Lorsque le poète bordelais Louis Émié commence à écrire à José, trente-trois ans les séparent, et alors que le premier est déjà célèbre, le second est un inconnu que la poésie ne semble guère attirer. Mais ces différences n'ont que peu d'importance car leur rencontre intervient à un moment où leurs vies respectives sont malmenées et où ils éprouvent un immense besoin d'affection. Ces lettres que le poète adresse à son jeune amant présentent au moins deux intérêts. D'abord, on y découvre un aspect de la personnalité de Louis Émié que l'on ne connaissait pas. Derrière l'homme mûr qui partage son temps entre la littérature et le journalisme avec tout le sérieux qui le caractérise, on découvre un amoureux fougueux qui, parfois, donne l'impression d'avoir retrouvé ses vingt ans. Son discours renouvelle la rhétorique convenue en n'omettant pas des évocations érotiques explicites. Ensuite, comme les références à la création poétique mais aussi à la vie politique s'enchaînent, tout un univers littéraire, constitué essentiellement de poétesses talentueuses dont Yanette Delétang-Tardif, resurgit du passé ainsi que des événements majeurs comme la crise du canal de Suez ou l'insurrection de Budapest. Tout amateur du genre épistolaire trouvera de quoi satisfaire sa curiosité dans ces lettres inédites, d'un caractère très intime, qui ont échappé à la destruction par on ne sait quel miracle.
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