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Début des années soixante. Un village perdu dans la campagne. Maryse Labasle, la nouvelle institutrice, arrive avec son fils François dans le chaud silence de juin. François garde pour lui la douleur d'être séparé de son père. Jamais il n'en dira mot. Pour l'heure, il s'ennuie et joue aux billes tout seul. heureusement, d'autres enfants... Michel, sauvageon fagoté comme l'as de pique, accompagné de son corniaud baptisé Lechien. Et puis Betty et Roselyne, des jumelles un peu nunuches. Enfin Marsel-Claude, avec un "s", alias Garcille, mi-fille mi-garçon, lunaire, bizarre... On ignore tout de ses origines, à moins qu'on préfère ne pas en parler. Que cache ce silence ? Pourquoi se taire ? Les enfants, eux, sont dépourvus d'états d'âmes. Ils vont chercher à savoir. et c'est au sein de leur Club des Six qu'ils partiront en quête de vérités...
Ce roman a obtenu le prix de l'Orvanne littéraire 2016 du Rotary international
Ce délicieux roman se passe au fin fond de la campagne, dans ces années 60 qui verront exploser pas mal de codes, de coutumes, de mœurs, même si l'on est encore loin de tout cela dans ce village. Il commence comme un roman d'enfants qui ont envie de s'occuper ensemble, qui vont fréquenter la même école à la classe unique, qui vont s'unir pour la vie avec l'inévitable échange de serment. Contrairement à ce que pourraient laisser penser le titre et mon résumé, ce n'est pas un roman jeunesse. C'est un hommage appuyé et revendiqué à Enid Blyton, la romancière britannique et à sa série mondialement connue Le Club des Cinq, qui avait en son sein : François (même prénom ici), Mick (joué par Michel), Claude (interprété par Marsel-Claude), Annie (les sœurs Hanni qui s'y mettent à deux, normal pour des jumelles) et Dagobert dont le nom oscillera pour les Six entre Dago et... Lechien. Mais, contrairement à la série anglaise, on fait connaissance avec les parents des enfants qui deviendront des personnages importants, au même titre que leurs rejetons. Tous sont typiques, sympathiques, même lorsqu'ils ont des relations compliquées avec les autres, on sent une vraie souffrance, un mal-être qui les empêche de vivre sereinement. Et si c'était un secret ? Celui que tout le monde tente de cacher, sans y parvenir vraiment. Ou un autre, plus personnel ?
Une mention particulière pour Placide Hanni, le père des jumelles, représentant en spiritueux, qui ne peut s'empêcher de partir dans des envolées lyriques souvent émaillées de mots rares : "Va cuver ailleurs ! Madame Labasle peut prétendre à un autre... sigisbée*.", ou encore, un peu plus loin : "Oh, Dame Labasle ! Il me revient de vous gratifier, répondit Placide. Votre charme mérite plus que ma modeste sympathie. Ne vous turlupinez point, je pars de ce pas afin de le ramener dans sa... hum... thébaïde.**" (p.87) ; mais aussi souvent parasitées par des néologismes, des à-peu-près souvent drôles (comme ce "gratifier" ci-dessus). Je l'imagine bien faisant de grands gestes en même temps qu'il parle, je le visualise parfaitement.
Un roman fort agréable, écrit de très jolie manière, élégante, fine et délicate. Plus profond que le titre et le thème laissent à penser, grâce aux beaux personnages. J'ai beaucoup aimé cette chronique villageoise qui fait la part belle à l'humain, à la rencontre : chacun des protagonistes s'ouvrira à l'autre et se découvrira des talents, un hymne à la découverte de l'autre et à son enrichissement personnel grâce à la différence ici, plus sociale qu'ethnique, lieu et période obligent.
Pour les incultes (comme moi, puisque j'ai usé du dictionnaire -merci Larousse-, je connaissais les mots mais point leurs significations) :
*Sigisbée : chevalier servant d'une dame
**Thébaïde : lieu isolé propre à la méditation
Je lis, avec ce titre, mon troisième livre édité par les éditions de la Rémanence, tous très différents (Au-delà des 125 palmiers, Travers de routes) et je salue le travail de découverte et d'originalité. Je ne peux que vous inciter à vous pencher sur cette jeune et petite maison de Vénissieux.
Immédiatement plongé dans les années 60, le lecteur de cette génération revivra, la campagne d'un chaud mois de juin, les bonbons de cette époque et les copains, copines pour tuer l'ennui de ces longues vacances d'été.
François, fils de l'institutrice débarque dans ce village sans son père, les commérages vont bon train.
Les enfants du village, eux et en particulier Michel sont subjugués par la différence, la télévision et les nombreux jeux dont bénéficie François.
Ils sont bien décidés, à ne pas écouter leurs parents et à suivre leur instinct.
François, Michel, Garcille (surnom de Marsel-Claude), Betty et Roselyne (les fausses jumelles) et lechien rebaptisé Dago; seront le club des six.
Comme des enfants, sans le souci des cachotteries des adultes, ils vont s'attaquer au mystère de la naissance de Marsel-Claude et aux secrets des adultes qui les entourent.
De ces aventures, ce petit monde se retrouvera soudé, les enfants comme les adultes.
Henri Girard est une vraie madeleine de Proust.
Lecteur, vous avez entre les mains un petit bijou de "nostalgie heureuse", avec une écriture de la langue française, ciselée comme une pièce d'orfèvrerie.
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