Une liste de lecture à savourer...
« Ce samedi matin de janvier, ma mère m'attend à la sortie de l'école. Comme les autres jours, nous remontons la rue des Boulangers mais, au lieu de nous arrêter au carrefour, nous prenons à gauche dans la rue Monge. Je me retourne et aperçois un camion de déménagement garé en bas de notre immeuble. Ma mère serre ma main dans la sienne. Je n'ai pas envie de parler, je pense au camion, aux cartons, au salon qui demain sera à moitié vide. Je pense à mon père. Désormais, j'irai chez lui tous les mercredis soir et un week-end sur deux. Ma mère s'est organisée pour que je passe l'après-midi et la nuit chez une amie. Avant de partir, elle me dit Profite bien de ta journée, amuse-toi, essaye de penser à autre chose. Je hoche la tête mais je sais que jamais plus je ne penserai à autre chose. » En 1989, Sophie Lemp fête ses dix ans, quand ses parents divorcent. Trente ans plus tard, c'est avec le regard d'une petite fille devenue adulte qu'elle revit cette séparation. Pourquoi cette blessure, commune à tant d'enfants, est-elle si difficile à cicatriser ?
Une liste de lecture à savourer...
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A dix ans, Sophie Lemp voit ses parents divorcer. Son père quitte le foyer et elle reste avec sa mère dans l'appartement familial. C'est le début des « un week-end sur deux chez papa ». Mais pas seulement.
"Quand je suis bien avec l'un, j'ai l'impression de trahir l'autre."
Leur séparation. Celle de ses parents. Pas la sienne. Mais celle qui va changer le reste de sa vie. Sa vie bouleversée à jamais. Comme si sa vie entière était scindée en deux. Il y a eu l'avant. Il y aura l'après.
"Dans ma mémoire, la séparation est ma première douleur, comme si tout ce qui s'était passé avant avait été joyeux."
Leur séparation, ce n'est pas que la fin d'une histoire, ni le début d'une autre. C'est la charnière avec l'inconnu. Avec tout ce que cela implique. Reconstruire un foyer. Des nouveaux repères à trouver. Des nouvelles habitudes à mettre en place et des nouveaux mots à insérer dans les dialogues de la vie de tous les jours.
"J'étais seulement la fille de mes parents et ils avaient divorcé."
Dans Leur séparation, Sophie Lemp ne nous raconte pas ses parents et la fin de leur histoire d'amour. Elle nous raconte leur séparation de son point de vue d'enfant (petit puis grand). Tout ce qui a changé. Les meubles, mais aussi les vacances. Les sorties. Sa vie d'enfant qui ne sera plus la même. Tous ces sentiments que les enfants n'expriment pas toujours, et que les adultes ne savent pas forcément décrypter. Culpabilité, peine, peur, angoisse.
"Je m'en veux de ne pas réussir à m'habituer, à me fondre dans le décor, à me couper en deux."
Tout cela laissera des traces. Marquée à vie. Les cicatrices refermées, certaines toujours douloureuses, certaines effacées. Tout en pudeur et en délicatesse, Sophie Lemp analyse ce qui a fait qu'elle est aujourd'hui cette femme. Avec une écriture fluide, elle met les mots sur ses maux d'enfant, sur sa blessure.
"Ecrire fait revenir les souvenirs (ou me rend plus attentive). A la faveur d'une conversation ou d'un évènement, je me souviens."
Leur séparation c'est un récit court, d'autant plus poignant qu'il est autobiographique. Un texte pudique et sensible qui se lit d'une traite.
Lorsque j'ai su que l'auteure passait dans ma ville pour parler de son roman, je me suis empressée de lire son livre.
J'avais envie de découvrir son histoire afin de mieux comprendre le sujet dont il était question (divorce).
N'étant pas enfant de parents divorcés, il est vrai que c'est un thème qui me touche peut-être moins que d'autres. Cela dit, j'ai pensé fortement à mes amies qui l'ont vécu dans leur enfance. Et puis, c'est un sujet tellement actuel où nous sommes confrontés à ces ruptures dans notre entourage.
Sophie Lemp raconte avec beaucoup de pudeur et de délicatesse, la séparation de ses parents.
C'est écrit d'une façon intime et très touchante. Raconté, avec une honnêteté incontestable, et sans aucun jugement, aucun règlement de compte, l'auteure s'exprime d'une manière simple, et poétique.
