"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
- Amor ! C'est moi. Je viens te dire au revoir. C'est Annie qui m'a dit que tu étais là.
Elle était en face de lui. Même s'il n'était pas très grand, il la dominait un peu. Il n'osait pas lever les yeux et regardait les babouches qu'il avait enfilées dès son arrivée à Noeuil. Il n'osait plus rien dire, suppliant le ciel que cet instant se fige pour toujours. Au bout d'un temps qui lui avait paru une éternité, il avait fini par murmurer quelques mots :
- Tu sais, Aïcha, tu sais, je voulais te dire. te dire. que. que.
- Que quoi, Amor ?
Léa avait enlevé ses lunettes.
- Regarde-moi, Amor. Qu'est-ce que tu voulais me dire ?
Il la fixait maintenant. Sa paupière était toujours un peu gonflée, bleu-vert, et une croûte de sang séché barrait son sourcil.
- Quoi, Amor ?
- Rien, Aïcha. Juste que tu sois heureuse.
- Ce n'est pas vrai. Je sais ce que tu voulais me dire. Je m'en vais. Les autres vont m'attendre. Tiens.
Elle avait d'un geste rapide détaché sa petite chaîne en or à laquelle était fixé un coeur, puis l'avait glissée dans la main du guide. Sans un mot, elle était partie, sans se retourner. Il était resté un long moment immobile, sans desserrer le poing, presque sans respirer.
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