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« Ceci est mon corps. » Ces mots que les chrétiens entendent à chaque eucharistie, sont, malgré l'habitude, très étranges. Après avoir interpellé les premiers théologiens de l'Église, ces paroles ont fasciné les philosophes : René Descartes, Gottfried Leibniz, et plus proches de nous Maurice Blondel, Emmanuel Falque ou Jean-Luc Marion. Tous ont cherché à scruter ce que cette affirmation implique comme conception du réel.
Reprenant le dossier, Matthieu Rouillé d'Orfeuil montre comment la considération par des philosophes et des théologiens du mystère eucharistique ne se résume pas à une question technique d'interprétation de la foi. Le regard attentif à la notion de cette « présence » - que la foi dit « réelle » - met à la question l'ensemble du monde « réel » que l'on dit « présent ». En d'autres termes : que peut-on dire d'un langage où cette phrase - « Ceci est mon corps » - possède un sens ? La pensée classique (Augustin, Thomas, Bonaventure) est ici confrontée aux relectures plus décalées (Érigène), ou plus récentes (Martin Heidegger, Louis Lavelle, Jean-Luc Marion), pour s'étonner en fin de compte de ce qu' « être » veut dire.
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