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L'oeil révolté

Couverture du livre « L'oeil révolté » de Stephane Lojkine aux éditions Jacqueline Chambon
Résumé:

Les expositions organisées tout au long du XVIIIe siècle dans le Salon carré du Louvre par l'Académie royale de peinture et de sculpture connurent un succès public qui propulsa la peinture française à la tête du mouvement artistique européen, jusque-là dominé par l'Italie. Diderot, qui rédigea... Voir plus

Les expositions organisées tout au long du XVIIIe siècle dans le Salon carré du Louvre par l'Académie royale de peinture et de sculpture connurent un succès public qui propulsa la peinture française à la tête du mouvement artistique européen, jusque-là dominé par l'Italie. Diderot, qui rédigea les comptes rendus de ces "Salons" à partir de 1759, en a été le témoin privilégié. Après avoir suivi Diderot au Salon et décrit sa manière de visiter puis d'écrire, ce livre analyse la nouvelle relation esthétique qui se constitue entre le spectateur et l'oeuvre d'art à la faveur de ces expositions. L'oeil de Diderot hérite d'une conception académique de la composition comme disposition de figures : ce que l'on voit est d'abord de la géométrie. Diderot superpose à cette géométrie une nouvelle vision, centrée sur le choix du moment de l'histoire à représenter. Il s'agit dès lors de faire bouger mentalement les figures dans le film des événements, jusqu'à arrêter la scène au moment idéal visuellement : la peinture n'est plus affaire de composition et de géométrie, mais de scène et de dispositif. Lorsqu'il s'attelle aux Salons, Diderot sort d'une expérience théâtrale difficile il y a puisé une théorisation révolution mire de la scène dramatique, qu'il va importer dans l'espace pictural. Le "quatrième mur" qui interdit aux acteurs de s'adresser au public devient une injonction aux peintres : non pas montrer, mais laisser voir. Voyeurisme et effraction deviennent alors les postures privilégiées du spectateur face à la toile. Cependant, le modèle de la scène entre lui-même en crise. Diderot cherche alors à le dépasser et à penser le dispositif de la représentation picturale comme le dispositif même de la pensée.

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