L'ouvrage a une forme épistolaire : ce sont des lettres adressées à un jeune enseignant qui s'interroge sur son possible avenir et devenir. Ce jeune enseignant n'intervient pas : il reçoit des lettres qui cherchent à exprimer les doutes, les incertitudes, mais aussi les espérances qu'il peut avoir. Il s'agit ainsi d'écrire et de penser en imaginant ce que peut éprouver ce jeune enseignant - suivant la maxime de la pensée élargie : penser en se mettant à la place de tout autre.
Pour cette raison, il m'importe, à travers ces lettres, d'exprimer les inquiétudes qu'un jeune enseignant peut éprouver lorsqu'il se confronte aux difficultés nombreuses du métier. Il s'agit même d'approfondir le sens de ces inquiétudes, en montrant combien le métier d'enseignant subit, à notre époque, des bouleversements majeurs (avec l'introduction de l'intelligence artificielle, et tant d'autres éléments cybernétiques par exemple) : il convient de se demander si l'enseignant n'est pas une espèce en voie de disparition.
Pour autant l'esprit de ces lettres est optimiste ; il m'apparaît nécessaire d'entrer en lutte contre des représentations tragiques multiples ; l'intention de ces adresses est que le jeune enseignant lecteur tisse (retisse peut-être) un lien de confiance avec son métier et ne perde pas sa foi dans sa vocation (s'il s'agit d'une vocation). Ces lettres ont l'ambition de redonner du souffle au métier d'enseignant. Suivant cette exigence, ces lettres prennent une forme pédagogique : mon ambition est d'accompagner le jeune enseignant et de lui confier des ressources (intellectuelles, pédagogiques, cognitives) pour qu'il apprenne à exercer au mieux une autorité (celui qui autorise) pédagogique, intellectuelle dans une salle de classe.
Mais l'esprit de ces lettres est également utopique - l'enseignant n'est-il pas lui-même un utopiste ? Qu'est-il permis d'espérer au jeune enseignant ? J'entends proposer toute une pédagogie de la relation (dans un esprit d'entraide) qui prend en considération les personnes et les institutions : comment faire pour que les différentes parties qui composent le milieu scolaire parviennent à composer des rapports d'adéquation, de sorte que notre jeune enseignant puisse éprouver une joie d'être enseignant, qu'il découvre le plaisir d'enseigner. En dépit des obstacles et des difficultés qu'il rencontre nécessairement dans la pratique de son métier, il doit être porté par cet idéal éthique : se réaliser comme enseignant grâce à une pédagogie de la relation... C'est ce qu'il lui faut espérer.
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