"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il y a le monde de Lola et puis celui des filles, Rosie, Katherine, Isabelle, Sophie et D. Toutes partagent la difficulté d'écrire, de dire, d'être amoureuse, de jouir et d'exister dans une mythologie qui exploite au même titre le sexe, la vie et la création. Lola et les filles à vendre est un texte polyphonique coup-de-poing qui ne s'encombre pas de faux-semblants ; bien au contraire, il fait tomber les masques, se prend de face tous les ressacs. Pornographies, privilèges, trafics, trébuchements et distorsions de l'amour sont ici autant de prémisses de ces « histoires nées du mot bouche / d'une gorge ». L'écriture de Marisol Drouin, une espèce de cheval sauvage, visite d'autres narrations pour accéder à d'autres désirs et gagner ainsi en liberté.
Retenez l’épure, ce qui résiste de par les sens, cette annonce sans compromission au plus juste du levier. Les corps des femmes sont des flambeaux, qui assignent au verbe, muses expressives et souveraines. Un murmure polyphonique, d’une page à l’autre, d’une femme à l’autre. Elles sont siamoises, résistantes, corps de rives, de cris, de ce cru dont la beauté ruisselle de vérité implacable. Rose : « Si j’avais un homme, j’aurai abusé de mes privilèges. Je n’aurai fini aucun texte. » « Lola et les filles à vendre » Orchestre dont l’écoute est l’écho désiré. Celui que l’on garde. La phrase dédiée à la femme corde à nœuds. Karine : « Même si j’inventais des héroïnes sans brassière avec muscles aux bras, comment écrire une lettre d’amour à un homme. » Empreintes, gestuelles, femmes nôtres, restez dans cette assisse. On vous observe, vous relève. « Isabelle », ma belle, ma sœur, entre les pages ainsi vêtues : « T’écris comme un homme, j’écris comme un homme, après chaque livre, je quitterais femme et enfant. » « Lola la tenir debout, la secouer, la vendre. » « Pas juste les films de zombie qui font pleurer. Ya le métro et les putes heureuses. » Prostitution, mon double de rouille et de haine. Sophie, à toi parle, tendresse soignée, à peine voilée, cris dans la nuit noire. Les mots ne sont pas des écharpes de laine. Mais tu creuses la terre, retourne le vide à mains nues. « Sous les mondes et les soleils cachés, j’attends l’invitation, le trou noir, la fête dont on ne revient pas. » « Lola et les filles à vendre » est de haute contemporanéité. Un porte-voix, un appel d’air, lianes féminines. « Lettre à une jeune écrivaine » est alliage, page finale. « Les filles ne tuent pas en général, se font tuer. » « Mais c’est fini après Lola Song c’est fini. » « Je t’ai attendu dehors, j’ai fait semblant de jouer dans les flaques d’eau. Tu m’as dit : t’es pas comme les autres filles, tu fais pas semblant toi. « L’amour c’est pour les filles qu’on reconnait dans la rue. » Lola et les filles à vendre » est magistral. Un livre perpétuel, claquant. Il casse les codes. C’est un feu follet. Il ne craint pas les implacables soumissions et affronte l’arrogance des faux-semblants. Les poésies de Marisol Drouin, québécoise, sont une mise en abîme impressionnante et fondamentale. Magistral. Publié par les majeures Editions La Peuplade
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