Un livre empreint d’une grande humanité
Un livre empreint d’une grande humanité
Une liste de lecture à savourer...
Ma première rencontre avec Sophie Lemp eut lieu au Mans, en 2017, je venais de lire "Leur séparation". En 2019, j’étais à Paris pour le lancement de "Les miroirs de Suzanne". Puis j’ai lu "Le Fil". Et toujours cette même musique dans l’écriture, cette même délicatesse, cette même pudeur. J’ai tout retrouvé dans "La fille que tu étais".
Parenthèse dans mes lectures programmées, je me suis plongée dans ce petit ouvrage à peine revenue de la librairie. Une fois n’est pas coutume, j’ai commencé par la préface, très belle je trouve, de Philippe Delerm. Et les mots de Sophie Lemp ont suivi, des mots simples et sans fard, de courtes phrases limpides et pourtant travaillées qui laissent une impression de raffinement tout au long de la lecture.
L’auteure, dans ce nouveau récit, évoque ses années lycée en s’adressant à celle qu’elle était alors, différente, décalée, mal dans son groupe et dans sa peau. Il n’est nullement question de harcèlement et pourtant…. On a l’impression, en lisant ses réflexions, d’une jeune fille capable, à sa fenêtre, de se regarder passer dans la rue. Elle n’a pas envie, mais le fait quand même par peur de déplaire, pour être avec les autres. Elle parle d’amour, celui dont elle rêve et qui en même temps lui fait peur. Elle parle d’amitié, mais d’une amitié factice, qui un beau jour est trahie. Elle est à côté des autres, ne peut véritablement se sentir à l’aise.
L’auteure nous offre là un récit d’une grande honnêteté, d’une grande sensibilité, elle se met à nue, se livre à notre regard et ses mots sont si beaux, si forts, que j’ai eu envie de la prendre dans mes bras, de la serrer très fort et de lui dire : "Sophie, moi je t’aime telle que tu étais." Un ouvrage autobiographique, certes, mais qui parle tellement bien de l’adolescence – cette époque de la vie où l’on cherche sa place – et de ses souffrances, qu’il revêt un caractère universel.
"La fille que tu étais" est un roman émouvant, poignant, bouleversant et pourtant lumineux. Une belle étude de l’adolescence, cette période de la vie où l’on cherche sa place. Et la très belle couverture sert de prémices à cette magnifique lecture.
https://memo-emoi.fr
"La fille que tu étais" est un récit intime, Sophie Lemp évoque les trois années qu'elle passe au lycée au sein d'un groupe d'amis qui n'a rien à voir avec elle. Un groupe qui n'a rien en commun mais au sein duquel elle veut trouver sa place malgré tout..
Sophie Lemp convoque les souvenirs, retrouvés la plupart dans des carnets, sorte de journal intime, pour évoquer son adolescence, une période difficile, où on se construit, où l'on se cherche, entre amour et amitié, entre joie et tristesse. Or, Sophie se retrouve au milieu de ses "amis" une amitié qui devient très vite toxique, où l'on comprend qu'elle est le souffre-douleur, l'amie invisible, une souffrance qu'elle va vivre dans le plus grand silence.
Un roman tout en pudeur, avec beaucoup d'honnêteté, de sensibilité, de grandeur, à coeur ouvert. Un roman intimiste où l'on sent que l'auteure en ré-ouvrant ses carnets d'adolescente a fait un bond en arrière, a dû retrouver la souffrance du moment pour nous le livrer. Il y a parfois des écrits nécessaires pour pouvoir avancer.
Les difficultés à être elle-même, les premiers émois, les amitiés qui vont et qui viennent, les études, les passions (le théâtre pour Sophie, qui l'aide énormément à se sentir elle-même). Malheureusement, on ne peut pas changer le passé, juste vivre et apprendre de ses échecs.
Malgré un sujet difficile, la douceur de Sophie ressort avec force de son récit. Un texte qui nous renvoie à notre propre adolescence, à nous poser des questions. L'adolescence n'a jamais été et ne sera jamais une période facile, les questions se bousculent, et les réponses ne sont jamais au rendez-vous.
