Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Laure part avec Ferrans son compagnon et ses deux filles faire du ski à l'Espérou dans les Cévennes. Peu de temps auparavant le grand père de Laure est mort. Il avait élevée la jeune femme. Et c'est le coeur gros qu'elle se dirige vers le lieu de vacances. Mais dans la petite station désertée, il n'y a pas de neige. Et la famille va rester dans une petite auberge à attendre, et se souvenir. Antoine est né à Barcelone. À quinze ans, sa mère prostituée l'a plus ou moins obligé à faire la guerre. La nuit de son départ, Antonio s'est rendu compte qu'il aimait son meilleur ami, Gabriel plus encore que ce qu'il pensait. Ils ont fait l'amour. Et Antoine ne l'a jamais revu. Ensuite, ce fut la France dans un camp de réfugiés et après la guerre, le grand-père est devenu un homme respectable et s'est marié. Mais secrètement il vouait un amour sans limite à son ami perdu un jour de 1936. Il ne souhaitait plus parler de Gabriel, même avec sa femmes qui pourtant l'avait bien connu. Il aura une fille (la narratrice) qui se marie avec un forain et n'a pas le temps de s'occuper de Laure qui est donc confié à ses grands parents. Pendant le séjour où on attend la neige, Laure, toujours bouleversée par la mort de son grand père, a une aventure avec un médecin de la station. La narratrice rejoint sa fille à l'Aigoual pour un court séjour. C'est en repartant qu'elle croise le médecin sur la route et que se noue le drame. Mais qui est donc cette mystérieuse narratrice ?
Laure pleure la mort d'un grand-père de manière viscérale, profonde, intime. Son mari se propose alors de se changer les idées en lui proposant un petit séjour à la neige. Mais l'auberge où ils font escale leur réserve peut-être d'autres stupéfactions...
Sous des apparentes diversions, on nous prépare d'entrée de jeu à quelque chose de latent, de grave. On en éprouve très vite les frémissements de ce que l'on ignore encore.
On perçoit comme un malaise le fil narratif qui nous semble lointain. Les phrases sont courtes, incisives. L'intrigue alterne avec le passé du grand-père et se dévoile en couches successives. Le lieu d'accroche et les personnages nous retiennent dans ce qu'ils ont de plus miteux, insolite.
L'écriture est habile, mesurée. Il en émane une force magnétique dont on ne peut pas se soustraire. il y a une complexité qui se créé et se déroule sous nos yeux. On y parle d'identité, de secrets, d'héritage.
On ressent la douleur, les non-dits qui s'expriment à travers les égarements. L'histoire de Laure n'appartient pas qu'à elle-même, mais à un épisode familial dont elle ignore la portée. Les drames se succèdent incontrôlables, jaillissant.
C'est sombre, envahissant, inexplicable jusqu'au dénouement final. Un thriller sidérant, maîtrisé qui décortique avec une tendre affection que "la vie, c'est le bordel."
Le Gp (grand-père) de Laure est décédé, et elle ne s'en remet pas, plus proche de lui qu'elle ne l'était de ses propres parents et peut-être aussi parce qu'elle l'aurait aidé avec quelques pilules de morphine. Elle n'en dort plus et Ferrans (dont on ne connaîtra pas le prénom), son mari, commence à s'agacer : la virée en Cévennes pour lui changer les idées conjuguée au manque de neige (pas moyen de skier), aux larmes de Laure et à la drôle d'auberge où la famille séjourne (et le lézard dans sa boîte), ça commence à faire beaucoup.
L'ambiance est pesante, très très...il s'agit d'ailleurs plus d'un roman noir, à la tension croissante et à l'atmosphère étouffante, qu'un polar, d'autant que le crime n'a réellement lieu qu'à la fin du roman et permet de comprendre le choix narratif.
Cette narration prend la voix de la mère de Laure, belle-fille du Gp, propriétaire d'un stand de foire qui n'a pas élevé sa fille...Et alors qu'elle n'était pas présente dans le village perdu des Cévennes, c'est elle qui raconte (c'est d'ailleurs assez déroutant puisque pendant une bonne partie du roman, j'ai d'abord cru que c'était la patronne de l'auberge !).
Elle se mêle aux souvenirs du Gp, espagnol républicain réfugié au camp de Bram (à côté de Carcassonne) pour échapper au régime franquiste.
La neige dans tout ça ? Absente, désespérément ! Elle cristallise le malaise, elle est le catalyseur des tensions et on finit par l'attendre pour que l'histoire enfin se dénoue !
J'ai beaucoup aimé ;o) et je me suis rendue compte ensuite que ce roman avait d'abord été publié à la Manufacture de Livres : ça ne m'étonne pas !
Ce roman est particulier et j’en garde un avis plutôt mitigé malheureusement.
Les idées sont intéressantes et j’ai apprécié le fait que l’auteure brouille un peu les pistes et ne nous révèle que certaines choses.
