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Automne 1952 : dans un château délabré de l'Eure, Éric Rohmer tourne Les Petites Filles modèles.
C'est son premier long-métrage. Presque achevé, jamais sorti au cinéma, il a disparu. Ceci est avéré et vérifié. Nul ne sait ce qu'est devenu ce film. A-t-il été perdu, volé, détruit par Rohmer qui n'en aurait pas été satisfait ?
Printemps 2016 : Sophie, une prof d'université à la retraite spécialiste de la comtesse de Ségur, et Paul, un jeune homme qui consacre sa thèse à des films introuvables, traversent ensemble la Normandie à la recherche de traces, de témoins, d'explications : par exemple, Joseph Kéké, l'étudiant béninois qui a pro- duit le film, a-t-il vraiment cassé une dent à une strip-teaseuse poétesse ? À quoi servent les châteaux en ruines ? Quel rapport entre la comtesse de Ségur, Éric Rohmer et le cinéma érotique des années 1970 ?
Ce roman ébouriffant et drôle multiplie les pistes et les péripéties. De nouveaux personnages réels ou fictifs surgissent à chaque détour de page et nourrissent une enquête qui mêle vertigineusement réalité avérée et vérifiée à la fiction la plus débridée.
Chemin faisant, et c'est ce qui donne aussi à cette histoire une profondeur inattendue tant le ton en est plaisant, désinvolte et spirituel, c'est avant tout sur eux-mêmes que Paul et Sophie enquêtent sans s'en rendre compte.
Ce livre-là, voyez-vous, c'est mon petit bonbon, ma petite douceur à moi dont j'ai dégusté chaque page, une à une, désespérée de voir mon roman fondre à vue d'oeil. A vrai dire, je l'ai su tout de suite, en lisant les premières lignes de la quatrième de couv', qu'il serait pour moi, celui-là : il était question de Rohmer et de la Normandie. Je vous explique et vous allez tout de suite comprendre pourquoi ce livre avait vraiment tout pour me plaire :
1. Rohmer est mon cinéaste préféré : j'ai tout vu (ou presque) et revu de lui. Et Les Vacances est non seulement un roman dans lequel il est question de Rohmer mais c'est aussi un livre rohmérien. Qu'est-ce qu'un livre « rohmérien » me direz-vous ? Comment définir d'abord le film rohmérien ? Alors là, vous me coincez. Mon frère, féru de cinéma et qui déteste Rohmer, vous répondrait que ce sont des films chiants et mal joués. C'est une façon de voir les choses. Moi qui ai un avis évidemment plus nuancé hum, hum... je le définirais plutôt comme un cinéma très écrit, dans lequel la parole est primordiale et qui a quelque chose à voir avec le marivaudage.
2. La Normandie : j'y habite depuis heu… fort longtemps maintenant, depuis que l'Éducation Nationale m'a obligée à quitter ma capitale natale du jour au lendemain. Alors, les lieux dont il est question : c'est CHEZ MOI !!! Caen et notamment la fac de Caen dont il est largement question dans l'oeuvre, je l'ai fréquentée. Les Nouettes, le château de la comtesse de Ségur dans l'Orne ? J'y ai amené mes enfants (petits... maintenant, plus rien ne les intéresse) pour une fête de l'âne (la nostalgie me prend à l'idée que j'en faisais ce que je voulais, avant, de mes gamins, jusqu'à les traîner à une fête de l'âne): imaginez des ânes déguisés avec chapeaux de paille, dentelles ajourées, rubans colorés, jambières en velours. Et moult petites filles tout de blanc vêtues et courant ça et là, tresses au vent, devant la belle bâtisse du XIXe siècle. Je fus évidemment ravie d'y retourner avec un des personnages du roman !
3. Les histoires de profs de fac, j'adore ça, et là, avec Sophie, j'ai été servie.
4. Quant aux romans policiers, je m'en délecte.
Bref, tout ça réuni avec humour (qu'est-ce que j'ai ri!) : un PUR délice plein de fantaisie et d'invention...
Alors, maintenant, le sujet (sans aller trop loin…, suspense oblige...)
Deux personnages : Sophie et Paul. Un remake de la Comtesse de Ségur ? Non, pas vraiment : Sophie Bogoroditsk a 68 ans, est prof à la fac de Caen (comme l'auteur, je crois...), spécialiste internationale de Ségur et bientôt à la retraite.
Paul de Freneuse est nettement plus jeune, il écrit une thèse sur les films qui n'ont jamais vu le jour et travaille notamment sur un film de Rohmer qui n'a a priori jamais été achevé : Les Petites Filles modèles,1952 , considéré comme le premier film de la Nouvelle Vague (mais les livres de Ségur, il ne les a pas lus.) Il a pour projet d'analyser le film sans l'avoir vu. Ah, ces universitaires !
Comment Sophie rencontra-t-elle Paul ?
Sophie a reçu une invitation pour une intervention à Berkeley sur l'adaptation cinématographique des Petites filles modèles par Rohmer (mais Rohmer, elle ne connaît pas.) De même qu'elle ne connaît pas la Californie et que dire non à une telle occas', ce serait quand même dommage… surtout que tous les frais sont payés par l'université !
Donc Sophie et Paul vont se rencontrer à l' Abbaye d'Ardennes, siège de l'IMEC (l'Institut Mémoires de l'Édition Contemporaine), près de Caen, autour du fond Rohmer nommé RHM…
Vont-ils s'aimer ou se haïr ? Qui sait ?
