"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quinze ans après le décès de Léna Tigréat, le journaliste Claude Guillemet entreprend d'enquêter sur les circonstances dans lesquelles la jeune femme avait trouvé la mort, à la suite d'une violente dispute avec son petit ami. L'ancien compagnon, accusé du meurtre, avait été abattu par le père de Léna, fou de douleur. Fort d'un témoignage inattendu susceptible de remettre en cause les conclusions de l'enquête, Guillemet tente de comprendre les rapports qui unissaient les protagonistes entre eux. Pourquoi certains témoins ont-ils menti ? Pourquoi l'un des participants à la soirée tragique n'a-t-il jamais été entendu ? Le diable et la mort s'étaient donné rendez-vous ce soir-là dans les tourbières, mais une chape de silence s'étend désormais sur le marais et personne n'acceptera de déterrer les secrets de la montagne rouge. Lorsque survient la disparition de l'un des témoins de l'affaire, Guillemet passe le relais au commissaire Nazer Baron. Des vastes solitudes des monts d'Arrée aux marécages de la porte de l'Enfer, sur des terres désolées où rouille encore le béton mort-vivant d'une centrale nucléaire désaffectée, Baron découvrira l'histoire émaillée de morts violentes qui unissait trois familles liées par la haine et l'envie de vengeance.
Tome 20 des enquêtes de Nazer baron, ce flic à l’humeur égale, qui écoute, entend, observe, s'appuie sur son collègue le commandant Hubert Arneke qui fonctionne de la même manière. Ils se déplacent chez les gens, voient leurs intérieurs, leurs attitudes, leurs hésitations. Et cette fois-ci, ils sont bien obligés tant l'habitant des Monts d'Arrée est un taiseux, il faut presque lui arracher les mots de la bouche. Lorsque les flics sentent que l'enquête sur la disparition est liée à la mort de la jeune femme quinze ans plus tôt et peut-être même à une autre affaire encore plus ancienne, il va leur falloir des trésors de patience pour tenter de tout relier et de comprendre ce qui a pu se passer. Nazer Baron agit à la façon d'un Maigret, sans hausser le ton "Il ne pensait rien. Il avait une logique singulière, une sorte d'anarchie permanente dans le cerveau, un chaos d'idées à la remorque desquelles il traînait ses intuitions. Elles guideraient ses choix plus tard." (p.129).
Les romans de Hervé Huguen sont lents, se déroulent souvent dans les régions et sous des climats peu favorables aux épanchements. L'atmosphère est pesante, ouateuse, humide et froide. Il ne décrit pas la Bretagne riante, mais celle qui se mérite, celle des villages reculés où un étranger est presque celui qui vient du village d'à-côté. C'est toujours fin, très bien mené, sans rebondissement qui serait sans doute malvenu, mais le suspense est là jusqu'au bout. Des phrases courtes, une histoire solidement bâtie, une petite pique au passage à un certain journalisme qui tend à se répandre : "Il savait faire. Fouiller des archives et croiser des données, interroger des témoins, ne pas se contenter de Wikipédia pour développer une thèse mais se forger sa propre idée avec un minimum d'esprit critique." (p.35)
Des réalisateurs inspirés pourraient tirer une bonne série des livres d'Hervé Huguen, comme de beaucoup des parutions de Palémon.
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