Anne Bourrel alterne les points de vue. Si en général j’aime bien cette façon de procéder ici j’ai eu l’impression de ne plus savoir sur quel protagoniste était centré le passage. Je pense que l’auteur aurait dû le signaler au début des chapitres.
Les personnages sont vivants, ils pourraient être des personnes que l’on croise dans la rue ou qui font partie de notre famille ou notre entourage. Ce ne sont pas des super-héros, ils sont humains, ont leurs points faibles et des points forts. Ils ont aussi leurs secrets et petit à petit on se rend compte qu’ils peuvent être n’importe qui.
Les descriptions sont bien présentes. Il n’y en a ni trop ni pas assez. Le style de l’auteure est assez simple et accessible à tout le monde. On a toujours envie de découvrir la suite.
Je pense qu’il ne faut pas se fier aux premières pages mais aller plus loin pour découvrir certains secrets.
Les retournements de situations sont peu nombreux. On assiste vraiment à des moments de vie quotidienne et une routine. Je pense qu’Anne Bourrel aurait dû tout de même y intégrer quelques passages plus bouleversants ou avec de vraies révélations. Malheureusement ces derniers n’apparaissent qu’à la fin du livre.
L’épilogue est la partie du roman qui m’a le plus plu et qui m’a semblé la plus intéressante. J’ai eu la sensation de ne pas lire le même livre ou que la conclusion avait été écrite par quelqu’un d’autre ou avec un état d’esprit complètement différent. C’est particulier et déstabilisant en même temps.
En résumé, un roman que je vous conseille si mon avis vous a donné envie de découvrir cette histoire.
http://fais-moi-peur.blogspot.fr/search/label/affaire%20n%C2%B0318
Voici une lecture singulière, dans son style tout d’abord, une belle écriture instillant une atmosphère noire de laquelle émerge parfois une pointe de burlesque, mais aussi dans son histoire et son traitement.
En effet, les chapitres alternent le passé et le présent mais aussi les narrateurs. Nous plongeons dans ce récit de deuil et d’histoire passée, puis un élément bouscule le fil de notre lecture et nous emporte au plus profond des relations et des liens entre les personnages, au sein des secrets de leur famille. C’est un huis-clos glacial, sombre et mystérieux, presque étouffant, que nous livre Anne Bourrel. La neige que l’on attend et qui ne vient pas, cette neige que certains désirent mais que d’autres détestent est omniprésente dans le roman. Le sentiment de solitude pèse également beaucoup dans le décor et sur les personnages. L’écriture tourmentée et sensitive de l’auteure accentue la noirceur et la sensibilité du récit.
Le roman joue avec le tempo, souvent lancinant, à l’étouffée, puis de plus en plus dans la lignée d’un thriller noir. C’est réellement un roman d’ambiance axé sur la psychologie des protagonistes et sur les relations familiales et humaines en règle générale. Je l’ai lu en période de canicule, mais je pense qu’il se déguste davantage l’hiver afin de s’en imprégner mieux encore.
« C’était la première fois depuis la mort d’Antoine qu’elle parvenait à parler de lui. Et qu’elle ne pleurait pas. Les larmes coulaient à l’intérieur, rivière souterraine qui désormais pour toujours l’habiterait. »
La mère de Laure, discrète une bonne partie du récit même si elle en est un des narrateurs, se révèle complètement sous un autre jour en fin de roman. Et c’est à travers elle que le dénouement presque fou fait le lien avec Laure mais aussi son grand-père tant regretté. Laure est noyée par le chagrin et ce n’est pas son mari qui arrangera la situation. Je n’ai d’ailleurs pas tellement apprécié ce personnage. Son manque de soutien m’a agacée.
Si l’état quasi comateux de Laure peut apporter une petite lourdeur, les chapitres courts défilent malgré tout. L’écriture de l’auteure y est pour beaucoup.
Parallèlement se déroule un pan intéressant de l’histoire hispano-française en temps de guerre. Les thématiques abordées sont donc, comme vous pouvez le constater, terribles mais rudement réalistes.
« Plusieurs fois par jour. Il faut avaler la mort. Ça passe lentement dans la gorge. C’est plein d’épines. À chaque fois que ça revient, il faut avaler encore. Les épines de la mort déchirent la gorge. La gorge est pleine de mort. La gorge est un boyau plein de mort. La gorge devient boa constrictor. La mort passe dans la gorge. L’effort est à chaque fois impossible, les yeux pleurent, on se dit qu’on n’y arrivera pas et puis, si, ça passe. Ça passe. Jusqu’à la prochaine fois. »
En bref, c’est un roman noir dans lequel les drames se succèdent en quasi huis-clos. Les liens familiaux et la psychologie de ses membres constituent la toile de fond de ce récit à l’atmosphère pesante, sans oublier le côté historique ici largement développé. Nous avons l’impression de vivre aux côtés des personnages, l’écriture de l’auteure et sa capacité à immerger son lecteur sont de réels points forts. Un roman singulier à découvrir en période de grand froid, enroulé(e) dans la couette !
Ma chronique sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2017/06/20/lecture-linvention-de-la-neige-danne-bourrel/
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