Comme une confidence, Sophie Lemp ose parler et revenir sur un passé délicat avec justesse, on ne peut qu'être admiratif devant un tel travail d'écriture et d'introspection. Dans ce court récit, il y a forcément une partie de nous, il y a forcément ce garçon que j'étais !
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2019/06/les-miroirs-de-suzanne-de-sophie-lemp.html
Suzanne, la quarantaine, exerce le métier d'écrivain et mène une vie rangée auprès de son mari et de leurs filles. A la suite d'un cambriolage, Suzanne constate la disparition du journal intime qu'elle a tenu entre 15 et 22 ans à un âge où on écrit sans retenue, à un âge où tout paraît possible. Elle y a consigné son histoire d'amour avec Antoine, un écrivain qui la fascinait. La nécessité de reprendre la plume pour raconter à nouveau la passion qu'elle a vécue avec cet homme va rapidement s'imposer à elle. Elle doit écrire sur Antoine, écrire pour ne pas oublier, écrire pour rassembler, écrire pour avancer. "Ne plus être seulement mère. Se remettre en mouvement, voilà ce que va rendre possible l'écriture"
Martin, la vingtaine, est un livreur dont la vie semble s'être arrêtée après une rupture amoureuse, il a abandonné ses études et vit dans une chambre de bonne sous les toits " devenu un corps, un corps qui ne réfléchit plus, un corps qui ne ressent plus." Un jour Martin trouve le journal de Suzanne par hasard dans une poubelle. En lisant les mots de Suzanne qui n'étaient pas destinés à être lus par un inconnu, en découvrant cette passion qui l'a dévorée, le désir de recommencer à dessiner renaît chez Martin. Et les dessins de Martin vont répondre en miroir aux mots de Suzanne.
Après deux récits autobiographiques Sophie Lemp s'essaye ici au roman et ce coup d'essai est une vraie réussite. Les personnages de Suzanne et de Martin sont très attachants et leurs trajectoires de vie sont émouvants. L'écriture de Sophie Lemp tout en douceur brosse un portrait de femme que j'ai trouvé très juste.
J'ai beaucoup aimé ce roman infiniment délicat, sensible et lumineux. Il parle des premiers amours, de la trace qu'ils laissent dans nos vies, du pouvoir de l'écriture. Ponctué de multiples références musicales, cet émouvant roman dégage une tendre nostalgie. Un roman intimiste qui se lit d'une traite.
« Les miroirs de Suzanne » de Sophie Lemp est un roman olympien, calme et ressourçant. L’auteure délivre une histoire très féminine où les sentiments sont autant de cailloux semés sur le chemin de vie. Suzanne a été cambriolée. Le détonateur de l’histoire est ici. Dans cet instant où ses souvenirs vont refaire surface subrepticement, et ne plus la quitter. Le rideau se lève dans un contre—champ magnifié. Martin est le point lumineux des lignes de l’auteure. On aime sa présence certaine, sa maturité et sa force enfouie qui ne demande qu’à renaître tel le Phénix. Il est ancré dans la vraie vie. Ses galères sont visibles, son abîme sincère, son attention aux autres apaise l’histoire. On pressent en Suzanne le lisse et un égocentrisme sévère. Son tempérament digne d’un bovarysme exacerbé, ses fuites familiales fragilisent le roman. En manichéenne construction « Les miroirs de Suzanne » sont l’apothéose du sublime lorsque le puzzle va se reformer par la grâce de Martin qui est bien plus que la teneur des lignes mais le summum de l’existentialisme. Il va trouver sa voie, tel un vaillant, se reconstruire et vivre. Suzanne, prise au piège de ses carnets disparus cherche la lumière. Le vide de sa vie ne provient que d’elle-même. Elle ne sait pas où se situe le noble d’une vie. Nostalgique, vieillissante, elle est son propre anti-héros. Par le sublime de Martin, ce roman gagne en puissance. Il sauve le Grand. Affirme un carnet emmêlé d’existences en dualité. Des dessins, des écrits, un homme, une femme. Les rencontres ratées sont parfois là où se situe la source véritable d’un rebond. Publié par les Editions Allary ce roman est la promesse d’un bon moment de lecture dépaysant. Merci à Régine Roger (lectrice) pour l’envoi de « Les miroirs de Suzanne » dans le cadre de Lecteurs.com.
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