Certains passages sont magnifiques.
Un témoignage, mais pas que cela, c'est aussi un texte lumineux et d'une grande sincérité.
https://leslecturesdeclaudia.blogspot.com/2018/06/la-femme-qui-tuait-les-hommes-leur.html
C’est après avoir découvert son précédent ouvrage, Le Fil, que je me lance dans celui-ci.
Plaisir de lecture renouvelé.
Sophie Lemp évoque « leur séparation ». Celle de ses parents. Pudique, elle ne les raconte pas. Elle dévoile ce qui, enfant, fut ce choc de la séparation. Cette vie qui devient toute autre et cet amour morcelé.
En peu de mots, avec pudeur, elle révèle l’essentiel de cette douleur. Qui a fait d’elle cette femme. Cette écrivain au talent de vérité.
On retrouve, pour l’aider à se souvenir, les précieux carnets rédigés par sa grand-mère, évoqués dans son précédent ouvrage. Pour dater ces moments oubliés qui reviennent à la surface. Les souvenirs de l’auteur fourmillent et sont les nôtres, l’enfance étant propre à chacun d’entre nous.
Un bien beau livre encore, décidément. Sophie Lemp fait maintenant partie de ses écrivains que je vais attendre avec impatience.
Pour sa délicatesse, sa vérité, douce amère.
Pour l’enfance, et les traces que ça laisse. Indélébiles, volatiles …
Pour cette plume simple, vraie et lumineuse, gage d’un réel talent littéraire.
Dans ce roman autobiographique très fort, d'une centaine de pages, Sophie, la narratrice, nous conte avec délicatesse et pudeur une histoire, somme toute banale, celle d'une séparation, la séparation de ses parents, un événement que vivent de nombreux enfants au cours de leurs premières années. Et pourtant, Sophie Lemp en fait une description pleine de sensibilité, éloignée de la banalité. Elle trouve les mots justes pour décrire la douleur, les blessures de l'enfant de 10 ans qui subit « leur séparation », alors qu'elle refuse seulement de l'envisager.
« Je m'étais mise à pleurer, puis la colère avait succédé aux larmes et j'avais lancé
Si vous vous quittez, je serai odieuse.
Pensais-je que cela pourrait infléchir le cours des choses ? » p48
Il s'agit bien de « leur séparation » sur laquelle, elle n'aura aucun pouvoir et qui lui donnera l'impression d'une enfance divisée en deux.
« Mon enfance m'apparaît comme scindée en deux. Pourtant une séparation n'est pas une mort brutale. »p13
Pour Sophie, il y a eu l'avant et il y a l'après. 28 années après, elle se souvient encore précisément des détails. En 1989, elle n'a pas accepté « leur séparation », elle ne l'acceptera jamais.
« Dans ma mémoire, la séparation est ma première douleur, comme si tout ce qui s'était passé avant avait été joyeux. » p.44
« Leur séparation » provoque une blessure profonde qui, des années après, reste béante, qui fait d'elle quelqu'un de différent.
« Désormais, moi non plus,je n'étais pas comme les autres. » p.56
Sophie Lemp réussit à faire partager au lecteur sa douleur, il souffre avec elle.
Dans ce livre, nous retrouvons des thèmes qui nous sont chers, l'écriture thérapie, l'écriture nécessité, l'écriture pour se souvenir.
« Depuis que j'ai commencé ce livre, tout devient matière à écrire. » p.57
« Mes parents sont aujourd'hui si loin l'un de l'autre qu'il me semble parfois qu'ils n'ont jamais vécu ensemble. Mais le plaisir avec lequel tous deux ont évoqué cet ami, leurs souvenirs communs, attestent du contraire. L'écrire, comme écrire sur le temps vécu à trois, me permet de m'en assurer. Cela a été. » p.57.58
Notre séparation présente une alternance de moments de son enfance et de moments du présent, Sophie est mariée, mère de famille.
Le personnage de la grand-mère, qui consigne dans des carnets les moments passés avec Sophie, est très attachant.
Un des objectifs de ce roman est, peut-être, pour l'auteur, de faire passer un message à ses parents, voire de les réunir.
Sophie Lemp nous offre là un beau roman, à l'écriture simple, qui nous parle, nous touche profondément.
