jardin de la maison, son admiration se transforme en peur. D’autant plus, qu’Elena se prend d’amitié pour l’animal et fait tout pour l’attirer. Sam voit l’ours comme un intrus qui la supplante dans le cœur d’Elena. Effectivement les rapports sont plus tendus entre les deux sœurs et des non-dits, tout à coup, font surface. Sam arrivera-t-elle à trouver un moyen pour écarter l’inopportun et resserrer les liens avant que la structure familiale n’en souffre ?

    Une histoire simple décrite d’une plume plaisante. Simple, mais qui aborde de nombreux thèmes, la place prédominante des liens familiaux, sororité, aide aux anciens, violence au sein du couple, mais avant tout décrit la difficulté de vivre dans l’Amérique d’aujourd’hui où la couverture sociale est quasi inexistante. Se pose, également, le problème de la cohabitation de l’humain avec les animaux et la manière de l’aborder, divisant en deux clans la population. Une lecture qui, finalement, fait réfléchir.

    Sortie du livre chez vos libraires le 08 janvier 2025

    Un grand merci à Autrement Littératures pour cette lecture anticipée.

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    Couverture du livre « Dégels » de Julia Phillips aux éditions Autrement

    Corinne J sur Dégels de Julia Phillips

    Une floppée de personnages. Trop à mon goût ! On se perd dans ces personnages et les descriptions. Je n'ai pas adhéré mais suis allée au bout afin de comprendre le cheminement.
    Grosse déception.

    Une floppée de personnages. Trop à mon goût ! On se perd dans ces personnages et les descriptions. Je n'ai pas adhéré mais suis allée au bout afin de comprendre le cheminement.
    Grosse déception.

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    Couverture du livre « Dégels » de Julia Phillips aux éditions Autrement

    Madame Tapioca sur Dégels de Julia Phillips

    Bienvenue au Kamtchatka

    Le livre débute au moins d'août alors que deux jeunes soeurs, âgées de 11 et 8 ans, prennent le soleil un dimanche après-midi au bord d'une baie de la péninsule volcanique du Kamtchatka, dans l'extrême-est de la Russie. À la fin du chapitre, là où se trouvaient les...
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    Bienvenue au Kamtchatka

    Le livre débute au moins d'août alors que deux jeunes soeurs, âgées de 11 et 8 ans, prennent le soleil un dimanche après-midi au bord d'une baie de la péninsule volcanique du Kamtchatka, dans l'extrême-est de la Russie. À la fin du chapitre, là où se trouvaient les soeurs, il n'y a plus que l'absence. Elles ont disparu comme des fantômes, soufflées par le vent ou plutôt attirées dans la voiture noire et brillante d'un homme étrange.

    À partir de là, Dégels s'éloigne radicalement et agréablement de ce que l'on pourrait attendre. Julia Phillips n'est pas pressée et elle ne choisi pas le plus court chemin. le roman se préoccupe moins de résoudre le mystère que de plonger le lecteur dans la vie intérieure d'une douzaine de femmes qui ont été directement ou indirectement, consciemment ou pas, touchées par la tragédie.

    Chaque chapitre représente un mois, chaque chapitre est centré sur une femme et assez complet pour que l'on puisse oser parler de nouvelles. À travers ces différentes perspectives, on voit comment la disparition des fillettes affecte les habitants de ce territoire et comment cela évolue avec le temps. La panique initiale laisse place petit à petit à l'habitude puis au désintérêt.
    L'autrice ne fait rien pour clarifier les liens entre ses femmes, pour expliquer comme les pièces s'emboîtent. C'est au lecteur de résoudre ce casse-tête.

    L'histoire se propage de la capitale de la péninsule à son nord rural et on est transporté dans des endroits d'une beauté étonnante: forêts densément boisées, étendues de toundra, volcans, sources d'eau chaude, paysages enneigés.

    Finaliste du National Book Award, la construction de « Dégels » rappelle le « Ici n'est plus ici » de Tommy Orange mais avec en plus une pointe de Laura Kasischke.
    Ce huis-clos à l'échelle d'une péninsule est un premier roman très prometteur qui mérite grandement votre attention.

    Traduit par Héloïse Esquié