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Si une civilisation donnée est basée sur le texte, il n'y a pas de doute que l'interprétation - cet autre aspect du texte - représente l'un des mécanismes les plus importants dans la production de la connaissance. Tant que le texte occupe une place centrale dans la civilisation musulmane, il doit donner lieu à plusieurs lectures et à plusieurs interprétations, selon le profit intellectuel, la sensibilité religieuse, l'option méthodologique et la tendance idéologique. Cette thèse est une étude comparative entre deux exégètes sunnites qui appartiennent à deux époques éloignées dans l'histoire. L'un est un Persan ayant vécu en Orient, l'autre est un Arabe ayant vécu en Occident. 'Abbaside en politique, âfi'ite et orthodoxe en théologie, Tabarî (m. 310/923) adopte une attitude passive où l'interprétation selon les opinions et les vues de chacun est très fortement déconseillée aux fidèles. Son opinion salafite, en séparant le texte de l'histoire, en appliquant un texte abstrait à une réalité abstraite, tourne le dos aux intentions de la révélation et aux objectifs de la arî'a. En effet, il a isolé le texte de la réalité humaine. Alors que dans la seconde attitude active, al-Qurtubî (m. 671/1273) qui est juriste malikite propose au Coran d'apporter une réponse à la vie humaine. C'est dans cette optique que le Coran demeure soudé à la réalité, aux expériences humaines et aux idées de son temps. C'est précisément sur ce point que son commentaire marque un progrès, en révélant l'entrée en jeu d'un nouveau principe d'exégèse qui enrichit considérablement l'attitude traditionnelle. La troisième partie est une étude pratique, une confrontation entre ces deux visions exégétiques vis-à-vis des thèmes et des sujets concernant des problèmes théologiques, historiques, imaginaires et réels. L'objectif de cette étude est de montrer que les interprétations sont des composantes des moments de l'histoire de la religion. Toute science est un ensemble d'idées qui peuvent être justes ou fausses. Aucune science humaine n'est sacrée, et la science religieuse ne fait pas exception. La théologie n'est pas d'essence divine, elle n'est que le fruit d'activité humaine, sujette à presque toutes les qualités et tous les travers de l'être humain. Pour combattre la stagnation, il faut mobiliser d'autres sources. Les interprétations décadentes des textes sacrés, chez les musulmans, sont toujours la conséquence d'un climat décadent affectant la civilisation, la culture et la société et non l'inverse.
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