A noter une très belle première de couverture, composée à partir de la reproduction d'un tableau d'Edward Hopper, Room in New York.
Un livre à fleur de peau, plein de sincérité et de délicatesse.
A lire afin de mesurer la profondeur des blessures qui peuvent résulter d'une séparation.
A feuilleter après lecture, tant on a plaisir à en relire des extraits.
A lire absolument.
Mots-clefs :
Séparation
Blessure
Douleur
Déchirement
Douceur
Pudeur
Extrait :
« Il existe peu de photos où nous sommes ensemble, mon père, ma mère et moi. Sur celle que je préfère, nous sommes assis dans l'herbe, c'est l'été. J'ai trois ans, je porte un tee-shirt clair et un chapeau en toile, je souris. Ma mère, vêtue d'un débardeur à fines bretelles, a mis ses lunettes dans ses cheveux. Son regard de myope lui donne un air mélancolique. Mon père, en bras de chemise, est penché vers moi et, de la main, me désigne l'objectif. La photo a sans doute été prise avec le retardateur. Je l'ai souvent regardée. Adolescente, je l'avais soigneusement décollée de l'album Eté 1982 pour la glisser dans mon portefeuille. » p.34.35
Un petit livre tout simple et extrêmement touchant : la narratrice évoque la séparation de ses parents lorsqu'elle était encore une jeune adolescente et la peine qu'elle ressent encore alors qu'elle est devenue adulte et qu'elle a elle-même des enfants.
« Mon enfance m'apparaît comme scindée en deux. Pourtant une séparation n'est pas une mort brutale. J'avais depuis longtemps conscience des difficultés que rencontraient mes parents et cela faisait quelques semaines qu'ils m'avaient fait part de leur décision. Je savais. Mais jusqu'à la dernière minute, j'avais espéré. »
Il y a eu un avant fait de joies, de vacances ensemble, de sorties chez des amis, de couleurs et de bruits, d'insouciance, de sérénité et de bonheur et un après, rongé par l'angoisse, le désarroi, l'incompréhension, la culpabilité, une vie plus triste et plus terne, plus seule et plus silencieuse. Entre les deux : elle, ce qui « reste » d'une certaine façon d'une union qui n'est plus, de quelque chose qui semble disparu à jamais.
Les mots choisis par l'auteur pour évoquer ce qu'elle a vécu comme un véritable déchirement portent toute sa douleur contenue, sa souffrance tue. Le ton est grave. On sent à quel point son enfance fut meurtrie par cette séparation mais, et c'est là que réside, je pense, toute l'originalité de l'oeuvre, cette douleur perdure dans l'âge adulte. On se dit que le divorce, fait de société, ne devrait en aucun cas être « banalisé » : on mesure mal, en effet, le déchirement vécu par l'enfant et la plaie qu'il portera encore adulte. Parce que, nous dit Sophie Lemp, cette séparation aura un impact sur notre vie d'adulte.
« Pour ses onze ans, ma fille a voulu réunir ses grands-parents. Ils ont accepté et nous avons dîné tous ensemble. A la fin de la soirée, elle est allée chercher son Polaroïd et nous a demandé de nous installer sur le canapé. Mon père s'est retrouvé près de ma mère. Quand il l'a remarqué, il a changé de place. Il n'a rien dit, mais j'ai compris qu'il ne voulait pas être à côté d'elle. Plus tard, seule dans la cuisine, j'ai pleuré. Je n'avais plus trente-sept ans, je n'étais plus une jeune femme, je n'étais plus la mère de mes enfants. J'étais seulement la fille de mes parents et ils avaient divorcé. »
C'est avec des mots pleins de pudeur et de sensibilité que l'auteur, inconsolable, laisse entendre toute la douleur encore vive qui émane de cette plaie qui ne cicatrisera sans doute jamais et qu'elle porte chaque jour, espèce de fardeau éternel, tourment perpétuel : « … comme un jour j'ai cessé de dire mes parents, je ne dirai jamais à mes filles vos grands-parents. »
Et ce livre, peut-être, comme une dernière façon de les réunir, malgré eux.
Très, très émouvant.
