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Depuis Ulysse, les héros de nos livres ont pris l'habitude d'aller chercher leur salut dans les îles. De Robinson à Monte Christo, qu'on parte libre ou les fers aux pieds, c'est en creu-sant qu'on y trouve sa vérité.
Discrète voire effacée, Ève n'a rien d'une héroïne, si ce n'est le courage d'affronter la réalité : elle n'aura jamais d'enfant. Pour accepter d'abandonner tout espoir, la voici qui débarque.
Sur l'île aux mères, pas de rayon vert, pas de sauvages hostiles ou accueillants, mais des femmes, rassemblées par les hasards du tourisme. A la manière de l'Heptaméron, elles viennent tour à tour déposer leur histoire, leurs joies, leurs tourments surtout, aux pieds d'Ève. Dans la douceur de la fata morgana, ce phénomène étrange ou terre, ciel et mer se mêlent, les récits alors s'enchevêtrent, tentant de partager le secret le mieux gardé du monde, celui qui lie les mères à leurs enfants.
L'auteur a su dépasser la diversité des cas cliniques pour chanter la douceur de l'échange et l'envoutante sensualité de ces mères entre elles. L'île aux mères, c'est l'Odyssée de Pénélope.
Fatma Bouvet de la Maisonneuve est psychiatre et addictologue. Elle travaille notamment sur les troubles psychiques des femmes. Elle a publié de nombreux essais scientifiques chez Odile Jacob. L'île aux mères est son premier roman.
Face à la difficulté de concevoir un enfant, Eve décide de faire un break et de partir seule quelques jours sur une île méditerranéenne. Là, elle va rencontrer d'autres mères confrontées au handicap, à la radicalisation puis au suicide, à la délinquance puis à la prison, à la crise d'adolescence et au rejet des parents...
Elle prend conscience qu'un enfant ce n'est pas qu'un petit être dont on peut faire une sorte de jouet, mais que c'est plus tard un être conscient, avec ses désirs de réalisation qui peuvent affronter violemment les espoirs des parents.
Elle s'interroge alors sur son envie de maternité.
Psychiatre de profession, l'auteure nous livre un roman de réflexion sur la difficulté d'être mère, de l'incapacité à enfanter à la violence extrême du suicide d'un enfant.
Le livre est intéressant, plutôt bien écrit, mais pas si facile à lire... Je lui reprocherai deux aspects un peu trop manichéens :
- l'absence quasi totale des pères : au mieux ils ne sont là qu'en soutien des mères et leurs ressentis sont presque totalement ignorés, sauf à être décrits par leur épouse ou compagne ;
- l'absence quasi totale de la "normalité" : je sais que ce n'est pas cela qui attire le lecteur, mais dans le sujet traité, il y a quand même des enfants qui vivent une jeunesse heureuse, qui traversent leur crise d'adolescence sans provoquer de catastrophe et qui deviennent eux-mêmes des parents épanouis...
Mais, plus encore, je lui reprocherais une absence de prise de recul. Les femmes s'expriment ; ce qu'elles ressentent est-il normal ou exagéré ? L'auteure, pourtant psychiatre, ne nuance pas. Dommage !
Un premier roman certainement utile, mais qui aurait gagné à différencier et analyser un peu plus les propos...
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2021/12/07/lile-aux-meres-fatma-bouvet-de-la-maisonneuve-pont-9-editions-un-premier-roman-utile/
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