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Quand l'aristocratie enquête autour d'un crime Fortuné du Boisgobey débute réellement sa carrière de romancier par les romans « judiciaires » dont le thème principal est la narration d'une action criminelle et de la lutte entreprise contre son ou ses auteurs. Ce roman-ci possède la particularité d'une construction en deux temps, après avoir débuté, de manière très moderne pour l'époque, par une séquence anticipée. Le schéma principal de la première partie est celui qui va très souvent s'imposer à l'auteur : un personnage de la classe aristocratique, ici le vicomte Henri de Servon, se trouve confronté à un mystère d'apparence criminel et décide d'enquêter à son sujet ; ce qui ne va pas forcément sans risque puisqu'il finit par se retrouver en prison... Et il se trouve confronté à un mystérieux étranger, M. de Pancorvo, un Sud-Américain fort riche. La seconde partie repose sur un procédé typique des feuilletons du Second Empire : le récit rapporté. Ici, il n'est pas question de manuscrit retrouvé ou de confession in extremis, mais du témoignage, à la barre d'un tribunal, d'un personnage qui sait ce qui s'est passé et va pouvoir révéler le fin mot de l'histoire. A noter l'intervention du policier Jottrat, personnage qui sera l'un des héros principaux d'un prochain roman, Disparu ! Le roman est publié d'abord dans le Petit Moniteur Universel du Soir, du 10 juin au 14 août 1869 ; il paraît en librairie chez Dentu en 1878, sous le titre : Une affaire mystérieuse. A l'aide du policier Jottrat, Fortuné du Boisgobey livre un roman policier rythmé, dont l'intrigue judiciaire est élégamment construite. EXTRAIT Les événements politiques qui remplirent les six premiers mois de 1848 ne laissaient guère de place à d'autres préoccupations. L'intérêt qui s'attache aux curiosités judiciaires s'était reporté tout entier sur les combats de la rue ou sur les luttes de la tribune, et les faits singuliers qui se déroulèrent à cette époque dans le monde parisien le plus élevé passèrent à peu près inaperçus. Après la révolution de février, les clubs élégants étaient restés longtemps déserts ; mais, vers la fin de l'été, les fidèles de la vie à grandes guides commencèrent à reprendre leurs habitudes. On revenait dîner au Café de Paris ; on retournait au théâtre ; on se remettait à jouer et à souper. A jouer surtout. Il semblait qu'on voulût se dédommager d'une interruption forcée, et l'on reprit les parties avec une ardeur qui s'expliquait peut-être aussi par l'incertitude de l'avenir. C'était surtout dans un des cercles les plus renommés du Paris d'alors que les gros joueurs se donnaient rendez-vous, et, chaque nuit, autour d'une table de baccarat dressée au milieu du grand salon rouge, on perdait et on gagnait des sommes énormes. A voir l'or et les billets de banque s'entasser sur le tapis vert, on ne se serait pas douté que les valeurs industrielles étaient en baisse et que les fermages ne se payaient guère. L'argent, qui se cachait partout et qui fuyait les affaires, se montrait hardiment au jeu, et changeait de mains entre une heure et cinq heures du matin avec une facilité incroyable. A PROPOS DE L'AUTEUR Fortuné du Boisgobey est né en 1821 et mort en 1891. Écrivain emblématique du XIXe siècle, il s'est essayé au genre du roman policier, judiciaire et historique. Ayant connu un succès considérable de son vivant, il est considéré comme l'un des plus grands feuilletonistes de la littérature française. Il fut à la tête de la Société des Gens de Lettres entre 1885 et 1886.
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