Lire au lit : http://lireaulit.blogspot.fr/
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2017/09/18/35658012.html
Ce court récit personnel évoque un thème plutôt banal au départ : le divorce des parents de l’auteure et la mise en place d’une garde alternée alors qu’elle n’a que dix ans. Et pourtant, nous sommes loin d’un récit banal : Sophie Lemp nous offre un témoignage touchant, sensible et même pudique sur cet événement qui a marqué à jamais son enfance mais aussi sa vie d’adulte. Pudique oui mais pour autant Sophie Lemp ne cache rien de ses sentiments et questionnements de l’époque et d’aujourd’hui : Comment trouver sa place quand les parents ne font plus le lien ? Comment ne pas choisir entre ses parents ? Comment vivre les nouvelles relations amoureuses des parents ? Dans cet acte de la séparation devenu très fréquent de nos jours, Sophie Lemp montre que cela reste – même dans les meilleures conditions possibles – une coupure personnelle, une blessure, un deuil – celui de la « famille parfaite, complète ». Il conditionne aussi sa vie d’adulte, interroge sur son couple, ses enfants.
Cependant, même si le récit est personnel, Sophie Lemp a su en faire un récit universel. En effet, n’importe quel enfant d’un couple séparé peut s’y retrouver – tout comme ceux qui ont toujours leurs deux parents ensemble mais qui ont déjà eu cette peur de la séparation.
« Leur séparation », c’est celle des parents de cette petite fille en 1987-1988. De ce jour, la vie ne sera plus la même, plus de fête ni de parents réunis aux vacances, plus de fous-rires ou de chagrins à partager, mais bien deux vies. Cette « Double enfance » de Julien Clerc, séparation forcée jamais demandée par des enfants victimes passives de la vie qui sépare les couples qui ne s’aiment plus.
Vingt-huit ans après, l’enfant se souvient, de l’avant et de l’après. Quand on espère que l’amour que ses parents ont pour elle va les souder, cherchant à comprendre si elle et coupable. Les Noëls, les vacances, les rentrées scolaires seront à jamais vécus séparément. Puis vient le remariage, les fratries qui partagent une vraie vie de famille dont on se sent parfois exclue, élément à jamais rapporté.
J'ai un coup de cœur pour cette auteur qui tout au long de ces pages nous parle comme à une amie intime, doucement, sobrement, délicatement. Elle évoque avec justesse le chagrin, la différence, la solitude dans la famille éclatée, puis dans les familles recomposées où il est si difficile de trouver sa juste place.
Rentrée littéraire 2017 : Parution le 7 septembre 2017 – Allary Editions.
Elle était une petite fille lorsque ses parents ont décidé de se séparer. Elle, c’est Sophie. Elle qui a vécu cette rupture, pourtant si banale et si courante, comme une déchirure. Comme si son enfance avait été scindée en deux, comme sa garde organisée par ses parents. Elle qui se retrouve au milieu de ces deux êtres, qui se sont aimés et dont elle est le fruit de cet amour, ces deux êtres qui ne se parlent quasiment plus, ces deux êtres qui se partage cette enfant. Ils ne seront plus trois…
Deux maisons dont une nouvelle que Sophie n’arrive pas à apprivoiser, à investir. L’écriture fait ressurgir en elle des souvenirs, d’école, de famille du temps où ils en étaient encore une.
En une centaine de pages, tout y est. Le chagrin et le dénuement de cette petite fille, son sentiment d’abandon, son incompréhension, son équilibre déséquilibré ; puis, sa progression en tant que femme et mère de famille, ce qu’elle veut transmettre à ses enfants.
Ce roman est trop court, lorsqu’on le referme, on en voudrait encore, tant Sophie Lemp nous permet de nous installer dans cette ambiance, ses personnages… Non pas que la situation soit plaisante, non, mais on se sent dans ce livre comme dans un cocon, où certains souvenirs de Sophie sont aussi les nôtres… Je ne voulais pas qu’il se finisse si tôt… et me laisse comme un arrière-goût « d’encore »…
Un immense merci aux Editions Allary et à Sophie Lemp pour ce joli petit bijou.
Petits souvenirs… :
« …Elle me racontait les histoires de son enfance, Fifi Brindacier ou Tistou les pouces verts… ».
« Certains d’entre nous habitaient dans de grands appartements haussmanniens, d’autres dans des loges de gardiens. »
« Le générique du dessin animé Candy que je regardais le dimanche matin… ».
https://littelecture.wordpress.com/2017/10/04/leur-separation-de-sophie-lemp/
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