Pt'êt' ben qu'oui, pt'êt' ben qu'non ...
Nos deux détectives en herbe vont-ils trouver ce qu'ils cherchent ? D'ailleurs, connaissent-ils vraiment l'objet de leur quête ? Un film qui n'existe pas ? Le pourquoi de son inachèvement ou de sa disparition ? Des acteurs qui ne sont plus ? Des producteurs envolés dans la nature ? Des témoignages sur le lieu du tournage ? Ou bien... le sens de leur vie ? Ce qu'ils ont été et ce qu'ils seront après leur rencontre ?
Vont-ils se trémousser plus ou moins discrètement sur les airs de Radio Nostalgie, manger des crêpes, fumer clope sur clope, boire de la vodka ou du calva, Normandie oblige ? Ah, ça, oui, oui, oui !!!
Allez, j'arrête là, je ne vous raconte pas l'affaire Pottier qui va vous faire hurler de rire, ni la façon dont on survit en Normandie, ni qui détient le n°20 du magazine Frou Frou…
Croyez-moi sur parole, tous en voiture pour un road trip peu ordinaire ! Foncez ! Vous verrez, en vacances, qu'est-ce qu'on s'amuse !
Lire au lit : http://lireaulit.blogspot.fr/
Coup de cœur
J'ai découvert Julie Wolkenstein lorsque j'étais membre du jury du prix Elle pour la deuxième fois et ce fut un coup de foudre. Seulement, Adèle et moi n'a pas passé les pré-sélections cette année-là, c'est dire si je suis représentative du prix. Et comme Les vacances est dans la pré-sélection de février cette fois, je croise les doigts pour que mon coup de cœur ne signifie pas qu'il sera recalé . Depuis, j'avais relu des romans écrits avant Adèle mais je n'y retrouvais pas ce que j'avais tant aimé, l'ambiance de bord de mer normand, l'écriture, l'humour aussi. Les vacances faisait bien sûr partie de mes toutes premières envies de rentrée et je n'ai pas été déçue. J'aime tout dans ce roman, le lien entre cette femme au bord de la retraite et ce jeune homme, tous deux un peu perdus dans leurs amours, l'humour de l'auteure qui joue sur les décalages entre notre quotidien et comment cela peut être perçu par un novice (la scène du Starbucks est représentative), les références aux romans de la Comtesse de Ségur qui font partie de mes premiers souvenirs de lecture (je ne faisais pas dans la modernité). Je me suis rendue compte que mon goût pour ces romans va pourtant à l'encontre de mon aversion pour la lecture de pièces de théâtre ( ô toi qui viens de m'offrir une pièce de théâtre en livre, retiens ton soupir, tu vois qu'il y a peut-être un espoir que je finisse par aimer le genre), puisqu'en effet, comme le fait remarquer Sophie, le choix narratif de la Comtesse s'approche du théâtre. Il faut aussi avouer que ce roman a sans doute été écrit pour moi parce qu'en plus de la Comtesse de Ségur, j'y ai reconnu des lieux que je connais très bien, la gare Saint Lazare et son piano (même si moi, je serais bien incapable de reconnaître le générique de Games of Throne) et quelle ne fut pas ma surprise de me retrouver au Neubourg, petite bourgade qui se trouve à dix kilomètres de chez moi et que je connais par cœur. Si moi j'ai adoré ce roman, j'en connais un autre qui doit être ravi d'être à l'honneur, le chanteur Alex Beaupain. Un roman rythmé par les chansons de Nostalgie, il y avait plus de quoi séduire la fille que moi à la base (oui, je sais, ma fille est un OVNI à sa manière) mais séduite, je fus.
Ce roman avait tout pour me plaire – et il m’a plu plus encore plus que ce que je n’espérais - un peu de comtesse de Ségur, un peu de Rohmer, un peu – beaucoup - de folie.
Un couple inattendu de personnages, une héroïne correspondant à la femme plus âgée que je voudrais être un jour, de l’intelligence, de l’humour, des dialogues affûtés, des détails réjouissants !
Alors oui il y a des moments dispensables (je prends mon manteau, mon sac, mes gants, j’allume la radio, je baisse le son parce qu’il y a de la pub, je remonte le son, je prends mon verre, le remplit, le vide, le dépose, le lave, le range (j’exagère à peine) ou aussi le défilé des chansons passant à la radio (Nostalgie attention !) …
Le roman aurait pu se construire tout aussi bien sans cela !
Malgré tout, ça n’est pas si grave, car la lectrice que je suis a été emportée dans cette enquête, dans ces vies, dans ces coïncidences, dans ces familles un peu foldingues.
J’ai passé un excellent moment et il est évident que ce roman rentre avec une belle allégresse dans mes coups de cœurs de l’année.
En ces journées du Patrimoine, la lecture de ce roman est à recommander particulièrement ! En effet, la rencontre entre les deux héros Virginie et Paul se fait à l'IMEC l'institut de Mémoire Contemporaine en recherchant un film oublié d'Eric Rohmer, une adaptation des petites filles modèles de la comtesse de Ségur.
Un véritable plaisir que de suivre ce jeu de piste littéraire, cette enquête érudite à travers la Normandie....Les ressorts de la recherche sont ici très clairement présentés pour un joli partage de frissons et d'emotions.
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