Libraire dans un petit village du Lot-et-Garonne, le narrateur apprend qu'il est le seul gagnant de la super cagnotte du Loto. Pris de panique, il décide de cacher la vérité à ses proches et de s'enfuir avec la somme. Dans ses « mémoires », le narrateur relate ses impressions, ses peurs et ses doutes. Il raconte également comment s'organise en secret sa fuite qui, pour être efficace, doit apparaître comme la « plus naturelle possible ». Se définissant avec autodérision comme un anonyme, la narrateur choisit de mourir socialement, c'est-à-dire de disparaître dans l'indifférence générale. Cette fuite devient alors un suicide social, une déchéance voulue et désirée. Son histoire sonne la revanche de la normalité sur le « star-system », de la pudeur sur la médiatisation, du cynisme sur les bons sentiments. Elle est aussi une critique en règle des valeurs qui fondent la société contemporaine : la facilité, la richesse imméritée, la glorification du plus fort. Le narrateur n'est ni un héros ni un anti-héros, mais un anti-personnage. Loin des super héros de notre temps, il triomphe de tous et de tout grâce à son insignifiance. Propulsé malgré lui dans des circonstances extraordinaires, sa normalité va se révéler être sa meilleure arme. Ni merveilleux ni misérable, ce conte moderne et glacial est une illustration parmi d'autres de la banalité du mal.
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