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Et si nous décidions de vivre enfin en bonne intelligence avec la bêtise, véritable face cachée de notre génie humain !
Pourquoi haïssons-nous tant la bêtise - ou stupidité, imbécillité, sottise, idiotie, crétinerie, connerie, au choix... ? Dans notre course effrénée au QI, ne surestimons-nous pas les pouvoirs de l'intelligence ? Et si la bêtise constituait notre meilleur atout face aux machines ?
Dans ce court essai aussi drôle que vivifiant, Paul Vacca remonte le fil de notre addiction à l'intelligence toujours plus exacerbée par les nouvelles technologies - big-data, algorithmes, et autres deep learning, qui promettent monts, merveilles et capacités augmentés. Et nous révèle tous les trésors cachés de la bêtise : les mérites de l'ignorance, l'efficacité des questions stupides, les bienfaits de la sérendipité, l'intérêt stratégique de « jouer au con »... N'oublions pas que nombre des plus grandes découvertes sont dues à la bêtise humaine !
Lorsqu’en janvier dernier, le lendemain de sa sortie, j’ai aperçu le dernier essai de Paul Vacca, "Les vertus de la bêtise", sur une table de ma librairie, j’ai su qu’il était pour moi. Imaginez ! Si, comme le prétendait le titre de ce petit livre – 126 pages – la bêtise possédait quelques vertus, alors je serais réhabilitée, enfin disculpée.
"Tu es bête ou quoi ?", combien de fois, enfant, n’ai-je entendu cette question ? Alors, en lisant l’incipit : "De même qu’Arthur Cravan a pu dire qu’il ne fallait pas voir le beau uniquement dans les belles choses, pourquoi l’intelligence résiderait-elle uniquement dans les choses intelligentes ?" je me suis tout de suite sentie mieux. C’est une véritable invitation que nous adresse Paul Vacca dans cet essai, une invitation à réfléchir sur la bêtise. Finalement, être bête, est-ce si grave ? Pourquoi dit-on de quelqu’un qu’il est bête ? Ne sommes-nous pas toujours le "bête" d’un autre ? Sans parler de tout le bien qu'il pense de la "question bête", celle que nous avons tous peur de poser et qui pourtant...
Entre sérieux et humour, propos enlevés et réflexions passionnantes, l’auteur analyse de manière très fouillée cette phobie que nous avons de la bêtise. Pourtant, n’est-il pas prouvé que nombre de trouvailles, d’inventions sont nées de maladresses, de hasards ou même de la bêtise ? "C’est souvent dans le sommeil de l’intelligence que se sont produites les grandes avancées humaines." dit l’auteur. Je n’en retiendrai qu’une, celle qui me va droit, non pas au cœur, mais au palais : la tarte tatin. Décisif, non ? En tous les cas pour le plaisir des sens.
L’intention de l’essayiste n’est pas, naturellement, de défendre la bêtise à tout prix, la bêtise crasse, celle qui blesse ou va jusqu’à tuer. Mais à coup d’idées impertinentes et jubilatoires – oserais-je dire intelligentes ? – et qu’en tous les cas je partage, Paul Vacca dresse un tableau fort intéressant de ce que peut être la cohabitation entre intelligence et bêtise. Quand il rapporte les propos de Maxime Rovere "Lorsque je désigne un con, il y a toujours deux cons : l’autre et moi" il nous ramène de belle manière à nos manques : manque d’empathie, de tolérance, d’indulgence. Et de conclure superbement : "Enfermer la bêtise et l’intelligence dans une opposition granitique est stérile. Il faut voir leur rapport comme un travail collaboratif."
Le livre refermé, suis-je moins bête ? Peut-être pas ! Mais je l’assume avec le sourire, c’est certain. Si Paul Vacca prétend que la bêtise possède des vertus, il a sûrement raison et j’ai envie de le croire. Romancier, essayiste, chroniqueur de talent, il doit savoir ce qu’il dit tout de même. Et un monde sans bêtises, ne serait-ce pas quelque peu ennuyeux ?
"Les vertus de la bêtise", un opuscule véritablement réjouissant.
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