"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Laure pleure la mort d'un grand-père de manière viscérale, profonde, intime. Son mari se propose alors de se changer les idées en lui proposant un petit séjour à la neige. Mais l'auberge où ils font escale leur réserve peut-être d'autres stupéfactions...
Sous des apparentes diversions, on nous prépare d'entrée de jeu à quelque chose de latent, de grave. On en éprouve très vite les frémissements de ce que l'on ignore encore.
On perçoit comme un malaise le fil narratif qui nous semble lointain. Les phrases sont courtes, incisives. L'intrigue alterne avec le passé du grand-père et se dévoile en couches successives. Le lieu d'accroche et les personnages nous retiennent dans ce qu'ils ont de plus miteux, insolite.
L'écriture est habile, mesurée. Il en émane une force magnétique dont on ne peut pas se soustraire. il y a une complexité qui se créé et se déroule sous nos yeux. On y parle d'identité, de secrets, d'héritage.
On ressent la douleur, les non-dits qui s'expriment à travers les égarements. L'histoire de Laure n'appartient pas qu'à elle-même, mais à un épisode familial dont elle ignore la portée. Les drames se succèdent incontrôlables, jaillissant.
C'est sombre, envahissant, inexplicable jusqu'au dénouement final. Un thriller sidérant, maîtrisé qui décortique avec une tendre affection que "la vie, c'est le bordel."
Voici un roman noir qui n’a pas beaucoup fait parler de lui, et c’est bien dommage. Le jour de son mariage, la Petite, ainsi nommée par toute sa famille, part faire un jogging, et ne rentre pas. Tout le monde se prépare en l’attendant, et cette attente va mettre au jour des failles familiales, des jalousies et des ressentiments, qui risquent venir ternir la journée dans ce petit village provençal.
Le roman met un peu de temps à installer son statut de roman noir, mais au bout d’une soixantaine de pages, c’est fait, et même très bien fait ! L’histoire est bien menée avec des personnages et des situations qui ne manquent pas d’intérêt, parfois traversée de nostalgie, mais ne jouant pas uniquement sur cette corde. Le style, agréable à lire, pose avec aisance une atmosphère vénéneuse et menaçante, et laisse aussi la place à des mots rares, oubliés ou même inventés.
C’est l’écriture qui constitue le point fort de ce roman ! Ajoutons une excellente idée que la liste de lecture à la fin du livre où se côtoient Sophie Divry (j’avais pensé à elle en cours de lecture !) et Milena Agus, Marcus Malte et Stephen King. Sans que l’on puisse savoir lesquels ont eu une influence ou non. Une auteure à suivre, si vous voulez mon avis !
https://lettresexpres.wordpress.com/2019/03/29/polars-en-vrac-2/
Le Gp (grand-père) de Laure est décédé, et elle ne s'en remet pas, plus proche de lui qu'elle ne l'était de ses propres parents et peut-être aussi parce qu'elle l'aurait aidé avec quelques pilules de morphine. Elle n'en dort plus et Ferrans (dont on ne connaîtra pas le prénom), son mari, commence à s'agacer : la virée en Cévennes pour lui changer les idées conjuguée au manque de neige (pas moyen de skier), aux larmes de Laure et à la drôle d'auberge où la famille séjourne (et le lézard dans sa boîte), ça commence à faire beaucoup.
L'ambiance est pesante, très très...il s'agit d'ailleurs plus d'un roman noir, à la tension croissante et à l'atmosphère étouffante, qu'un polar, d'autant que le crime n'a réellement lieu qu'à la fin du roman et permet de comprendre le choix narratif.
Cette narration prend la voix de la mère de Laure, belle-fille du Gp, propriétaire d'un stand de foire qui n'a pas élevé sa fille...Et alors qu'elle n'était pas présente dans le village perdu des Cévennes, c'est elle qui raconte (c'est d'ailleurs assez déroutant puisque pendant une bonne partie du roman, j'ai d'abord cru que c'était la patronne de l'auberge !).
Elle se mêle aux souvenirs du Gp, espagnol républicain réfugié au camp de Bram (à côté de Carcassonne) pour échapper au régime franquiste.
La neige dans tout ça ? Absente, désespérément ! Elle cristallise le malaise, elle est le catalyseur des tensions et on finit par l'attendre pour que l'histoire enfin se dénoue !
J'ai beaucoup aimé ;o) et je me suis rendue compte ensuite que ce roman avait d'abord été publié à la Manufacture de Livres : ça ne m'étonne pas !
Ce roman est particulier et j’en garde un avis plutôt mitigé malheureusement.
Les idées sont intéressantes et j’ai apprécié le fait que l’auteure brouille un peu les pistes et ne nous révèle que certaines choses.
Anne Bourrel alterne les points de vue. Si en général j’aime bien cette façon de procéder ici j’ai eu l’impression de ne plus savoir sur quel protagoniste était centré le passage. Je pense que l’auteur aurait dû le signaler au début des chapitres.
Les personnages sont vivants, ils pourraient être des personnes que l’on croise dans la rue ou qui font partie de notre famille ou notre entourage. Ce ne sont pas des super-héros, ils sont humains, ont leurs points faibles et des points forts. Ils ont aussi leurs secrets et petit à petit on se rend compte qu’ils peuvent être n’importe qui.
Les descriptions sont bien présentes. Il n’y en a ni trop ni pas assez. Le style de l’auteure est assez simple et accessible à tout le monde. On a toujours envie de découvrir la suite.
Je pense qu’il ne faut pas se fier aux premières pages mais aller plus loin pour découvrir certains secrets.
Les retournements de situations sont peu nombreux. On assiste vraiment à des moments de vie quotidienne et une routine. Je pense qu’Anne Bourrel aurait dû tout de même y intégrer quelques passages plus bouleversants ou avec de vraies révélations. Malheureusement ces derniers n’apparaissent qu’à la fin du livre.
L’épilogue est la partie du roman qui m’a le plus plu et qui m’a semblé la plus intéressante. J’ai eu la sensation de ne pas lire le même livre ou que la conclusion avait été écrite par quelqu’un d’autre ou avec un état d’esprit complètement différent. C’est particulier et déstabilisant en même temps.
En résumé, un roman que je vous conseille si mon avis vous a donné envie de découvrir cette histoire.
http://fais-moi-peur.blogspot.fr/search/label/affaire%20n%C2%B0318
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